Il m’a été donné de découvrir la version française de L’architecture de 1900 à nos jours. Exemple d’un travail de l’histoire. C’est un objet peu courant puisque cette maxi-chronologie de l’architecture au XXème siècle, parue aux éditions Birkhaüser Verlag AG se présente sous la forme d’une petite pochette protégeant le poster et le livret explicatif l’accompagnant.

Présenter les différents courants architecturaux est une vraie gageure. Leur histoire est particulièrement compliquée. Nombreux ont été les manifestes architecturaux publiés qui sont demeurés des initiatives sans écho ou seulement individuelles. Malgré tout, de grandes tendances se dégagent. Le premier regard sur le poster permet de voir les grands mouvements et la continuité entre eux. Ce travail synthétique de présentation ne peut être réalisé pour le XIXème siècle. L’éclectisme m’emportait. Au XXème siècle, toute une série de facteurs vont bouleverser ce domaine. De nouveaux matériaux (béton armé, verre…) associés à de nouveaux besoins (crise du logement) et à un contexte politique et social favorable au changement amènent un profond renouvellement de la manière de construire. La manière de penser l’architecture en est profondément rénovée. L’espace est au centre du travail des architectes. La forme, la lumière, la circulation, le paysage, l’absence de hiérarchie deviennent les éléments constitutifs de cette réflexion.

Pour présenter l’architecture du XXème siècle, les auteurs de ce tableau synoptique ont pris le parti d’organiser leur travail autour du courant moderniste. Ils ont cherché à montrer les liens entre les évènements politiques et artistiques et ainsi à replacer l’architecture dans son contexte historique. De 1897 à 2008, ce tableau distingue quatre « grandes constellations architecturales » (qui se présentent sous la forme de nuages de noms). Le modernisme classiciste (celui d’Auguste Perret) prend naissance à l’aube du XXème siècle pour s’achever dans les années 1970. Parallèlement à ce courant, et à des dates proches, se développe le modernisme dogmatique (autour de la figure emblématique de Le Corbusier) et le modernisme expressif. Ce qui est très visible sur ce tableau est que ces trois courants coexistent malgré l’émergence du modernisme réflexif (qui prend naissance dans les années 1960). Le parti pris de cette présentation permet de voir les filiations de ces courants modernistes avec les mouvements antérieurs (Arts and Crafts : 1880-1890 ; Jugendstil : 1890 – 1906). L’approche centrale par le modernisme n’exclue pas la mention des autres mouvements tels que le Case Study House Programm (1945-1966) ou du futurisme italien (1912-1915), pour ne citer que quelques exemples. L’importance de personnalités centrales apparaît nettement dans ce travail puisque les parcours de vie des plus grands noms de l’architecture figurent. Les auteurs mettent toutefois en garde (dans le livret d’accompagnement) sur le classement des architectes et des mouvements contemporains. Le manque de recul rend particulièrement difficile leur positionnement dans un tableau synthétique.

Au final, ce drôle de petit objet éditorial s’avère un outil très intéressant pour qui s’intéresse à ce domaine. Le poster sera d’un grand intérêt pour faire comprendre à des élèves, qui suivent l’option Histoire des Arts, les filiations de cet art. Le livret d’accompagnement laisse toutefois le lecteur sur sa faim. Trop court, il ne fait qu’évoquer quelques exemples (illustrés par des petites reproductions de plans) significatifs de cette période. On attend donc le développement et la mise en page de tous ces mouvements et noms évoqués dans ce poster…

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