Jusqu’à maintenant, l’élève de 4e ou de seconde qui souhaitait acquérir des connaissances sérieuses et accessibles disposait de sources restreintes et pas toujours distanciées des polémiques en cours.
C’est, semble t-il, pour répondre à cette question que cet ouvrage a été conçu.L’auteur, Gilles Gauvin, Docteur en histoire de l’IEP de Paris, est connu pour sa thèse sur Michel Debré et la RéunionMichel Debré et l’île de la Réunion. Archéologie d’une identité nationale (1946-1988), 2002 paru sous le titre Michel Debré et l’Ile de la Réunion : Une certaine idée de la plus grande France, Presses universitaires du Septentrion, 2006, 396 p. et déjà précédé de Michel Debré et l’Ile de la Réunion (1959-1967), L’Harmattan, 2000, 341 p. et pour un ouvrage co-écrit sur la vie quotidienne des Français dans la guerre et l’après-guerreEric Alary, Bénédicte Vergez-Chaignon, Gilles Gauvin, Les Français au quotidien : 1939-1949, Perrin, 2006, 850 p..
Il est également membre depuis 2004 du Comité pour la mémoire de l’esclavage. Gilles Gauvin est également des nôtres. Il enseigne en ZEP au collège Jacques-Yves-Cousteau de Caudebec-lès-Elbeuf (76).

Ce statut permet de mieux saisir la démarche d’un collègue soucieux que ses élèves puissent réaliser des exposés en abordant les aspects majeurs de la question dans une langue qui leur est accessible et claire sans pour autant sacrifier à une démagogique simplification.
Comme le reconnaît l’auteur, les choix des thèmes sont arbitraires puisqu’il s’agit, non d’un dictionnaire mais d’un ouvrage déclinant 26 entrées correspondant à chacune des lettres de l’alphabet. L’idée est de présenter au public le plus large les principaux jalons d’une histoire qui peine à être reconnue comme composante pleine et entière de l’histoire de la France.

Les 26 entrées, parmi lesquelles on trouve « Esclavage », « Femmes », « Genèse des créoles », « Négriers», « Schoelcher et Sarda-Garriga », « Traite», « Zombi», « Karib», ou « Codes noirs », sont complétées par une riche iconographie où l’on retrouve le Belley de Girodet, un combattant noir de l’armée britannique au XVIIIe ou l’illustration du chapitre du Candide de Voltaire sur « le nègre du Surinam ». On dispose également d’une série de cartes très lisibles présentant les AntillesFaut-il encore rappeler à cette occasion que Saint-Domingue/Haïti est avec Cuba et Porto-Rico l’une des Grandes Antilles ? et la RéunionDans les Mascareignes !, chaque carte étant complétée, comme cela se fait systématiquement dans les manuels américains, par une autre à petite échelle situant l’espace concerné dans son contexte régional.

L’ouvrage est également doté d’une chronologie et d’un index ainsi que d’une bibliographie, d’une filmographie et d’une liste de DVD et liens dont on peut regretter, non sans être juge et partie, qu’elle omette le site des Abolitions de l’esclavage. Imprimé sur un papier plutôt agréable, l’ouvrage arbore en couverture une illustration de François Bourgeon, connu pour être l’auteur de la bande dessinée des Passagers du Vent (Casterman, 1985).
Si l’on peut être réservé sur quelques détails comme cette mention de la fameuse mulâtresse Solitude dont l’histoire réelle nous est plus obscure que la version offerte jadis par le roman éponyme d’André Schwartz-Bart, il faut reconnaître que l’ouvrage atteint le but fixé en présentant aux élèves du secondaire quelques aspects majeurs de cet important volet de notre histoire nationale. C’est la raison pour laquelle il sera à sa place sur les étagères des CDI auxquels il a jusqu’ici beaucoup manqué.

© Clionautes

ISBN : 978-2-915258-21-9.

L’Abécédaire de l’esclavage des Noirs
La couverture de François Bourgeon