L’auteur Marc Bruet est un ancien inspecteur de police passionné de préhistoire depuis trente ans et de Lascaux en particulier. Il se livre dans cet ouvrage à une lecture de la scène du puits, une des rares scènes narratives de l’art pariétal. A partir de cette analyse et des éléments archéologiques retrouvés dans la grotte, l’auteur tente de recréer l’espace de vie des Magdaléniens du XVIIe millénaire.

Des images doubles

La scène du puits est dessinée dans une des zones les plus difficilement accessible de la grotte de Lascaux. La scène représente un rhinocéros laineux (le seul de la grotte) puis 6 ponctuations sous sa queue relevée. Placé au même niveau, la représentation de profil d’un oiseau (le seul de la grotte) dessiné sur un piquet. Au-dessus, le visiteur se trouve devant la représentation schématique d’un homme nu à tête d’oiseau avec 4 doigts sur chaque main, en érection. Près d’eux est figuré un signe à crochet composé de traits disjoints. Face à l’homme, un bison doublement blessé par un javelot et une éventration semble le charger. Retour ligne automatique
L’auteur, qui n’a pas pu voir de visu la scène du puits, mais qui a une grande connaissance des reproductions et des analyses qui en ont été faites, offre une nouvelle lecture de la scène. Retour ligne automatique
A partir de ce qui semble, au départ, des incongruités dans la construction de la scène, l’auteur y décèle des figures cachées. Retour ligne automatique
Ainsi, il remarque que les ailes et la queue de l’oiseau se retrouvent sur l’homme, au niveau des pieds et du sexe. Ce dernier, comme un oiseau, ne possède que quatre doigts. Il y aurait donc un transfert des éléments de l’oiseau (un lagopède) vers l’homme. Ce dernier esquiverait la charge du bison et quitterait un sol en surplomb pour débuter un vol plané. Retour ligne automatique
Chez le bison, un certain nombre d’anomalies (pattes antérieures par exemple) dans le dessin inclinent l’auteur à penser qu’il y a dans cette reproduction de bison moins de maladresse qu’on ne pourrait le penser. Du corps du bison viendrait une autre menace : une attaque aérienne : la tête de l’herbivore cacherait un faucon. Les entrailles du bison représenteraient le vol plané avant l’attaque, la queue, dont l’extrémité est en trident l’amorce de l’attaque. L’attaque serait symbolisée par la sagaie qui ne peut, de toute façon, avoir provoqué l’éventration du bison. Le signe à crochet symboliserait l’envol du lagopède et l’échec de l’attaque.Retour ligne automatique
Parallèlement, l’auteur retrouve d’autres images combinatoires dans la grotte de Lascaux.
Quel sens caché ?

L’auteur a remarqué un alignement entre les yeux des différents personnages et les points présents sur la scène : les trois points inférieurs des six sous la queue du rhinocéros et un qui est à mi-chemin entre l’œil du bison et son anus par lequel rentre la sagaie. Il est à noter que peu de représentations de Lascaux sont dessinées avec des yeux. Retour ligne automatique
A partir de cette hypothèse l’auteur énonce le fait que le dessin serait orienté Sud Nord et serait une description cryptée de migrations ponctuelles ou saisonnières. En effet, l’été, les Magdaléniens auraient eu à suivre les troupeaux de rennes qui constituaient la base de leur culture.Retour ligne automatique
La scène représenterait le départ vers l’Océan Atlantique en suivant la Vézère et la Dordogne. Puis les Magdaléniens seraient allés vers le Nord. Les coquillages retrouvés sur le paléosol confirmeraient ce voyage (faluns de Touraine, présent jusqu’à Rennes aujourd’hui). Le piquet planté serait alors un gnomon, un axe planté permettant, grâce à la lecture de l’ombre portée, de se diriger vers le Nord. Le rhinocéros laineux symbolise le milieu très « polaire » dans lesquels ces hommes arrivaient alors.

L’ouvrage est accompagné de nombreuses illustrations dessinées qui illustrent le cheminement de l’auteur et « démontrent » sa thèse. En fait, il n’y a aucune photographie dans le livre et certains dessins sont difficilement vérifiables, je pense à l’illustration 22 p 37. L’auteur voit dans le pelage du bison un oiseau en vol et plus particulièrement un milan. Les photos de site de Lascaux ne permettent pas de le distinguer. Enfin si une partie de la démonstration est acceptable, sa formulation aurait mérité un plan plus thématique.

Alexis Jaoul