Après la parution du Grand Atlas Homo Sapiens l’année dernière, dont on peut lire un compte-rendu de Nicolas Prévost sur la Cliothèque, Glénat publie un atlas de l’évolution de l’homme et du peuplement humain sur Terre. Comme l’année dernière, il est l’oeuvre conjointe de Telmo Pievani et de Valéry Zeitoun. Telmo Pievani est professeur à la faculté de biologie de l’Université de Padoue en Italie.
Un atlas du peuplement humain
Valéry Zeitoun est paléoanthropologue, directeur de recherche au CNRS et membre du centre de recherche en Paléontologie de Paris. Les nombreuses cartes ont été réalisées avec l’institut Libreria Geografica, à l’origine de nombreux atlas pour les lecteurs italophones, comme l’atlas des énergies ou l’atlas des drapeaux. Une courte préface de deux pages est l’oeuvre du paléontologue et paléoanthropologue français Yves Coppens.
Dès l’introduction, les deux auteurs adressent une note destinée aux lecteurs pour les prévenir des choix scientifiques qui ont été faits. Dans cette oeuvre de vulgarisation, ils précisent que « tous les spécialistes ne s’accordent pas sur le nom qu’il convient d’utiliser pour un spécimen donné, ni sur son rang taxonomique (espèces ou sous-espèce), ni sur son âge géologique » (page 2). L’objectif est de relater « de manière cohérente et synthétique un état de nos connaissances actuelles mais toutes les questions n’ont pu être abordées avec la même précision » (page 2).
Ce livre en grand format s’organise en 5 chapitres chrono-thématiques.
L’aube des homininés et les premières dispersions
Depuis les premières cohabitations en Afrique de l’Est, les homininés ont progressivement acquis la démarche bipède que l’on peut étudier à travers l’analyse des traces de pas et la capacité de produire des outils (comme ceux du site de Lomekwi 3 au Kenya). D’abord présents en Afrique de l’Est et en Afrique australe, les premiers humains sortent d’Afrique en deux vagues et atteignent le Caucase, que les auteurs présentent grâce aux études du site de Dmanisi en Géorgie. Ces migrations atteignent progressivement un territoire allant de l’Espagne (site de la Sierra de Atapuerca) à la Chine actuelle (site de Zhoukoudian) aux alentours de -1,2 million d’années.
Une pluralité de formes humaines dans l’Ancien Monde
Les premiers représentants d’homo sapiens apparaissent en Afrique subsaharienne vers -200 000. Une troisième sortie d’Afrique a lieu vers -85 000. Mais l’Eurasie était déjà peuplée par d’autres espèces humaines, dont l’Homme de Neanderthal. Les archéologues ont trouvé des traces de présence de ce cousin de « l’Espagne au Pays de Galles, de la France à la Russie, de l’Italie aux Balkans et au Moyen-Orient jusqu’à l’Altaï en passant par l’actuel Kazakhstan » (page 61). L’étude de la génétique permet de représenter l’ascendance généalogique entre les populations humaines, à parti des travaux de Luigi Luca Cavalli-Sforza, généticien italien disparu en 2018.
La seconde naissance d’homo sapiens
Les auteurs avancent l’hypothèse que l’art pariétal permet de désigner les premiers « sanctuaires de l’humanité » (page 107). De nombreuses reproductions en grand format et en couleur permettent de s’évader en observant de plus près les différentes espèces (bisons, lions des cavernes, kangourous). Des objets emblématiques tels que la Dame de Brassempouy, datant de -21 000 sont également mis en avant dans l’étude des premiers artéfacts anthropomorphes.
La révolution néolithique et l’expansion mondiale
De nombreuses cartes présentent les centres de rayonnement de l’agriculture. Depuis le Croissant fertile vers -8500, puis la Chine (-7 500) et la Nouvelle-Guinée (-7000), la domestication des plantes par les hommes est progressive et se diffuse spatialement. Des cartes présentant l’expansion du blé en Europe, puis les zones d’expansions des agriculteurs et chasseurs-cueilleurs en Afrique australe sont suivies d’un paragraphe éclairant la domestication progressive de la nature par l’Homme (page 142). La dispersion des hommes dans le Pacifique (jusqu’aux Marquises vers l’an 1000), le peuplement des steppes d’Eurasie, la conquête du Grand Nord (Russie, Canada, Groenland) et les dernières îles inhabitées (Bermudes, Kerguelen, Cap-Vert etc.) sont présentés dans les dernières pages de ce livre particulièrement riche.
Enfin, les annexes proposent une listes des principaux sites et musées préhistoriques situés en France et à l’étranger (nom, adresse, site interne) puis un court lexique des principaux termes utilisés (anthropomorphe, biface, endémisme, néolithique, pliocène , szélétien etc.).
La grande odyssée de l’évolution de l’Homme, Glénat, 2020, pages 34-35
La grande odyssée de l’évolution de l’Homme est donc une source très précieuse pour préparer le premier chapitre d’histoire en classe de sixième ou le jalon sur la « Révolution néolithique » en classe de Terminale HGGSP.
Pour aller plus loin :
- Présentation de l’éditeur -> Lien
Antoine BARONNET @ Clionautes