« ‘’souviens-toi’’, le sens latin de mémento n’est pas pris au hasard dans ce livre de géographie. Alors même que les territoires se transforment à toute vitesse, les mobilités sont accrues, que les identités semblent se perdre, que l’image prend le pas sur un discours, et que le discours prend le pas sur la mémoire, ce mémento est un rappel de l’espace pour se souvenir de qui nous sommes et d’où nous venons »
Cédrick Allmang (dir.), Mémento géographie BCPST CPGE littéraires CAPES/Agrégation, Vuibert, Collection « Vuibert Prépas », 2018, p. 9.
Sous la direction de Cédrick Allmang, les éditions Vuibert nous offrent ici un ouvrage de bon augure sur la géographie de la France. Il se veut à la fois : « un ouvrage pratique de commentaires de cartes topographiques »[1], « de géographie de la France »[1] complet et récent couvrant tout le territoire hexagonal et les DROM COM mais également « un recueil de concepts géographiques qui s’avérera très utile pour les candidats préparant les concours »[1] (BCPST/TB, CPGE littéraires, CAPES/AGRÉGATION etc.).
Destiné en priorité aux étudiants et étudiantes qui se lancent dans la préparation des concours 2018-2019, cet ouvrage auquel contribuent six géographes[2] intervenant au lycée Saint-Louis de Paris et notamment en classes préparatoires CPGE, a l’ambition avant tout combler le vide dont souffrent ces derniers en matière de méthodologie et d’analyse de cartes topographiques. Un énième manuel de cartographie supplémentaire ? Certes, les références sur le sujet sont importantes[3] mais ici, les auteurs proposent un travail colossal et de qualité ! Ce mémento ne rassemble pas moins de 243 extraits de cartes IGN commentées, de 43 sujets type pour s’entraîner, d’un lexique complet de plus de 680 concepts, notions et vocabulaire spécifique (anticlinal, aven, causse, combe, doron, futaie, graben, localisation, marge, maritimisation, métropole, mondialisation néoruraux, PCET, PCP, SCOT…). L’ensemble de l’ouvrage est en couleur afin de faciliter la lecture des documents et la mémorisation visuelle. Il commence par une synthétique présentation des épreuves de cartes topographiques aux différents concours et rappelle qu’il s’agit d’une « épreuve stratégique […] »[4] qu’« avec un travail constant et une bonne méthode, [il est possible] de réussir brillamment »[4] et présente également les programmes aux concours pour l’année en cours et celle à venir. Trois thématiques majeures ressortent : « environnement et aménagement », « ruralités » et « durabilité ». Quelques éléments de méthode permettent de comprendre les attentes et enjeux ainsi que les évolutions épistémologiques de cet exercice classique en géographie. En effet, l’approche descriptive anciennement favorisée laisse place à la problématisation, l’interprétation et l’analyse de la carte, seule, ou intégrée avec des documents annexes. Ce manuel s’organise ensuite en neuf chapitres, chacun s’intéressant à un type d’espace géographique particulier : littoraux, montagne, la forêt, l’agriculture française, les territoires de la vigne, ceux de l’industrie, les espaces périurbains, les territoires du vide, et les Outre-mer.
L’organisation est efficace, les textes qui accompagnent les cartes et documents sont à la fois synthétiques mais riches de contenus. Chaque chapitre commence par environ 5 à 10 pages de cours agrémentées de documents (souvent des cartes IGN ou non mais également des photographies, des textes scientifiques, des statistiques, des définitions…) avant des propositions de « sujets types ». Ces derniers sont particulièrement bien montés. Les corrigés sont clairs, accessibles et complétés par des petits encarts appelés « enjeux du documents » mais aussi des « Atouts concours » qui permettent de lier le sujet proposé à des cartes et des sujets proches. Chaque corrigé propose également des questions types que pourrait poser un jury de concours avec des pistes de réponse et des « Focus » pour aller plus loin. Un lexique détaillé, un index des lieux et un index des cartes permettent facilement de se repérer dans l’ouvrage. Les exemples choisis sont relativement exhaustifs et complets pour couvrir la majorité des sujets pouvant être proposés aux concours. Ils vont des plus classiques (bassin d’Arcachon, Ouessant, « modèle » agricole breton, Côte d’Azur, Piton de la fournaise, centre spatial guyanais) à d’autres plus originaux comme le massif du Monte Rotondo en Corse ou encore la commune de Blain et la question de Notre-Dame-des-Landes et sa ZAD. Seul petit bémol qui n’enlève rien à la qualité de cet ouvrage, un chapitre consacré spécifiquement aux territoires métropolitains aurait été bienvenu car la question des villes (et notamment des métropoles) dans l’organisation et la structuration des territoires français est plus que jamais d’actualité[5].
