Pourquoi les entreprises soutiennent-elles des actions de solidarité sous des formes très diverses. Comment et pourquoi mettent-elles en avant ces actions ? Quels en sont les enjeux ?
Les auteurs sont des spécialistes d’économie, de gestion des entreprises, d’information et de communication.
Après une double définition de la solidarité en introduction : les auteurs distinguent une solidarité obligatoire et verticale comme la solidarité des politiques sociales et une solidarité horizontale, ouverte née d’un sentiment spontané qui relève du don volontaire ; les différentes contributions sont organisées en deux parties : L’émergence de nouvelles pratiques de solidarité,
La solidarité si elle a une place dans la RSE1, celle-ci demeure confidentielle et ne va pas de soi d’autant que se pose la question de la légitimité de l’entreprise à intervenir en solidarité.
L’émergence de nouvelles pratiques de solidarité
Quelles formes prennent les pratiques de solidarité initiées dans les entreprises ?
Rhéa Eddé s’intéresse aux cabinets d’avocats d’affaires et la solidarité. Choix opportunistes ou prise de conscience ?
Comment et pourquoi des avocats mettent-ils leurs compétences au service d’associations ou de personnes défavorisées ? Un des éléments déclencheur semble être l’image de marque mais ces actions ont aussi des effets sur la cohésion des collaborateurs. Elles permettent aux cabinets de se positionner sur de nouvelles questions juridiques (enjeux environnementaux et développement durable) et donc vers un nouveau marché. L’auteure note toutefois l’ambiguïté de ces actions souvent ponctuelles.
Nawel Hammami-Habib analyse la RSE des super-marchés par la pratique des dons alimentaires imposés par la loi de février 2016 contre le gaspillage alimentaire. Il analyse les effets sur le personnel (surcroît de travail), sur les pratiques de la grande distribution qui n’hésite pas à commander en grande quantité sans risque (faire de grosses commandes permet d’obtenir des prix bas donc d’améliorer la marge, sans risque puisque les surplus donnés sont compensés par des déductions fiscales). L’auteur montre un autre effet négatif : la pratique de prix bas pour des denrées proches de la date de péremption incite le consommateur à acheter et augmente le risque de gaspillage que la loi souhaitait éviter.
Réseaux et coopérations d’entrepreneurs. Quelles formes de solidarité se nouent entre entrepreneurs-dirigeants ?
Clément Marinos analyse les conditions de mise en place d’une entraide entre entrepreneurs : parrainage entre expérimentés et novices, rôle de l’ancrage territoriale mis en évidence par l’exemple qu’il développe sur la Bretagne.
Mohammad Al Abdulsalam étudie les réseaux d’entreprise entre solidarité et échanges marchands. Il montre l’opportunité de ces réseaux pour nouer des coopérations par exemple en étendant les offres commerciales, en s’épaulant pour la conquête de marchés à l’international.
Les enjeux liés aux pratiques de solidarité dans les entreprises. L’entreprise doit-elle intervenir dans les questions de solidarité ?
Telle est la question qui réunis cinq contributions
Enjeux de la cohérence interne et des relations clients
La question que pose François Blanc concerne deux formes de relation entre solidarité et marchés. Sont-elles compatibles ? C’est la réflexion d’un économiste pour sortir de l’opposition marketing – solidarité. Après avoir rappelé l’histoire du marketing et ses dérives, il plaide pour un rapprochement. En fait il montre les limites de l’exercice, l’exemple2 est plus proche d’une réponse à la demande du consommateur, notamment en matière de respect de l’environnement que d’une action de solidarité.
Serge Boudignon et Gil-Ian Royannez explorent la compatibilité de l’engagement personnel et de l’organisation sociale des entreprises à partir de nombreux entretiens avec des dirigeants et des salariés de PME. Après une réflexion théorique les auteurs montrent les « gains »3 pour la gouvernance de l’entreprise quand elle soutient l’implication de ses salariés dans des actions de solidarité (gain de compétences, sentiment d’appartenance à une collectif) et le gain en matière d’image à l’extérieur.
Visions des entrepreneurs, stratégies de communication et médiatisations des actions de solidarité
Christelle Chauzal-Larguier recueille le témoignage de trois entrepreneurs, un du secteur privé et deux de celui de l’économie sociale et solidaire sur les démarches solidaires en entreprise. Quelles actions ont été mise en œuvre ? Comment la démarche du dirigeant s’inscrit dans la démarche de l’entreprise ? Quelles sont les relations particulières l’entreprise avec des acteurs externes ? Après une rapide présentation des formes possibles de solidarité les trois cas sont détaillés : mécénat de compétences et participation encouragée à l’aide aux démunis ; pratique de l’arrondi sur salaire et sur facture, RTT solidaires. Si cette stratégie est porteuse de sens pour les salariés l’analyse porte aussi sur son inscription dans la politique de ressources humaines, dans la communication de l’entreprise et ses limites.
Christelle Chauzal-Larguier et Sébastien Rouquette présentent l’entraide salariale : une approche revisitée de la communication externe sur la solidarité. Sans analyser vraiment quelques exemples concrets (collectif de salariés donnant des RTT à une collègue pour soigner sa fille…) les auteurs étudient les formes de médiatisation de ces actions, le contexte de la loi de 2014 et la place de l’émotion dans cette forme de solidarité.
Quand la communication institutionnelle des entreprises s’empare du thème de la solidarité. Gérald Lachaud étudie comment les entreprises du CAC 40 s’expriment, quelle solidarité ils affichent sur leur site institutionnel ? Cette mise en avant demeure peu précise, un affichage de valeurs (sport, responsabilité sociétale). Si elles soutiennent les initiatives de leurs salariés elles en attendent un retour par une implication dans le travail en équipe au sein de l’entreprise. Si elles mettent en valeur des vertus en affichant leurs partenariats avec de grandes ONG c’est aussi dans leur propre intérêt.
En conclusion les coordinateurs de l’ouvrage resitue élans de solidarité dans le monde actuel où le souci de soi domine et où la fraternité risque de se réduire « à ceux dont les individus se sentent proches socialement, ethniquement… »4. Si bien des exemples vont à l’encontre de cette idée, la solidarité reste un engagement personnel et non un devoir.
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1Responsabilité Sociale des Entreprises
2p. 153
3p. 166
4p. 286