La première partie est la transcription de la rencontre du 13 mai 2005.
C’est l’occasion par petites touches et courts récits d’un rapide rappel de l’histoire casamançaise depuis l’arrivée des premiers portugais, la colonisation française, l’indépendance de l’AOF et de la résistance traditionnelle des Diolas à toute forme d’autorité.
L’essentiel de l’interview porte sur le récit de la rébellion et la place de l’abbé Le jeune journaliste a bien du mal à questionner un personnage qui a manifestement préparé cet entretien et en fait un plaidoyer pro domo. En effet la précision des dates parfois ancienne semble assez éloignée du rapport au temps des populations de Casamance de même, impression renforcée par la longue adresse au peuple (P,73-74).Dans la seconde partie l’auteur retranscrit des conversations avec des proches d’ Augustin Diamacoune : son frère Bertrand qui évoque quelques souvenirs qui dévoile un syncrétisme religieux qui peut étonner chez un prêtre (p94-95) et dresse le portrait d’un farouche partisan de l’indépendance dès les années 80.
Un ancien maquisard et porte-parole de l’abbé rappelle les écrits de son mentor et défend l’idée que si le conflit n’a pas connu des violences comme en Sierra Leone, au Congo ou en Côte-d’Ivoire c’est grâce à l’action médiatrice de l’abbé, non comme chef des rebelles mais comme inspirateur.
Pour Mamadou Nkrumah Sané et contrairement aux affirmations d’ Augustin Diamacoune c’est bien le MFDC (Mouvement des Forces Démocratiques de la Casamance) qui l’a choisi comme secrétaire général. D’autre anciens maquisards évoquent son rôle de médiateur et son refus de la violence.
Enfin quelques témoins extérieurs à la rébellion le présentent comme aimant le chant, la danse, la tradition. Son désir de vérité allié à une obstination totale en faveur de l’indépendance ont sans doute largement contribué à faire de lui le « penseur » des rebelles même s’il n’a jamais appelé à la lutte armée.
Les annexes présentent un grand intérêt comme documents historiques :
le texte de la conférence de l’abbé à Dakar le 23 août 1980 sur Aline Sitoé Diatta, symbole de la résistance à la colonisation amène son auteur à un retour sur l’histoire de la région depuis 1645 : une Casamance résistante et non sénégalaise qui forme jusqu’à sa mort le socle de son argumentaire en faveur de l’indépendance.
Un texte du 8 mai 1998 résume les arguments et fondements de son combat ; il puise dans l’histoire de la région et notamment de la royauté d’Oussouye, des heurts avec les autorités coloniales , le statut de protectorat la force de son combat d’autant plus déterminé que sa famille a des liens de parenté avec de nombreux protagonistes de cette histoire. Son engagement prend alors la couleur d’une affaire personnelle de vengeance familiale et de haine à l’encontre des Sénégalais du Nord qui s’exprime dans un vocabulaire peu nuancé : é Sénégal esclavagiste ».Ce document atteste des idées indépendantistes d’ Augustin Diamacoune mais peut être considéré, même si les mots de lutte armée sont absents, comme un appel à la révolte. Un texte qui par son intransigeance semble en opposition avec le rôle de médiateur qu’il dit avoir tenu.
Les dessous de l’accord de paix du 30 décembre 2004 confirme cette impression. Une intransigeance peu compatible avec un règlement possible avec l’état sénégalais.
Une chronologie de sa vie et du conflit complète l’ouvrage.
En conclusion René Capain BASSENE exprime sa sympathie pour l’homme sans oublier les ambiguïtés.
Pour en savoir plus :
À qui appartient la paix ? Résolution du conflit, compétitions et recompositions identitaires en Casamance (Sénégal)- Séverine Awenengo