Les enseignants de collège et de lycée, souvent majoritairement historiens de formation, trouveront dans ce manuel une remise à niveau salutaire et des pistes pédagogiques et didactiques pour préparer leurs élèves et organiser des séances qui donneront sens à l’apprentissage du repérage et de la localisation de lieux, des espaces et des territoires ainsi que de favoriser l’analyse et de la compréhension des phénomènes spatiaux afin de donner du sens, de susciter le goût d’apprendre chez ces derniers et surtout, afin de redonner de l’intérêt pour cette discipline bien trop souvent délaissée par les collègues. Pour les candidats au concours, ils auront ici un manuel rigoureux, synthétique et plaisant pour se préparer et réussir brillamment les différentes épreuves de géographie et notamment à cet exercice passionnant de commentaire de cartes topographiques et de dossiers documentaires sur la géographie française.
En définitive, ce livre devrait rapidement trouver sa place dans toute bibliothèque digne de ce nom et sur toute table de chevet des aspirant.e.s aux concours !
©Rémi BURLOT pour Les Clionautes
[1] Ibid., p. 9.
[2] Cédrick Allmang est géographe et professeur de géographie en CPGE au lycée Saint-Louis (Paris).
Pierre Denmat est agrégé de géographie, préparateur à Sciences-po Paris, membre du jury du CAPES histoire-géographie, interrogateur en CPGE au lycée Saint-Louis (Paris).
Catherine Dubrana est agrégée de géographie, professeure en CPGE TB à L’ENCPB (Paris) et interrogatrice en CPGE au lycée Saint-Louis (Paris).
Marion Mare est agrégée de géographie, professeure de première supérieure AL et BL au lycée Michel Montaigne (Bordeaux) membre du jury du CAPES d’histoire-géographie et interrogatrice en CPGE au lycée Saint-Louis (Paris).
Julien Moreau est agrégé de géographie, professeur de lettres supérieures BL au lycée Stanislas (Paris) et interrogateur en CPGE au lycée Saint-Louis (Paris).
Typhaine Robert est agrégée de géographie et interrogatrice en CPGE au lycée Saint-Louis (Paris).
[3] L’ouvrage classique sur la question avec des rééditions successives : Tiffou, Jacky. Commenter la carte topographique aux examens et concours, Armand Colin, 2009. On trouve aussi par exemple : Camille Tiano & Clara Loïzzo, Le commentaire de carte topographique, Armand Colin, 2017 avec le compte-rendu récent qu’en a fait Antoine Baronnet (https://clio-cr.clionautes.org/le-commentaire-de-carte-topographique.html) ou plus ancien celui de Philippe Cadène, Le commentaire de cartes et de documents géographiques, Belin, 2004 lu et commenté par Christophe Clavel pour les Clionautes (https://clio-cr.clionautes.org/le-commentaire-de-cartes-et-de-documents-geographiques.html).
[4] Cédrick Allmang (dir.), Mémento géographie BCPST CPGE littéraires CAPES/Agrégation, Vuibert, Collection « Vuibert Prépas », 2018, p. 10.
[5] Ainsi que, par exemple, quelques pages dédiées à la sémiologie graphique et à la construction de croquis et de cartes problématisés bien que cela ne soit pas l’objet de ce manuel et que d’autres ouvrages précis et de qualité sur ces questions existent déjà.