Cette collection d’ouvrages est destinée clairement à l’enseignement supérieur et le sujet traité ici est évidemment à connaître pour tout étudiant de premier cycle universitaire en sciences économiques ou en géographie.
Pourtant, et bien que Jean-Louis Muchielli soit un économiste, Président du jury de l’agrégation de sciences économiques ce manuel est parfaitement adapté à l’élaboration d’un cours de géographie de lycée. Il donne de bonnes indications de plan pour une progression et apporte des informations précises sur les grandes orientations du phénomène.
Le lecteur pressé, et peut-être un peu malicieux, commencera à découvrir l’avant dernier chapitre consacré à la mondialisation et aux crises financières. L’ouvrage ayant été publié en octobre 2008, on y trouve, et c’est une heureuse surprise, une présentation très utile de la crise des subprimes. Le mécanisme de la titritisation des risques est parfaitement expliqué.

Mondialisation et crises financières

On y découvre aussi les classements des tranches d’emprunteurs. On comprend aussi pourquoi le système des agences de notation ont eu tendance à surnoter les établissements financiers en s’appuyant sur des données artificiellement gonflées par la surrévaluation des capacités de remboursement des créances.
Ecrire avant l’automne 2008 que les banques auront en tout état de cause la possibilité de trouver en dernier ressort un prêteur n’est pas une mince performance, car c’est au final ce qui s’est passé avec les banques centrales. Elles ont eu tendance sans doute à sous évaluer les risques, mais en réalité elles se parent derrière cette précaution pour les surrévaluer, et donc ferment les robinets de crédit avec les conséquences que cela peut avoir sur les investissements des entreprises et donc sur l’emploi. Cette dimension du problème n’est d’ailleurs pas traitée dans l’ouvrage qui a été édité au tout début de la crise il est vrai.
Les solutions pour éviter ce type de phénomène sont évoquées également. Accroître la transparence, améliorer le suivi des risques, améliorer le service des agences de notation, élargir le périmètre du risque. Sages recommandations qui n’ont aucune chance d’être suivies si les états ne disposent pas du moyen de contrôle passant, disons le clairement par la renationalisation, ce que les britanniques n’ont pas hésité à faire pour sauver les dépots des épargnants. Le choix hexagonal n’a pas été de même nature en partant de l’idée que la modération naturelle des banquiers suffirait à résoudre le problème.
Evidemment, l’étude des crises des années quatre vingt dix est plus aisée. On lira par exemple avec beaucoup de profit des études sur la crise asiatique de 1997, présentée comme une crise des fondamentaux, de liquidités et de solvabilité Cela a donné des faillites retentissantes qui ont d’ailleurs plombé pendant un temps la croissance japonaise.

Le dollar et les autres

Toujours dans ce chapitre on trouvera aussi des explications très claires sur la crise du dollar, liée au déficit extérieur important que les Etats-Unis connaissent. Les causes sont au nombre de quatre : Erosion de la compétitivité des EU, accroissement des importations du fait de la forte croissance en 2006, flambée des cours du pétrole, et IDE importants aux Etats-Unis. Ces paramètres sont aujourd’hui largement inversés mais le dollar ne s’apprécie pas et reste encore, par rapport au Yen et à l’Euro très bas. De son côté la Chine a décidé de pratiquer une dévaluation compétitive pour soutenir sa croissance même si sa population commence à en payer le prix en terme de hausse des prix intérieurs et de montée du chômage.

Les autres chapitres de l’ouvrage sont riches d’informations et de statistiques récentes sur les différents thèmes abordés. Les chocs humains de la mondialisation évoquent des phénomènes connus comme la montée du chômage des catégories peu qualifiées de travailleurs subissant la concurrence de la main d’œuvre des pays émergents. On aurait aimé voir évoquer le phénomène de Brain drain en direction, non seulement des Etas-Unis mais aussi des pays d’Europe. De la même façon, le phénomène des chocs commerciaux de la mondialisation revient sur le creusement des déficits et notamment des Etats-Unis. Cette ouverture commerciale touche les pays en développement, et ils contribuent de ce fait à accroître la mondialisation.
On trouvera ici d’excellents documents actualisés sur l’expansion du commerce international depuis 1950 et notamment des graphiques avec des blocs commodes. Asie émergente, Union européenne à 15 et à 27, ce qui permet d’intéressantes comparaisons, etc.
D’un prix accessible ce manuel peut être mis à disposition des lecteurs dans un centre de documentation et permettre à des lycéens de SES de disposer d’une information, certes dense, mais précise et efficace sur un sujet en permanente évolution.

Bruno Modica