La Somme des Préhistoires, Un territoire, notre histoire réunit de multiples contributions scientifiques en un même catalogue réalisé à l’occasion de l’exposition qui s’est tenue au Musée de Picardie d’Amiens entre le 23 mars et le 3 novembre 2024.
Dans un large propos liminaire intitulé « La lumineuse discrétion de la préhistoire dans la Somme », Clément Paris revient sur l’importance de la Somme dans la « naissance » de la Préhistoire. C’est « entre autres dans la Somme que la préhistoire est apparue au milieu du XIXe siècle. Sa naissance est due à un inspecteur des douanes abbevillois, Jacques Boucher de Perthes qui, en associant plusieurs disciplines naturalistes, a proposé une idée nouvelle, celle de la haute antiquité de l’Homme, d’un homme antédiluvien » écrit l’archéologue. Plus loin, le même indique que le bassin de la Somme est « le berceau de la reconnaissance de la préhistoire et un des lieux des premiers peuplements humains en Europe septentrionale » et qu’il « sert donc de cadre à un propos qui s’étend du Paléolithique inférieur à -670000 ans jusqu’au Mésolithique à –7000 ans, extrême limite avant le Néolithique. Durant ces centaines de milliers d’années, les chasseurs-cueilleurs ont habité des paysages et des environnements se modifiant au gré des changements climatiques ; c’est toute cette longue histoire qui est présentée (…) aux lecteurs de ce catalogue ».
Le catalogue est organisé autour de trois grands axes intitulés respectivement « Les cadres d’une science : la vallée de la Somme, la préhistoire, l’histoire de la préhistoire », « La Somme des premiers peuplements au Mésolithique » et « Le site d’Amiens-Renancourt ».
Tous les articles présents à l’intérieur de cette somme sont d’excellente qualité scientifique et les reproductions d’artefacts ou d’œuvre pouvant leur être liés, d’une très belle qualité graphique.
Nous proposerons pas ici un résumé exhaustif du contenu du catalogue, ce qui risque de constituer un long breviarium aride des contributions.
On se reportera simplement avec intérêt (mais c’est là une sélection très subjective), dans le cadre de l’élaboration de séquences pouvant être consacrées à la préhistoire ou au progrès scientifiques au XIXe siècle, aux articles de Arnaud Hurel sur Jacques Boucher de Perthes (l’homme, qui « restera l’un des artisans majeurs de la reconnaissance internationale de la haute antiquité de l’Homme en 1859 (p.39) », mêlait à sa démarche archéologique des conceptions métaphysiques avec un « arrière-plan de métempsychose » et « une vision morale de l’essence de l’Homme »), d’Emilie Goval pour le site de Saint-Acheul (p.45-49. L’archéologue écrit (p.46) que « les premières recherches effectuées en 1859 lors de l’exploitation des carrières et les découvertes majeures qui s’ensuivent permettent de hisser le site de Saint-Acheul au rang des gisements emblématiques pour l’étude de la préhistoire. Ces travaux conduits par de grands noms de l’archéologie et des sciences naturelles ont forgé une identité forte de la Somme qui demeure à jamais le lieu de naissance de la préhistoire pour la communauté scientifique mondiale »), de Stéphane Cantarutti sur les réalisations de Fernand Cormon pour le décor de l’amphithéâtre du Muséum d’histoire naturelle au Jardin des plantes à Paris (p.86-89), d’Amélie Vialet sur les Homo sapiens (p.176-177) ou encore de Clément Paris sur le site d’ « Amiens-Renacourt 1 (p.211-217. L’archéologue précise dans sa publication que le site, qui est un gisement du Paléolithique supérieur, dispose « d’une conservation si exceptionnelle qu’il offre maintes possibilités d’études qui renouvellent les connaissances sur l’Homme moderne dans le Nord-Ouest de l’Europe (p.216) »)» et d’Emeline Deneuve sur les éléments de statuaires (avec les pages 244-245 pour la « Vénus » d’Amiens-Renancourt 1 et les pages 246-247 pour la Dame d’Amiens provenant du même site. Il s’agit de la ronde-bosse figurant sur la couverture) mis au jour.