L’éditorial de la Revue Dessinée pose la question de nos modèles, que ce soit entre autres dans l’automobile ou l’alimentation. Il souligne qu’à chaque fois d’autres voies existent et la revue entreprend donc d’en explorer quelques unes.

A défunt lucratif

Depuis 1993, une loi a aboli le monopole communal des pompes funèbres en France. La mort est donc devenue un business comme un autre. Il y a ceux qui cherchent à faire du profit et ceux qui développent des coopératives et qui promettent une approche désintéressée. La première coopérative a fleuri à Nantes en 2016. Un des avantages de ce type de structure , c’est que les proches sont libres d’imaginer le contenu de la cérémonie pour être dans quelque chose de personnel et non de stéréotypé. L’organisation en coopérative est difficilement rentable puisqu’elle n’a pas la main sur la majorité des coûts. En France, 60 % du marché appartient à des entreprises de moins de dix salariés. Mais, les deux plus importantes du secteur sont détenues par des fonds d’investissement étrangers. D’autres initiatives émergent comme celle de ces deux professeurs qui voudraient faire rembourser par la collectivité les dépenses funéraires, à la manière de ce qui se fait dans la Sécurité sociale. Le reportage se termine avec une approche de la question du deuil numérique. Le nombre de profils Facebook de personnes décédées pourrait dépasser celui des vivants d’ici à 2050.

Réfléchir sur la science

Dans « L’effet domino », Erwan Manac’h et Chico se penchent sur les canons anti-grêle. Cette technique a été inventée en 1896 par un viticulteur autrichien. Aujourd’hui, et avec d’autres moyens techniques, elle est utilisée par la Chine ou l’Arabie saoudite. L’Organisation météorologique mondiale constate : « il n’y a ni base scientifique ni hypothèse crédible pour soutenir les canons anti-grêle ».

« Inconsciences » raconte l’histoire des vaccins. Quelques noms célèbres s’imposent comme Jenner ou Pasteur. On peut retenir que de nombreuses pistes de recherche continuent à être explorées pour contenir les vieilles pathologies et vaincre les maladies émergentes.

C’est quand qu’on s’arrête

Entre 2008 et 2019, en France, les kilomètres parcourus en voiture pour les voyages longue distance ont connu une hausse de 9 %. Agrandissement des parkings, multiplication des voies rapides, éloignement des zones commerciales : tout est fait pour la voiture. Le reportage s’appuie d’abord sur l’exemple de Malika qui vit à une vingtaine de kilomètres de Rouen. 60 % des trajets domicile-travail de moins de 5 kilomètres sont parcourus en automobile. On remarque aussi que la voiture, c’est l’accès à l’emploi, comme en témoigne la première question qu’on pose généralement à quelqu’un qui postule pour un emploi. On peut noter également que le secteur de l’automobile est le plus gros annonceur tous médias confondus. La possibilité du covoiturage n’a pas remis en cause la voiture individuelle. Depuis les années 60, la voiture a pris 25 centimètres en largeur, autant en hauteur et s’est alourdie de 45 kilos.

Les rubriques habituelles

« Face B » s’intéresse à Brian Eno, celui qui a toujours vécu la musique comme un jeu. Il est derrière des succès de David Bowie ou de Coldplay.

« Mi-temps » initie le lecteur à la pratique du tir à l’arc. Jean Cremers détaille la tenue ainsi que les techniques de base à maitriser.

« La revue des cinés » consacre sa séance au film de Patrice Leconte « Ridicule ».

« Instantané » s’arrête sur la célèbre photographie de la main de Maradona lors du mondial de football en 1986. Le match entre l’Angleterre et l’Argentine s’inscrit dans un climat de forte tension entre les deux pays, quelques années après la guerre des Malouines.

Côté langage, « la sémantique c’est élastique » revient sur la distinction à faire entre deuxième et second.

Copains comme cochons

Cette enquête est réalisée en partenariat avec le média Splann ! Elle montre les pratiques de l’industrie agro-alimentaire, et plus particulièrement des porcheries. On découvre au passage des liens parfois étroits entre politiques et directeurs de grosses entreprises. Un organigramme les explicite. Autant dire que l’habitant lambda a peu son mot à dire en matière de nuisance. L’enquête évoque notamment le cas de Landunvez dans le Finistère. On peut noter que, même si une association a gagné contre un projet d’agrandissement d’une exploitation, celle-ci a continué de fonctionner.

Les fermes collectives

« La Revue dessinée » propose ensuite un tout autre modèle agricole, celui des fermes collectives. Ici, dominent la convivialité et l’esprit d’entraide. Dans l’une d’elles, ils sont par exemple cinq à travailler ensemble, 35 heures par semaine, chacun pour un salaire de 1500 euros par mois. Il faut savoir qu’on comptait 764 000 paysans et paysannes en 2000 et qu’ils ne sont plus que 425 000 en 2022. 200 000 chefs d’exploitation pourraient partir à la retraite d’ici dix ans. Le reportage n’idéalise pas non plus cette façon de faire de l’agriculture et les tensions peuvent s’exacerber au moment de la transition entre propriétaires.

Prise de dettes

Ce reportage dénonce la spirale des prêts bancaires. Il montre le phénomène de rachat de prêt bancaire par des sociétés qui en profitent alors pour pressurer l’emprunteur. Des banques bradent leur crédits à des sociétés de recouvrement. Cela leur permet de nettoyer leur bilan. Des exemples très concrets sont montrés et font froid dans  le dos. La double page finale rappelle que le crédit à la consommation est une pratique née au XIX ème siècle dans les grands magasins parisiens. Elle concerne aujourd’hui un ménage français sur quatre.

Au sommaire de la prochaine Revue dessinée, un reportage sur l’euthanasie, sur la surveillance généralisée ainsi qu’un retour sur l’opération Barkhane.