Cet ouvrage est consacré aux luttes des pionniers de l’indépendance, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, dans les colonies françaises. Des noms souvent méconnus, au moins en France, que l’auteur souhaite faire connaître au-delà du monde des historiens spécialistes, tout en gardant la rigueur du chercheur et la crainte d’une instrumentalisation de l’histoire.

Christian Roche, connaît bien l’Afrique ou il a été coopérant puis professeur d’histoire au Sénégal et au Gabon. Il est auteur d’une dizaine d’ouvrages consacrés aux relations historiques franco-africaines et sa thèse porte sur l’histoire de la Casamance. Sur cette région qui lui est chère il a publié en 2016 La Casamance face à son destin. Plus récemment il s’est intéressé aux Résistances africaines aux conquêtes djihadistes et françaises du XIXe siècle.

La période 1930-1946

Christian Roche campe la situation des colonies françaises dans la période qui précède la guerre et leur devenir durant le conflit.

La participation des élus africains aux institutions de la IVe République

Au lendemain de la guerre, après la Conférence de Brazzaville, les colonies sont invitées à envoyer des représentants siéger dans les institutions métropolitaines et les Conseils de l’AOF et de l’AEF. C’est alors la création du Rassemblement démocratique africain (RDA) en 1946. L’auteur décrit rapidement les syndicats avant un tour d’horizon géographique : Côte d’Ivoire, Dahomey, Guinée-Konakry… , une occasion de citer les leaders de chaque région, connus ou oubliés : Félix Houphouët-Boigny, Sékou TouréHorma Ould Banna, Jean-Félix Tchicaya… Les territoires sous-mandat de l’ONU sont également visités : le Cameroun de Ruben Um Nyobé, le Togo.

L’auteur décrit brièvement, pour chaque contrée y compris celles de l’Océan Indien, la situation, les partis politiques et leurs leaders. Il présente aussi les débuts de la décolonisation de l’Asie anglaise, des Indes néerlandaises, en Indochine française et au Maghreb.

La loi-cadre et ses conséquences 1956-1958

Aux élections de 1956, les représentants africains votent pour le Front Républicain. Houphouët-Boigny est ministre chargé de la réforme constitutionnelle. La loi cadre devait faire évoluer le statut des colonies africaines vers un rattachement direct des territoires à Paris. Le Sénégalais Léopold Sédar Senghor s’y opposait considérant que cela pouvait conduire à une balkanisation de l’Afrique.

L’auteur décrit les conséquences de la loi cadre et les jeux politiques dans chaque territoire.

La communauté franco-africaine 1958-1960

Le retour au pouvoir de Général de Gaulle et le contexte de la guerre d’Algérie marque ces deux années. C’est dans ce contexte que se discute le projet de communauté franco-africaine, sans que l’idée d’accès à l’indépendance ne soit clairement exprimée. En Afrique les avis étaient partagés pour le vote du projet. L’auteur explique les positions des leaders.

L’évolution vers l’indépendance

En Guinée, sous l’influence de Sékou Touré, le vote négatif conduit à l’indépendance. Dans d’autres territoires se développe un projet de fédération. Christian Roche présente ces situations contrastées et complexes autour de la notion même d’État. Il analyse l’échec de la Fédération du Mali.

Les destins des pionniers

Cette dernière partie est une galerie de portraits.

On y voit se succéder : Houphouët-Boigny (1960-1994) et ses opposants (Laurent Gbagbo), Hubert Maga et le multipartisme dahoméen, l’incontournable Sékou Touré. Pour la Haute Volta d’avant Sankara c’est Maurice Yameogo quand le Mali est représenté par Modibo Keita. Suivent Moktar Oul Daddah le Mauritanien, Hamani Diori pour le Niger. Une large place est faite au Sénégal de Léopold Sédar Senghor et Mamadou Dia. Sylvanus Olympio (Togo), Ahmadou Ahidjo (Cameroun), David Dacko et Jean Bedel Bokassa (Centrafrique), Fulvert Youlou (Congo), Léon M’Ba et El Hadj Omar Bongo (Gabon), FRançois Tombalbaye (Tchad) complètent la galerie africaine. Pour l’Océan Indien le lecteur fait ou refait connaissance avec le Malgache Philibert Tsiranana, Ahmed Abdallah Abderrahmanne pour les Comores mais aussi Ali Aref Bourhan et Hassan Gouled Atidon (Territoire des Afars et des Issas).

Conclusion

L’auteur rappelle les points communs de ces leaders le passage pour beaucoup par l’école normale William Ponty de Dakar et leur expérience de la vie démocratique française.

L’enseignant d’histoire retrouvera, dans cet ouvrage, facilement quelques données sur les indépendances africaines et les grands leaders africains.