15 philosophes au banc d’essai ou La philo pour les Nuls, ou presque ! Voilà le pari qu’a relevé l’équipe de Sciences Humaines en proposant à ses lecteurs une analyse, la plupart du temps, lumineuse des idées des plus grands philosophes d’hier et d’aujourd’hui.
Malgré tout, il n’est pas question ici de véhiculer les idées reçues sur ces penseurs mais de montrer la complexité des individus et de leurs idées. Ainsi, l’idée que « Socrate le sage, Socrate le libre-penseur, Socrate le père de la philosophie… (a été) envoyé au trépas par une foule ignorante » (p. 6) est mise en contexte : celui du rétablissement de la démocratie après une période de tyrannie où notre Socrate ou du moins « plusieurs de ses disciples ont été associés à ce régime qui fit régner la terreur sur la ville. » (p. 7). Socrate représentait donc une menace politique.
Au-delà d’une approche biographique, très présente dans la plupart des articles, les idées sont examinées très simplement. Les raisonnements philosophiques sont décortiqués morceau par morceau. Quand c’est nécessaire, des schémas viennent agrémenter le texte pour permettre au lecteur de ne pas perdre le fil quand les choses se corsent : Le système des 4 causes d’Aristote (p. 19), le problème de Hume (p. 33), la dialectique : une valse à 3 ou 4 temps (p. 43). Les articles les plus accessibles demeurent toutefois ceux qui sont consacrés aux philosophes les plus anciens : Socrate, Platon, Aristote, Descartes, Montaigne, Hume, Kant. C’est moins évident pour les articles présentant Derrida, Popper, Deleuze.
Au-delà des services que rendra ce Grand Dossier aux élèves de terminale ou aux étudiants en philosophie, deux limites non négligeables apparaissent. Les articles sont anonymes, à l’exception de quelques-uns signés par Louisa Yousfi. L’introduction s’en explique : « L’auteur de cette enquête se nomme Philomène. Qui est-ce ? Un « personnage conceptuel » : un terme inventé par Deleuze pour désigner les personnages fictifs et universels qui font vivre la philosophie. (…) (qui) veut simplement savoir où la philo mène… » ! Bon… Mais le nombre de coquilles et de fautes d’orthographe présentes dans le dossier laisse à penser que l’ensemble a été bouclé en vitesse. C’est dommage car le magazine Sciences Humaines n’est pas coutumier du fait.
Catherine Didier-Fèvre © Les Clionautes