C’est une BD au scénario original qui nous est présentée ici. Nous suivons le parcours d’un jeune noble anglais, Hayden, à travers, l’Angleterre et la France, à travers la science et les légendes. Au cœur d’un XVIIe siècle très compliqué pour l’Angleterre, avec notamment la peste et le grand incendie de Londres, nous sommes plongés dans les prémices des grandes transformations scientifiques qui naissent en Angleterre à cette époque.

Le jeune Hayden est fasciné par un phénomène qu’il ne comprend pas : les arc-en-ciel. Il n’est pas le seul d’ailleurs à cette époque, à ne pas comprendre ce phénomène. Beaucoup lui prêtent, comme c’est souvent le cas, des origines divines. Mais cela suscite la curiosité de nombreuses esprits éclairés. À tel point que la plus grande figure scientifique de l’époque, Isaac Newton, se lance lui-même dans des recherches pour essayer d’expliquer leurs apparitions après les orages et les pluies. De manière totalement incongrue, ce jeune Lord et ce brillant scientifique vont collaborer pour tenter de découvrir une explication rationnelle, loin des raisons bibliques et autres contes celtiques racontés par la nourrice d’Hayden.

Le destin d’Hayden bascule lorsque celui-ci est obligé de s’impliquer de manière plus concrète dans les affaires familiales, au moment où son père, espion du roi, se blesse gravement à cheval. Le jeune homme va utiliser ses talents pour tenter de déstabiliser le royaume de France, adversaire de l’Angleterre, en devenant espion lui-même et en fabriquant de la fausse monnaie, directement dans le Béarn, c’est-à-dire chez les ennemis.

Dans ce territoire hostile, il va faire la rencontre d’une jeune femme vivant en dehors de la société, vue comme une sorcière, la Pleuveuse, ainsi surnommée car elle fait tomber la pluie partout où elle passe. En la suivant, et en essayant de l’amadouer, Hayden va pouvoir, de manière inattendue, reprendre quelques-unes de idées de Newton sur les arcs-en ciel, et essayer de les théoriser.

Les auteurs nous proposent ici un récit très agréable, où l’on s’attache facilement aux personnages principaux. La première grande réussite vient de se mélange entre rationalité scientifique et mythologie : face à la rigueur de Newton et la soif d’explication d’Hayden, s’opposent à la fois la sorcellerie, les superstitions, le carcan religieux. L’autre grande réussite vient de la mise en image de la BD : les couleurs sont chatoyantes, les planches sont dynamiques, l’atmosphère quelque peu envoûtante. La lecture, assez rapide, permet de se vider la tête, car les auteurs réussissent ce tour de force de nous embarquer très agréablement et très facilement dans le monde qu’ils ont tissé.

Présentation de l’ouvrage sur le site de l’éditeur

« Printemps 1666, la peste sévit à Londres. À quelques centaines de lieues dans un village de la campagne anglaise, un jeune lord désargenté, Hayden Springworth, est fasciné par un phénomène météorologique jusqu’alors inexpliqué : les arcs-en-ciel. Hayden part à l’aventure dès qu’il en aperçoit un car Poppy, sa vieille nourrice irlandaise, lui a assuré que de monstrueux lutins, les Leprechaun, cachent des chaudrons remplis d’or au pied de ces arcs colorés.

Cette vision empreinte de légende et de magie va se confronter à la réalité quand Hayden fait la connaissance d’Isaac Newton, qui lui expose ses travaux en cours sur la lumière. Bientôt, la rigueur scientifique balaye toutes les peurs de l’adolescent et alimente sa soif de connaissance. Envoyé dans le Béarn pour devenir maître-frappeur de monnaie, comme son père avant lui, Hayden est bien décidé à continuer ses recherches pour découvrir le secret des arcs-en-ciel avant Newton. Mais sa rencontre avec une étrange jeune fille qui semble avoir le pouvoir de faire tomber la pluie partout où elle se rend va bousculer ses certitudes.

Une rencontre fantastique et colorée entre la science et la magie ! »

Présentation des auteurs sur le site de l’éditeur 

Cédric Mayen se passionne très tôt pour la lecture, notamment celle de bandes dessinées. À l’âge de dix ans, il découvre une nouvelle culture lorsqu’il déménage en Italie, où il restera jusqu’à l’obtention de son bac. Il s’installe ensuite à Lyon, où il prépare une licence en arts du spectacle. Pendant ces trois années, il écrit et réalise plusieurs courts-métrages. Il poursuit ensuite sa formation par un master dans une école franco-japonaise spécialisée dans la bande dessinée. Dès la fin de ses études, il publie deux tomes de la série « ElementR » (Vents d’ouest), au format manga. Bientôt, son goût pour le voyage et pour la découverte d’autres cultures le conduit vers d’autres pays, et il s’installe pendant de longues périodes au Brésil, au Japon et au Royaume-Uni. De retour en France, il participe à plusieurs projets courts dans des magazines (« Lyon Capitale », « MBD » et « Spirou »). En 2017, il publie « Edelweiss » (Vents d’ouest), une bande dessinée mise en images par Lucy Mazel et qui s’inscrira au palmarès de nombreux prix nationaux. En 2019, il réalise la première série jeunesse sur le skateboard, « Erwann » (Jungle), avec Yann Cozic. Il se lance ensuite dans « Sac-à-diable », une série dessinée par Sandra Cardona, dont le tome 1 paraît chez Dargaud en 2021.

Laura Iorio est née le 14 juin 1982 à Frosinone (Italie). Dès son plus jeune âge, elle comprit qu’elle aimait le dessin. Plus tard, elle deviendrait chanteuse de jazz ou dessinatrice. Ce fut le domaine de l’illustration qui l’attira. Après des études d’art à l’Ecole Internationale de Bande Dessinée de Rome, elle dessine en 2009 un premier album avec Roberto Ricci et Giancarlo Dimaggio. « June Christy » (Editions Bd-Music) qui raconte l’histoire d’une chanteuse de jazz, une coïncidence avec ses rêves de jeunesse. Elle viens de réaliser un nouveau one shot « Le Coeur de l’Ombre » en collaboration avec Roberto Ricci et Marco Cosimo d’Amico. L’album est paru en 2016 pour les Edition Dargaud. Actuellement, Laura travaille sur différents projets dont son premier livre illustré qui paraîtra en 2017.

Né en 1976 à Rome, Roberto Ricci a étudié la musique pendant 8 ans mais une tendinite chronique l’empêche d’aller plus loin dans cette voie. Il se lance alors dans une formation à l’Ecole Internationale de Bande Dessinée de Rome pour devenir dessinateur. Dès sa sortie, il publie des histoires courtes pour le magazine américain « Heavy Metal ». Au début des années 2000, Roberto collabore pendant 5 ans avec Philippe Saimbert sur leur série « Les âmes d’Helios » (Editions Delcourt) qui lui vaudra le prix « Coup de coeur » du Festival Bédéciné d’Illzach en 2008. En parallèle, il continue de dessiner pour « Heavy Metal ». Entre 2006 et 2009, il travaille sur plusieurs projets Moksha (Editions Robert Laffont), « L’ombre du temps » (Editions Robert Laffont), « Delta » (Humanoïdes) et « June Christy » (Editions BD Music). Ces 5 dernières années, Roberto entame deux nouvelles séries « Urban » (Futuropolis) ainsi qu’un one shot, « Coeur de l’Ombre » qui paraîtra chez Dargaud en 2016.