Petit ouvrage collectif dont l’ambition rejoint un titre de Stéphanie Barzasi récemment chroniqué : Haïti, l’histoire en héritage . Il s’agit là encore de voir quelles représentations simples voire simplistes, plus ou moins issues du passé colonial viennent modifier la perception d’un événement. Les contributions abordent le drame du Rwanda puis les « printemps arabes » et deux ou trois autres questions.

Comme indiqué en introduction : « Il faut se demander pourquoi les discours publics francophones, pour donner une représentation de réalités historiques, économiques, sociales à la fois complexes et multiples de l’Afrique, empruntent à cette archive d’images susceptibles de fournir des explications simples : les populations du Sahel cernées par la sécheresse, les orphelins de guerre civiles, les monceaux de cadavres du Rwanda, les femmes violées du Darfour, les réfugiés qui se pressent aux portes de l’espace Schengen. »
C’est le cadre des études conduites sous la direction de Michael Rinn, professeur à l’université de Bretagne occidentale, spécialiste de linguistique. Si la linguistique est, sans doute, utile dans ce genre de recherche la dimension historique ne semble pas toujours maîtrisée.

Les trois premières contributions sont consacrées à la crise rwandaise de 1994 : Mise en relation de la naissance du stéréotype Tursi-Hutu et son usage dans la crise tant du côté des génocidaires que de la presse; Traitement télévisuel de cette crise et son influence sur la littérature africaine; Comparaison de deux journaux ( Süddeutsche Zeitung et Le Monde). Des angles de vue intéressants mais des articles inégalement structurés ce qui en rend la lecture parfois difficile.

Le chapitre consacré aux images véhiculées sur le net par les agences de voyage montre à la fois un exotisme de paysages sauvages et en même temps la crainte des dangers pour la santé. L’auteur décrit une Afrique mystérieuse, propice à l’aventure, mais bien encadrée.

L’analyse des caricatures de la presse camerounaise n’échappe pas à un discours théorique et jargonnant.

Les deux chapitres suivants sont consacrés aux révoltes récentes des années 2010-2011 : Tunisie et Egypte. En quoi l’idée de la présence d’islamistes radicaux a rapidement envahit la presse dans sa description du « printemps de jasmin » et comment les rumeurs sont aujourd’hui amplifiées par les réseaux sociaux. Pour les événements de la place Tahir il s’agit de comparer les relations textes-images dans la presse européenne et égyptienne.
Le dernier chapitre aborde la communication des humanitaires, ici le Collectif Urgence Darfour, émotion devant les images de victimes et responsabilité individuelle vers un discours mondialisé.

On ne pourra que regretter l’usage omniprésent de termes « scientifiques » qui semblent destiné à valider un propos mais qui rendent les textes peu abordables voire hermétiques.