BrigitteDocteur en Préhistoire, chercheuse au laboratoire de Préhistoire du Musée de l’Homme, U.R.A. 184, puis U.M.R. 9948 puis 6569 du C.N.R.S. (Pr Henry de Lumley, Institut de Paléontologie Humaine, laboratoire de. sédimentologie), UMR 9948 CNRS, Laboratoire de Préhistoire, Institut de Paléontologie humaine) et depuis 1983. Membre du G.D.R. 1945 du C.N.R.S. (Pr Denis Vialou), membre de l’ UMR 7194 du C.N.R.S. (Histoire naturelle de l’Homme préhistorique). et Gilles DellucDocteur en géologie du Quaternaire, anthropologie et préhistoire, chercheur au laboratoire de Préhistoire du Musée de l’Homme, U.M.R. 6569 du C.N.R.S. (Pr Henry de Lumley)et depuis 1983 membre de l’UMR 7194 du C.N.R.S. (Histoire naturelle de l’Homme préhistorique). sont des préhistoriens français, spécialistes de la grotte de Lascaux, de l’art paléolithique et de l’histoire de la Préhistoire en Dordogne ainsi que de la vie des « Cro-Magnons » (nutrition, sexualité et pathologie).

Autant le dire tout de suite, ce n’est pas vraiment un livre sur le « pourquoi » de cet art. Point d’explication théorique mais une présentation simple et efficace de l’art de Cro-Magnon.

Les deux premiers chapitres nous présentent l’histoire des découvertes notamment en Périgord à partir du 19e siècle mais aussi aussi les grandes personnalités de cette science (Breuil, Glory, Bégouën, Lemozi, Windels, Leroi-Gourhan). D’autres seront présentés juste à propos notamment en ce qui concerne la signification de ces œuvres (Gabriel de Mortillet, Anette Laming-Emperaire, Denis Vialou…) .

L’art de Cro-Magon n’est pas seulement constitué par celui des cavernes (c’est celui qui a été le plus conservé au travers du temps) et les auteurs ont pris soin de préciser qu’il existe aussi un art mobilier et un art rupestre (c’est d’ailleurs celui-ci qui a été découvert en premier). Une certaine logique préside à la à l’ordonnancement de ce livre : si le début aborde, comme on vient de le dire, le « comment l’a-t-on découvert ?» et « comment l’étudie-t-on ? », la suite présente le « comment a-t-il été créé ? ». On y découvrira donc les supports (les grottes et leur géologie) mais surtout la technique des auteurs : le trait, la sculpture, les gravures-peintures, les outils puis le modelé, la perspective, les « réserves », les dégradés de couleurs mais surtout l’étude des pigments, leurs compositions, leurs provenances, leurs préparations ainsi que les différents types d’application. Bref, tout ce que vous avez voulu savoir en dehors du « pourquoi ? ».

Les objets de cet art sont logiquement traités par la suite. Pas de surprise ici tant le sujet a été étudié : on y trouve les animaux les plus représentés avec une description rapide mais précise des éléments trouvés (représentation d’animaux en fonction des saisons, des périodes du paléolithique mais aussi des particularités plus rares comme poissons ou oiseaux…). La représentation humaine, les mains, les points, le sexe et les signes géométriques ferment la marche. C’est dans cette partie qu’on retrouvera (bien sûr?) deux fois (!) la fameuse scène du Puits de Lascaux (une photographie d’A. Glory et une autre vue du haut du puit par les auteurs). Pour être complet, B et G Delluc abordent rapidement aussi ce qui n’est pas représenté notamment le paysage.

« Le pourquoi » est néanmoins abordé (mais tout aussi rapidement car tel n’est pas le centre du propos). Les hypothèses comme celle de l’art pour l’art, la chasse et la magie sont présentées dès le début. De là, on passe en quelques lignes à la magie, aux hallucinations, aux sorciers et de là, à la « fameuse » « mode du chamanisme » dénoncée une fois de plus (voir le compte-rendu de « L’Homme de Lascaux et l’énigme du puit »). En face de cette théorie, les auteurs appellent à la barre la prudence et la sagesse d’André Leroi-Gourhan (leur ami et maître) dont l’hypothèse structuraliste reste années après années, une des bases de l’étude la religiosité de cette époque. Le totémisme est quand même évoqué mais on regrettera que d’autres hypothèses ne sont pas abordés telles que l’animisme et celle des mythes. On ne lira pas non plus quelques lignes sur l’hypothèse d’Alain TestartA. Testart, Art et religion de Chauvet à Lascaux, Gallimard, novembre 2016. Voir le compte-rendu [ici->https://clio-cr.clionautes.org/art-et-religion-de-chauvet-a-lascaux.html] qui peut être considéré comme le successeur d’A. Leroi-Gourhan par la rigueur de sa démonstration.
B et G Delluc font partie de ceux qui, comme J.-L. Le Quellec, pensent que cet art restera « incompréhensible pour nous, faute du commentaire qui [l’] accompagnait » et qu’on ne peux que parler « d’œuvres d’habiles professionnels au service d’une grande pensée », d’une religiosité (A. Leroi-Gourhan).

On referme ce livre avec « les dommages du temps qui passe » et l’avenir de ces chefs-d’œuvre qu’on copie aujourd’hui en fac-similés pour mieux les préserver, les protéger.

C’est le 4e ouvrage du couple publié aux éditions Ouest France après 2012 (re édit. en 2003) : La Vie des Hommes de la Préhistoire ; 2015 : Vie des Hommes au temps de la Préhistoire ; 2017 : La Préhistoire de France (déplipoche), On retrouvera en fin d’ouvrage, à côté de la bibliographie, leurs principales publications choisies parmi les très nombreux de titres qu’ils ont écrits (plus d’une quarantaine sans compter les participations à de très nombreux autres).. Au format 16×19, c’est une rapide synthèse, très illustréeLes photographies, dessins, croquis, illustrent très précisément les différents points abordés. On retrouvera, comme dans de nombreux livres sur la préhistoire, une frise chronologique bien utile pour replacer les œuvres dans la longue histoire du paléolithique., utile au néophyte, qui permet de bien cerner rapidement le sujet. Toujours accessible, le propos est généraliste mais ne manque pas de précisions, de détails. Il vient utilement compléter la réédition de « La vie des hommes à la Préhistoire »Editions Ouest-France, collection Histoire, 128 pages, 2016.