Jean VERDON est professeur honoraire des Universités, spécialiste des mentalités à l’époque médiévale. Il a déjà publié dans la même collection Voyager au Moyen Age, Le Plaisir au Moyen Age ou Le Moyen Age : ombres et lumières. Dès la préface, il avoue qu' »écrire une vie quotidienne au Moyen Age représente une gageure car il s’agit d’une longue période de 10 siècles ».
L’originalité de cette nouvelle synthèse, complémentaire de celle de Robert DELORS (La vie quotidienne au Moyen Age) parue en 1972, est de suivre l’homme médiéval de sa naissance à sa mort. Elle est divisée en 22 chapitres, qui suivent un ordre (chrono-)logique mais qui peuvent être lus également de manière indépendante : Naître / Grandir / Etudier / Se marier / Faire l’amour / Habiter / S’habiller / Manger / Boire / Dormir / Cultiver / Combattre / Violenter / Se consacrer à Dieu / Croire / Douter / Fabriquer / Vendre / Voyager / Se distraire / Se soigner / Mourir.
Les chapitres sont courts et se lisent facilement. Les sources sont évoquées et les références à des travaux d’historiens sont fréquentes. Les anecdotes sont nombreuses comme par exemple celle sur Bernard CLERGUE, bayle de Montaillou, qui éprouve une violente passion pour Raymonde BELOT qui deviendra son épouse (dans le chapitre Se marier) ou sur ce procédé qu’emploieraient certaines femmes selon Burchard de WORMS : » as-tu agi comme font les femmes : elles s’agenouillent face contre terre, dénudent leurs flancs et font préparer un pain sur leur dos nu ; après avoir cuit ce pain, elles le donnent à manger à leur mari pour qu’il s’enflamme davantage ? » (dans le chapitre Faire l’amour).
On se représente bien les habitudes alimentaires : du début à la fin du Moyen Age, les représentants de la haute société mangent beaucoup. La ration de viande varie d’une livre à un kilogramme par jour gras par personne. Le total des calories peut correspondre à 4500-5000 chez les nobles (dans les chapitres Manger et Boire). Il est habituel de dormir nu, ce qui explique l’importance des couvertures fourrées et du bonnet de nuit dans les milieux aisées pour se protéger du froid. Dans les milieux moins aisés, on fait des efforts pour lutter contre la promiscuité dans le lit entre parents et enfants, parfois « étouffés » (dans le chapitre Dormir). Par ailleurs, plusieurs chapitres traitent de l’importance de la religion dans la vie quotidienne médiévale.
Ce livre de poche brosse donc un portrait d’ensemble rapide de la vie des hommes et des femmes au Moyen Age. Il intéressera à la fois les non-spécialistes, amateurs d’histoire, des étudiants de Licence en Histoire ou des enseignants à la recherche d’une mise au point scientifique et d’informations précises et parfois attractives pour des élèves (notamment de 5ème).
Au-delà des clichés sur cette période historique, on remarque, tout au long des chapitres, une appréhension de l’espace et du temps bien différente du monde actuel. C’est certainement ce qui explique « que le Moyen Age nous devienne de plus en plus lointain ». Pourtant « la soumission à la nature, la croyance en un au-delà ont peut-être permis à l’homme médiéval d’acquérir, malgré une existence plus courte que la nôtre, une certaine sagesse que nous ne possédons plus ».