« La révolution, 150 ans plus tôt qu’en France.
Cent trente-quatre ans avant les États-Unis, cent cinquante ans avant la France, l’Angleterre accomplit sa double révolution politique et sociale. Cet événement a eu une portée considérable, en facilitant l’accouchement d’un monde moderne caractérisé notamment par son régime parlementaire, son hostilité à l’arbitraire et son attachement irrévocable à la propriété privée.
Par son talent et sa profondeur, Bernard Cottret renouvelle les perspectives et éclaire notre présent, au moment où l’Europe elle-même est entrée dans l’âge du soupçon. Un livre qui permet de mieux comprendre notre voisin le plus proche et pourtant le plus dissemblable. »
Bernard Cottret est né à Boulogne-Billancourt en 1951. Après des études au lycée Descartes de Rabat et au lycée Chaptal à Paris, il intègre l’Ecole Normale Supérieure de Saint-Cloud. Il soutient en 1988 à l’université de Paris X-Nanterre une thèse pour le doctorat ès lettres consacrée à Bolingbroke. De 1992 à 2011, il est professeur de civilisation des îles Britanniques et de l’Amérique coloniale à l’université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines. Il y fonde le département des humanités. Il y est aujourd’hui professeur émérite. Il est aussi membre honoraire senior de l’Institut universitaire de France, membre de l’IRCOM, Paris IV. Ses travaux abordent dans une perspective comparative l’histoire des îles Britanniques, de l’Amérique coloniale et de la France. Il s’intéresse désormais plus particulièrement à la Réforme protestante et aux questions religieuses en lien avec la politique.
Divisé en quatre parties, cet ouvrage de synthèse entend couvrir les années de 1603 à 1660, temps de troubles pour la Royaume-Uni.
LE ROI EN SES ROYAUMES 1603-1637
Cette première partie dresse un un bilan contextuel de l’Angleterre de l’époque, en même temps qu’un résumé des grands événements de la période 1603-1637. Cette période est marquée par la fin d’une dynastie : Les Tudors et leurs dernière reine : Elisabeth Ière. En prévision de sa mort, qui survient en 1603, cette dernière désigne le roi d’Écosse Jacques VI pour lui succéder. Fils de Marie Stuart, il monte sur le trône anglais sous le nom de Jacques Ier Stuart. Pour Bernard Cottret il est le roi qui sème « les germes de la révolution; ses successeurs allaient recueillir la tempête. » Puis Charles succède alors à son père Jacques. Cottret s’attache à analyser « comment cet homme fluet et distingué put-il susciter une telle hargne et engendrer une telle amertume parmi les siens ? » Il est aussi à l’origine de la Grande Rébellion. Manque d’argent, tensions avec l’Église, liaisons tendues avec la France… Pour conclure, l’auteur en vient à se poser une questions, le règne solitaire de Charles Ier (1629-1640) aura-t-il été personnel ou une « tyrannie des onze ans » ? Finalement il se résigne en novembre 1640 à convoquer un nouveau parlement, il ne règne plus seul…
LES ROYAUMES DÉSUNIS 1637-1642
La période traitée ici est beaucoup plus courte : 5 ans. Le temps est à la désunion. Tout d’abord la situation écossaisse est appelée « le guêpier ». Prenons pour exemple le Covenant national écossais. Il s’agit d’un document qui confirme le confession de foi historique de 1580-1581 qui avait été ratifiée par Jacques VI avant son accession au trône anglais (et son changement de nom en Jacques Ier). « On notera l’habileté de la manoeuvre. Qui connaît le père connaît la fils, pourrait-on dire. Il s’agissait implicitement de se réclamer de Jacques VI contre Charles Ier, en luttant contre les nouveautés au moyen d’une sainte ligue protestante et évangélique. » L’espoir vient de l’Irlande : « L’Irlande était un royaume expérimental, presque onirique pour les Anglais(…) L’Ecosse était en pleine crise, les covenanters menaçaient l’Angleterre et son roi. En revanche, l’Irlande semblait, provisoirement, calme et sereine, comme apaisée. » C’est après le procès de Strafford que le massacre débute : « Les covenanters d’un côté, les « papistes » de l’autre s’en prirent à l’équilibre ancestral des îles Britanniques. A l’automne de 1641, une série de massacres d’hommes, de femmes et d’enfants endeuilla l’île. »
LA GRANDE RÉBELLION 1642-1649
Si certains évoquent deux guerres civiles (la première entre 1642 et 1646, et la seconde entre en 1648-1649) Bernard Cottret préfère lui regrouper le tout sous l’appellation « Grande rébellion ». Avant toute choses, reprenant les mots de Cressy, il précise qu' »Il convient de se garder ici de toute confusion. Ce fut « la révolution qui provoqua la guerre civile », et non point « la guerre civile qui provoque la révolution ». Proposant une analyse précises des causes et des conséquences de ces guerres civiles et de cette période de mutation intense, il revient sur les événements importants comme les éléments importants de la Réforme, la bataille d’Edgehill…jusqu’à la mort du roi, en 1649, et les différentes réactions qu’elle suscite.
LA RÉPUBLIQUE ET L’INTERRÈGNE 1649-1660
Le 8 février 1649, la monarchie est abolie en Angleterre. « A peine proclamée, la République se mua en puissance conquérante. Elle entama sans délai une guerre de conquête et d’annexion à l’encontre de l’Irlande et de l’Ecosse. » Cottret poursuit son récit, en précisant que « L’on est parfois tenté de parler d’une troisième guerre civile à propos du conflit qui, à la mort de Charles Ier, se ralluma entre l’Angleterre, l’Ecosse et l’Irlande. Ce terme de « guerre civile » est évidemment erroné ou anachronique puisque les trois entités restaient distinctes aux yeux des contemporains : Anglais, Ecossais et Irlandais ne se considéraient nullement comme des compatriotes à l’époque. »
Enfin après une riche présentation de la personnalité et du rôle d’Oliver Cromwell, Cottret conclut son ouvrage avec la Restauration : « Le rétablissement des Stuarts fut à sa modeste façon une « révolution », des mots qu’il emprunte à Burnet.
Ce livre, relativement facile à lire permet une entrée dans cette période anglaise particulière. Entrecoupé de chapitres et de sous parties, il est d’une très grande cohérence et est un ouvrage de base pour la question concernant les Pouvoirs, États et contestations de 1640 à 1780, France et Angleterre (espaces coloniaux compris) des concours de l’Education Nationale.