Traiter de l’Afrique dans le cadre d’une collection destinée aux enseignants ne s’imposait pas naturellement, ce continent n’étant plus un objet d’étude à part entière depuis l’entrée en vigueur des nouveaux programmes de 5ème mais, les auteurs le soulignent, ce continent permet d’aborder nombre de problématiques au collège et au lycée.
Traiter de l’Afrique au singulier ne s’imposait pas non plus tant les géographes ont appris à en parler au pluriel et les auteurs de les suivre au fil de leur développement soulignant contrastes et variété des situations, manipulant les échelles avec réussite.

La collection Trait d’union, déjà présentée lors de la sortie du premier volet historique consacré à la Grande Guerre, offre une mise au point sérieuse, construite sur des références solides (R.Pourtier, « Afriques noires » ; S.Brunel, « l’Afrique » ; J.-P. Raison, A.Dubresson, « l’Afrique subsaharienne ») et ponctuée de documents d’appui. Elle est associée à un dvd reprenant l’étude scientifique associée à des propositions pédagogiques. Ces dernières, qui peuvent être discutées, ont l’avantage d’offrir un panel de documents imprimables et souvent récents forts utiles pour la préparation d’études de cas.

Il n’est pas question dans ce court livret (environ 80 pages) de faire le tour de LA question mais plutôt de tenter de cerner quelques-unes des problématiques liées au continent africain et de lutter contre des idées reçues (voir G.Courade, « l’Afrique des idées reçues ; V.Hugeux, « l’Afrique en face, dix clichés à l’épreuve des faits »).
En ces temps de néo-malthusianisme rampant, il n’est pas inutile d’interroger la notion de surpeuplement ; l’Afrique est-elle surpeuplée ? En termes de densité générale non mais rappel est fait que le surpeuplement est une idée à relativiser, s’arrêter au nombre ne suffit pas à déterminer un surpeuplement éventuel.
Les questions urbaines (proposition « vivre dans une ville africaine ») et rurales (proposition « habiter le monde rural ») sont étudiées sous l’angle des spécificités africaines ou plutôt en ayant à l’esprit que ville et campagne peuvent un prendre des sens très différents de ceux auxquels notre vocabulaire nous renvoie.
Celle de l’eau (proposition « le paradoxe de l’eau ») est bien cernée rappelant que contrairement aux images d’actualités, l’Afrique ne manque pas d’eau mais les difficultés résident dans l’accessibilité et la maîtrise de la ressource. Ce sont les campagnes qui subissent en priorité les pénuries (par manque d’équipements) mais la croissance urbaine étend cette réalité aux villes dont les autorités sont dans l’incapacité d’approvisionner les récentes extensions urbaines. Ainsi à Ouagadougou « le tiers seulement de l’aire urbanisée est desservie par des conduites d’eau ». L’eau est aussi celle utilisée pour des usages productifs; les auteurs signalent que les terres irriguées ne représentent qu’une part infime des terres arables, l’agriculture étant majoritairement pluviale. Citant Paul Pelissier, ils ajoutent que ce n’est pas tant la faiblesse des précipitations qui met en danger les récoltes mais plutôt leur irrégularité.
Deux chapitres évoquent l’insertion du continent africain dans le monde. Celle-ci reste fort dépendante de la « nature » au sens large : ressources du sous-sol, climat, faune, flore… attirant investisseurs chinois, indiens, russes et touristes occidentaux. Le tourisme, si sa croissance n’est pas remise en cause, tend à constituer, à travers ses stations balnéaires, ses parcs nationaux, des « ghettos touristiques » hors sol ; la question est posée par les auteurs de la folklorisation de l’Afrique, d’une Afrique sous cloche, tout comme S.Brunel avait évoqué une disneylandisation de la planète, reposant pour partie sur la notion encore confuse de développement durable.

Cette première géographique de la collection Trait d’union est une réussite. La mise au point est concise et précise, pose les faits mais n’assène pas de réponses toutes faites. En cela, elle est cousine de la documentation photographique. Le plus réside dans le tout-en-un livre + cd-rom permettant de combiner efficacement savoir et pratique. Seul petit manque une bobliographie/sitographie générale et commentée que le lecteur pouvait trouver dans le titre « La Grande Guerre ».