Se pose d’abord la question du découpage régional de l’Afrique. L’ONU distingue (outre l’Afrique du Nord) les Afriques occidentale, centrale, orientale et australe. L’auteur remarque que le programme de 4ème ne propose que trois grands ensembles (évacuant l’Afrique centrale) que le professeur devra lui-même définir. Un encadré (rédigé par Solène BAFFI et Jeanne VIVET) permet par exemple de déterminer à la fois les traits communs aux pays de l’Afrique australe et les éléments de différenciation. Comme d’autres continents, l’Afrique connaît également des processus d’intégration par l’intermédiaire d’organisations supranationales. L’Union Africaine a une vocation continentale. Mais il existe aussi de multiples organisations régionales, comme par exemple la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest. Mais au-delà des découpages, il importe d’étudier les « lieux de la mondialisation » : ports et corridors, espaces productifs (dans le cadre d’un développement local) ou métropoles. L’exemple du désenclavement en lien avec la maritimisation en Afrique Orientale est traité dans un encadré rédigé par Alain GASCON. Les enjeux économiques, sociaux et environnementaux des liens entre espaces productifs et développement local sont ensuite abordés. Les métropoles à la fois hubs, relais et centres apparaissent enfin comme des piliers de l’intégration à la mondialisation même si de nouvelles relations avec l’environnement plus ou moins lointains restent à repenser.
Les « thèmes et documents » peuvent être parcourus selon deux itinéraires : par thèmes (enjeux et représentations / défis du développement / système et espaces productifs / villes, réseaux urbains et territoires) ou par grands ensembles régionaux (Afrique Occidentale / Afrique Orientale / Afrique Australe). Certaines double-pages sont particulièrement intéressantes. « L’Afrique émerge-t-elle ? » pose le problème de la définition de l’émergence à partir de l’exemple de l’Afrique du Sud. Difficile alors d’y inclure la Côte d’Ivoire ou le Kenya, même si de nombreux projets d’infrastructures s’y développent. La croissance des classes moyennes est considéré comme un indicateur de l’émergence. On constate bien l’apparition d’une catégorie d »Africains mondialisés » : des Afropolitains (Achille MBEMBE) métropolitains, mondialisés et interconnectés. En même temps, des retards en matière de « pauvreté, éducation, santé » persistent malgré quelques progrès. « Maladies chroniques et crises sanitaires », « accès à l’eau et salubrité », fragilité des avancées démocratiques, conflits et « les camps de déplacés et de réfugiés » sont des problèmes récurrents. Pour permettre une meilleure adaptation des systèmes et espaces productifs et une intégration à la mondialisation, « désenclaver l’Afrique » semble décisif. Une carte des ports et des corridors de transport en Afrique témoigne des très nombreux projets d’infrastructures portés par différents acteurs. Ils doivent améliorer l’interconnexion des réseaux et désenclaver les territoires. Par exemple, le port le plus moderne d’Afrique a été inauguré à Djibouti en 2017. Enfin, la mégapolisation apparaît, en partie, comme une conséquence de l’intégration à la mondialisation, en même temps qu’il existe de réelles « dynamiques des villes petites et moyennes » (trois documents permettent de travailler sur le changement d’échelle.
Au final, comme d’habitude, ce nouveau numéro de la Documentation Photographique permet de faire le point sur un espace géographique : l’Afrique. On aurait toutefois aimé un approfondissement des différentes dynamiques qui traversent le continent. Celles-ci sont abordées en grande partie dans les « thèmes et documents » particulièrement complets et variés. La volonté de proposer deux parcours est aussi louable et s’avère utile pour le professeur qui souhaite aller à l’essentiel et trouver les informations qui l’intéressent pour préparer ses cours de géographie de quatrième et de Terminale, voire de sixième, de cinquième ou de Seconde.