L’éditorial pointe le fait que, tandis que certains consolident leur empire médiatique, d’autres font leur entrée dans la cour des grands.
Quand la mer monte
Le reportage commence à Gouville sur mer en 2024. C’est un exemple de lieu où il faut repenser l’aménagement du littoral. Michel Cohen, soutien de l’association « Trait de côte », montre les moyens utilisés pour ralentir l’érosion de la dune. Celle-ci se positionne comme un rempart face à la montée des eaux. Depuis une forte tempête de 2020, des aménagements ont commencé. La municipalité procède à des réensablements réguliers mais cela coûte très cher. Le reportage montre les conséquences possibles. Le débat, aujourd’hui comme demain, est d’arbitrer entre la sauvegarde d’activités économiques et l’anticipation des risques. Le reportage donne d’autres exemples locaux. La ville de Caen est une zone particulièrement vulnérable à la montée des eaux. Le « En savoir plus » cite d’autres lieux menacés comme Miami ou les Maldives.
Ciné, musique, masculin, trottoirs et prison
« La revue des cinés » s’intéresse au film « Moonlight » de Barry Jenkins. Celui-ci a réussi pour un film qui se déroule dans les ghettos afro-américains à raconter la vie de personnages noirs au-delà des stéréotypes.
« Face B » parle de Jello Biafra, ce chanteur punk qui est aussi un homme politique, un militant, un écologiste et un créateur de label.
« La sémantique, c’est élastique » se penche sur les noms masculins qui se terminent en « ée ». Tout est logique si on se tourne du côté des racines latines. Le « e » final est un reste graphique de la terminaison latine « um » qui a disparu. Cela explique par exemple le mot musée. Au passage, vous apprendrez peut-être à distinguer espace au masculin et espace au féminin.
« Territoires » raconte l’histoire des trottoirs. Aujourd’hui, ils représentent une réserve de foncier pour désimperméabiliser la ville. Le trottoir est aussi la vitrine d’un quartier.
« Instantané » est consacré à des photographies prises dans les prisons françaises dans les années 1970. Jean Gaumy est alors le premier à réaliser de tels clichés.
Fin de vie
La liberté de choisir sa fin de vie est elle un progrès sociétal ? Ce reportage de Simon Henry et Manon Mugnier s’appuie à la fois sur des exemples concrets et sur les débats récents en France. Actuellement, c’est la loi Claeys-Leonetti de 2016 qui doit régler les situations. Elle autorise « une sédation profonde et continue jusqu’au décès si le pronostic vital est engagé à court terme ». Il est difficile de connaitre le nombre de cas par an : s’agit-il de 1 000 ou de 4 000 ? On s’interroge en tout cas sur les limites de la loi actuelle. Le reportage se penche aussi sur la situation des soignants dans de telles circonstances. En 2022, une convention citoyenne s’était réunie. Parfois, un cas fait le devant des médias comme avec Vincent Lambert. D’autres chiffres peuvent effrayer : 62 % des personnes décédées qui auraient dû bénéficier de soins adaptés en ont été privées. En 2021, vingt-et-un départements ne possédaient pas d’unités de soins palliatifs. Le « En savoir plus » est un entretien avec Mathilde François, porte-parole du collectif « Les Dévalideuses » qui lutte contre les discriminations et violences envers les personnes handicapées.
La fabrique de l’information
Ce reportage est particulièrement éclairant sur des dérives autour de l’information. Il s’intéresse à ce qu’on nomme soit les pièges à clics, soit l’infotainment. Qui les fabrique et pourquoi ? Un journaliste lève le voile sur ces pratiques. Ce qui compte, c’est le titre. Les journalistes qui font cela n’ont pas le temps d’enquêter et se contentent de trouver l’écriture la plus accrocheuse, celle qui va faire cliquer l’internaute. Les réseaux sociaux sont donc une composante essentielle de cette fabrique et économie de l’information. Jean-Christophe Mazurie décortique le modèle de certains médias comme « Konbini ». Dans ce domaine, tout va très vite et un changement d’algorithme peut faire baisser les flux de connexion vers tel ou tel site. Ajoutez à cela le surgissement de l’intelligence artificielle et vous comprendrez que les enjeux sont considérables pour continuer d’avoir une information de qualité. L’historien Patrick Eveno rappelle pour conclure que l’information brute est rarement rentable.
Cap sur les médias
Cet autre reportage parle aussi médias mais en suivant l’histoire de Rodolphe Saadé. Ce capitaine d’industrie navigue entre réseaux locaux et mondialisation. Il vient d’acquérir RMC et BFM TV. La question de son influence s’est posée très vite avec un titre du journal « La Provence » qui n’aurait pas plu à son propriétaire. Il a bâti un empire médiatique en à peine deux ans. Il dirige aujourd’hui la troisième compagnie maritime mondiale. Si on fait le bilan, son entreprise accumule beaucoup de profit et paye très peu d’impôt. Aujourd’hui, il veut maitriser toute la chaine du transport de marchandises. Le reportage souligne également la question des salaires dans l’entreprise ainsi que sa lourde empreinte environnementale.
Retour sur Orpea
En 2022, un livre, « Les fossoyeurs », avait révélé les dérives de certains acteurs du secteur des ehpad. Ces organismes disposent de trois sources de financement : le tarif hébergement réglé par l’usager, le forfait dépendance pris en charge par les départements et le forfait soin financé par l’assurance-maladie. Le groupe mis en cause a changé de nom pour essayer de retrouver de la crédibilité. Il n’en reste pas moins que l’Etat est critiqué pour l’absence de politique publique d’envergure face au vieillissement de la population.
Leur temps est « comté »
Martin Delacoux et Valentine de Lussy enquêtent sur un fromage qui connait depuis plusieurs années un vrai succès, le comté. Le fromage est montré du doigt pour son rôle dans la pollution des rivières franc-comtoises. La production de comté a plus que doublé en trente ans mais le fromage répond néanmoins à un cahier des charges strict. Il est difficile de déterminer l’origine des pollutions mais il semble clair qu’il faut chercher plusieurs explications. Plusieurs acteurs s’expriment mais ce qui parait évident, c’est qu’il faut que la société reprenne son contrat social et écologique avec l’agriculture. On continue à voir la réalité économique d’un côté et l’environnement de l’autre, alors que tout est lié.
Dans le numéro 46, la Revue dessinée évoquera la question des violences sexistes et sexuelles et parlera également d’accouchement ou de saut à la perche.