Nouveauté de l’année 2014 : six IEP de province organisent en 2014 un concours commun pour les étudiants de bac +1. Sur le modèle de la sélection de niveau bac, deux thématiques (l’engagement et la ville) ont été retenues pour la dissertation de questions contemporaines.

Afin de préparer les candidats, deux diplômés de l’IEP et de l’ENS proposent ici un manuel de base. Après avoir consacré les deux premiers chapitres à présenter l’épreuve et à donner des conseils avisés pour réussir la dissertation, les auteurs réservent le reste des pages au thème de la ville. L’avant-dernier chapitre propose des extraits de romans (Balzac, Pennac, Le Clézio), des poésies (La Fontaine, Queneau), de chansons (Grand Corps Malade) ainsi que des citations sur la ville pour étayer les devoirs des préparationnaires.

Si l’idée qui prévaut à cet ouvrage n’est pas mauvaise, sa mise en œuvre est plus chaotique et non exempte de contradictions, qui feront hurler tout géographe de la ville. Car le problème essentiel des auteurs réside dans le fait que le premier chapitre consacré à « Qu’est-ce qu’une ville ? » est totalement creux : les seules références convoquées par les auteurs pour définir le terme sont le Petit Robert et le Larousse. Des poncifs tels que « la ville s’oppose à la campagne », « la ville est donc plus que l’urbain, c’est une construction sociale et politique » montrent que les auteurs ne connaissent rien aux débats qui portent sur la nature de la ville et notamment sur le périurbain. Le seul ouvrage de Jacques Lévy cité date de 1999 (Le tournant géographique) alors que son dernier essai Réinventer la France : trente cartes pour une nouvelle géographie, 2013 leur aurait donné du grain à moudre pour réfléchir à l’Urbain avec une majuscule. Il faut attendre le chapitre 5 (si on excepte les chapitres historiques intercalés, qui sont correctement menés) pour que des nuances soient apportées grâce à la lecture avisée d’ouvrages tels que celui de Jean-Pierre Le Goff (La fin du village, 2012) ou des travaux d’Eric Charmes (La ville émiettée, 2011) au passage qualifié de sociologue ! Malgré ces améliorations notables du texte au fil des pages, l’ensemble donne l’impression d’une compilation de compte-rendus de lecture sans qu’une vision d’ensemble se dégage. Le texte ne manque pas de céder au catastrophisme en dénonçant l’étalement urbain, à partir de l’ouvrage de Hamelin et Razemon (La tentation du bitume, où s’arrêtera l’étalement urbain ?, 2012) au contenu contestable.

Les auteurs rappellent en début d’ouvrage que la dissertation de questions contemporaines exige de mettre en œuvre des connaissances et des analyses en histoire, géographie, sociologie, économie et littérature et n’est en rien une épreuve de spécialiste. On l’avait compris !

Catherine Didier-Fèvre © Les Clionautes