« La forme d’une ville change plus / hélas que le cœur d’un mortel », voici parfaitement résumé par Baudelaire les mutations et métamorphoses de la ville sur lesquelles Francis Beaucire et Xavier Desjardins, tous deux enseignants de géographie à Paris I, se proposent de revenir via ce petit livre. Pour s’y retrouver dans toutes les nouvelles appellations accolées au terme de ville, nos deux compères proposent des extraits de textes emblématiques « pour informer les débats qui président à toute réflexion sur la ville et à tout projet pour sa transformation. » (p. 13).

Il ne s’agit pas à proprement parlé d’une anthologie, certains extraits étant très courts mais d’un outil de réflexion pour comprendre comment on est passé de « la ville à la ville sans qualités jusqu’à la ville assiégée de qualificatifs » (p. 11). Ils reviennent sur les textes ayant précédé la qualification de « mort de la ville et du règne de l’urbain » par Françoise Choay dans les années 1990. L’émergence du périurbain (sous ses différentes appellations « ville profuse », « ville éparpillée », « ville diffuse », « ville archipel », « la ville-entre ») brouille les limites autrefois claires entre la ville et la campagne. La mondialisation et les formes urbaines qu’elle produit achève de complexifier la forme des villes et alimente l’imaginaire de certains auteurs partagés entre rêve et cauchemars.

Ce recueil de textes de « causeurs de ville » (p. 85) rend compte à la fois des visions optimistes sur les opportunités offertes par la ville d’aujourd’hui et celles pessimistes. Des données essentielles pour se forger son opinion et maîtriser les tenants et les aboutissants du débat.

Catherine Didier-Fèvre © Les Clionautes