Janvier 2009 a été marqué par la tempête – tornade qui s’est abattue sur le Sud Ouest. Ce phénomène climatique a provoqué le désarroi d’un million de ménages privés d’électricité, celui des sylviculteurs qui ont perdu 70 à 80% de leur patrimoine naturel. Cet épisode a d’autant plus marqué l’opinion publique que la forêt landaise, ravagée il y a à peine 10 ans (cf. la tempête de 1999), se remettait à peine de ses plaies. La fréquence de tels phénomènes inquiète et amène les populations à s’interroger en profondeur sur leur modèle de développement.
Cette prise de conscience, certes tardive, satisfait les défenseurs de l’environnement qui mettent en garde depuis longtemps sur les dangers de notre manière de vivre (cf. René Dumont en 1974). Cet atlas, par le biais d’une centaine de cartes, se propose de faire un état des lieux des menaces qui pèsent sur la planète. Afin d’éviter de tomber dans le catastrophisme à la Al Gore (Une vérité qui dérange), la seconde partie de l’ouvrage (35 pages) est présentée par les auteurs comme plus optimiste puisqu’elle brosse les solutions envisageables à mettre en œuvre pour enrayer les tendances en cours.
Le Monde diplomatique est l’auteur de cet atlas et l’orientation politique du journal donne le ton aux textes qui accompagnent les documents. Si le Grenelle de l’environnement est salué, la politique de Nicolas Sarkozy l’est beaucoup moins alors qu’au moment où le texte a été mis sous presse la crise économique n’avait pas rendu nécessaire, pour la survie de la filière automobile, la mise en place d’une prime à la casse. L’Amérique de George W. Bush fait aussi l’objet de la vindicte des auteurs : la non ratification du Protocole de Kyoto expliquant sans mal cette position. Les multinationales sont aussi la cible des auteurs. Ainsi, le document de la page 17 intitulé Comment Exxon Mobil lutte contre le réchauffement climatique est en fait constitué par des cercles proportionnels aux sommes versées par Exxon Mobil à des lobbies contestant l’existence du réchauffement climatique. Les entreprises de transports routiers ne sont pas épargnées, non plus. Les auteurs proposent de taxer le transport routier en fonction des émissions de CO2 du véhicule et de son poids ainsi que les retours à vide vers leur point de départ. Les consommateurs sont aussi montrés du doigt, eux qui achètent sans état d’âme du mouton de Nouvelle Zélande ou des cerises du Chili au lieu de privilégier les produits locaux ou de saison. Les auteurs rappellent qu’un seuil maximum de 1,8 t de CO2 / personne / an (tous besoins confondus) est à ne pas dépasser afin de garantir l’équilibre du climat.
En une cinquantaine de doubles pages, l’atlas brosse un grand nombre de notions : empreinte écologique, peak oil, « juste à temps », pédibus, étalement urbain, pavillons de complaisance… Les documents choisis sont souvent issus des sites internet d’ONG environnementalistes. Le ton, malgré l’avertissement des auteurs, est plutôt catastrophique. Le texte et les documents sont d’un accès facile, y compris à des lycéens. La formule d’une double page par thématique permet de passer en revue un grand nombre de sujets dans un volume réduit.
Malheureusement, la nuance n’est pas la qualité première de cet opus. C’est regrettable car il ressort au final de la lecture de cet ouvrage que les choses sont terribles. Trop souvent, l’Homme est vu comme un prédateur. Ce n’est d’ailleurs pas pour rien que l’atlas s’appelle L’Atlas de l’environnement et non L’Atlas des Développements durables.
Beaucoup de solutions mises en avant dans la seconde partie de l’ouvrage ne sont pas durables. Ainsi, la Suède est montrée comme un modèle (elle cherche à se passer du pétrole) alors qu’elle mise sur les agro-carburants produits au Brésil et dont le coût environnemental est loin d’être neutre. Un peu plus loin dans cette partie, les auteurs montrent pourtant bien les limites de ces choix. L’ensemble manque donc d’unité. De plus, cet atlas, publié en septembre 2008, comporte des textes qui ne sont pas à jour. Ainsi, la double page Lyon-Turin, un projet de ferroutage controversé évoque l’ouverture future en juin 2007 du tunnel du Lötschberg et fait mention du gouvernement de Romano Prodi (démissionnaire depuis janvier 2008). A la lecture de telles coquilles, le lecteur est en droit de se demander si L’Atlas de l’environnement de septembre 2008 n’est pas le recyclage de textes non publiés dans le précédent Atlas du Monde diplomatique paru en septembre 2006 ?
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