Ce livre est le dernier ouvrage de l’historienne, spécialiste de l’Antiquité, Virginie Girod. Docteur en histoire et spécialiste des moeurs et de la sexualité pendant l’Antiquité romaine, elle enseigne à l’université Paris-Diderot. C’est aujourd’hui un visage qui devient de plus en plus familier pour le grand public, de part ses apparitions dans plusieurs émissions de télévisions comme Secret d’Histoire ou récemment Stupéfiant. Elle publie également régulièrement dans plusieurs magasines comme Le Point ou Lire. Elle a connu de réels succès d’éditions avec deux biographies remarquées chez Tallandier: Agrippine et Théodora. Elle a organisé un spectacle autour de ses thèmes de prédilection, Nos ancêtres les Romaines, aux origines des clichés sur la féminité.

C’est dans le genre de la biographie que s’inscrit l’ouvrage proposé ici. Comme l’indique Virginie Girod dès l’avant-propos, le sujet des 12 Césars a été abondamment traité par nombre d’historiens et d’érudits. Dans ce livre, elle cherche à la fois à s’en inspirer et à s’en démarquer de plusieurs manières. Tout d’abord, elle veut réhabiliter Suétone. Indiquant comment elle a été marquée, alors qu’elle n’était encore qu’étudiante, par sa lecture du travail de l’historiographe romain qui vivait à l’poque d’Hadrien (117-138), elle a comme ambition de réinstaller Suétone, moins reconnu pour son travail que ses collègues Dion Caisses et surtout Tacite.

Ensuite, Virginie Girod impose très clairement, tout au long des 12 biographies, ses domaines de recherche. Spécialiste de la sexualité antique et des moeurs romaines, elle nous plonge dans ces domaines de manière brillante, sans un côté voyeur ou malsain, mais tout simplement en nous faisant pénétrer dans la psyché et le mode de pensée de cette société autour de ce sujet. L’apport de la psychologie et de la sociologie éclaire remarquablement la personnalité de chacun des 12 Césars, tout comme la vision contemporaine des Romains vis-vis de ceux qui les gouvernaient. De plus, elle ne fait pas des Césars des hommes isolés, mais des hommes à l’intérieur d’un système complexe d’influences, où les femmes jouent un rôle extrêmement important, et ce, malgré leur statut d’infériorité dans la Rome antique. C’est par ces biais que cet ouvrage se distingue très clairement des autres.

Enfin, l’historienne a décidé d’ajouter en début et en conclusion de chaque biographie un texte fictif, généralement des dialogues entre plusieurs personnages rencontrés dans chacune de ces parties. S’ils ne sont pas indispensables à la compréhension et à la lecture des biographies, ils sont des compléments intéressants dans la mesure où ils amènent, encore une fois, à une meilleure immersion.

Ce livre tente le pari d’un mélange complexe entre érudition et ouverture au grand public. Virginie Girod appuie son travail à la fois sur les sources (Suétone n’est pas la seule source), sur ses recherches comme nous venons de le dire ainsi que sur nombre de livres d’historiens reconnus. Ces biographies tentent à la fois d’être accessibles au plus grand nombre, notamment grâce aux compléments de bas de page, mais sauront nourrir la curiosité de n’importe quel passion d’Antiquité et compléter les cours des étudiants en histoire (et autres bien entendu). Ce n’est pas une tâche facile que de proposer cela et Virginie Girod s’en sort brillamment, particulièrement par un style d’écriture très vivant, efficace et prenant.