Cet ouvrage est le catalogue d’une exposition temporaire du Mémorial de Caen. Celle-ci propose de découvrir les multiples facettes du pays dans lequel les soldats américains ont grandi. C’est donc une histoire des États-Unis, durant l’entre deux guerres, richement illustrée, qui est ici proposée. Elle est structurée en trois grands thèmes, à savoir les années 1920 : une Amérique aux multiples visages, crise et rebond et enfin l’Amérique en guerre. Chaque thème est organisé en plusieurs chapitres.

1919 : l’an premier du siècle

C’est la fin de la guerre mais aussi le début de la prospérité économique. Des bandes de jeunes Blancs armés de bâtons et de pierres sillonnent les quartiers noirs et s’attaquent aux passants sans être guère inquiétés par la police. Mais, à la différence d’avant, les Africains américains répondent à ces violences. C’est donc une décennie pleine de contrastes.

L’âge de la prospérité

La normalité retrouvée est celle du laissez-faire économique. C’est l’époque où apparait le thème du ruissellement. La philanthropie est, à l’époque, la manière de répondre aux critiques visant les dérives du capitalisme. La prospérité permet de détourner les classes populaires des options politiques les plus radicales. Le livre évoque aussi les Osage de l’Oklahoma, montrés également dans le livre de David Grann. Entre 1919 et 1929, la production d’acier augmente de 70 %, celle des voitures de  255 %. C’est donc une société encore traditionnelle et un pays à la modernité radicale.

L’automobile et le frigidaire

La publicité explose, générant en 1929 des revenus quatre fois supérieurs à ceux de 1922. Il existe des stratégies différentes entre Ford et Cadillac. L’automobile transforme les paysages. Les années 20 présentent, aux yeux des puritains, tous les aspects d’un effondrement moral.

Les roaring twenties

Le personnage de Gatsby est resté l’image des roaring twenties. Les médias se développent, notamment le théâtre et la radio. En 1929, un tiers des foyers américains est équipé d’un poste radio. Le jazz se développe mais aussi la pègre. Les tabloïds misent sur le spectaculaire. Le quartier de Harlem est la capitale politique et culturelle officieuse de l’Amérique noire dans les années 20. Le Cotton Club était célèbre pour ses spectacles de variétés. Il apparait comme le reflet des grandes contradictions de cette époque, renforçant les préjugés de race, tout en offrant la possibilité à des artistes africains américains de lancer leur carrière.

Flappers et femmes au foyer

Le terme de flappers désigne les garçonnes court vêtues qui troquent le corset pour la brassière. C’est au cinéma que triomphe la flapper incarnée par plusieurs superstars. Le terme de goldigger désigne lui la croqueuse de diamants. Finalement, les années 20 sont celles d’une émancipation inachevée. Pour la morale dominante, le véritable destin de l’Américaine reste celui de la femme au foyer. Toute une culture autour de la plage se développe et se retrouve dans les films d’époque.

Harlem et Renaissance

En 1930, les Africains américains représentent 70 % de la population de Harlem. Rejetant l’imitation de l’art blanc, la Harlem Renaissance célèbre la richesse d’une culture noire nourrie par l’expérience de l’esclavage et par ses liens avec l’Afrique. Il ne faudrait cependant pas oublier que les années 20 sont également celles de l’essor du Ku Klux Klan.

Et, d’un coup, le rêve a explosé

Ce premier chapitre de la deuxième partie commence par les photographies iconiques de Dorothea Lange. L’idée alors s’impose que les racines de la crise sont à chercher dans la prospérité des années 20. La crise boursière entraine une crise bancaire, une chute brutale de la production industrielle avec une flambée du chômage. Dans les campagnes, les prix déjà bas des années 20 avaient poussé les agriculteurs dans une spirale de surproduction. Soudain les prix baissent et la demande s’évapore. Les paysans se retrouvent avec des stocks impossibles à écouler. L’érosion des terres a été accélérée par la surproduction des années 20 donnant naissance au phénomène des dust bowls.

La révolution Roosevelt

Hoover a longtemps été caricaturé, mais il n’est pas en réalité le partisan d’un laissez faire obstiné tel qu’on l’a souvent décrit. La population retient néanmoins son refus d’aider les plus démunis. Hoover a envoyé des troupes et des tanks contre les vétérans de guerre qui protestaient. Roosevelt, lui, se caractérise par son sens des médias, et l’album montre quelques-uns des goodies démocrates de l’époque.

La vie politique au temps du New Deal

Roosevelt a des ennemis à droite et de la concurrence à gauche politiquement. Il faut bien avoir en tête qu’il y a plusieurs phases dans le New Deal. En tout cas, un système fédéral de sécurité sociale est mis en place avec le Social Security Act. Ce n’est finalement qu’avec le passage à une économie de guerre que les Etats-Unis sortiront pour de bon de la Grande dépression.

Une guerre d’images

Les sigles de la trentaine d’agences du New Deal se déclinent en badges, pins, écussons ou encore bannières. A l’époque du New Deal, les luttes politiques investissent autant la publicité que la photographie, le cinéma ou le roman. « Les raisins de la colère » en sont un exemple célèbre.

Rêves d’évasion

C’est également une époque où est inventé le chariot de supermarché ou encore le Monopoly. La moustache et le haut de forme de sa mascotte évoquent l’ancien secrétaire d’Etat au Trésor, Andrew Mellon. Le Monopoly doit avant tout son succès à la nostalgie de la prospérité perdue. Pour finir de dresser le portrait de cette époque, le livre évoque également les dessins animés de Walt Disney ou le film « King Kong ». Peut-être l’univers du spectacle échappe-t-il mieux que d’autres à la crise, mais son histoire, tout au long des années 30, reste indissociable de la Grande dépression.

Un pays-monde

Dans cette dernière partie, les auteurs soulignent d’abord qu’il ne faut pas réduire la politique étrangère des États-Unis dans l’entre deux guerres à une période de repli isolationniste. Certes, les États-Unis ne sont pas à la SDN, mais ils participent par l’intermédiaire de fondations philanthropiques.

Face à Hitler

L’Allemagne représente pour Hollywood un marché très important. Warner Bross est le seul à se retirer du marché allemand après 1933. Le livre rappelle par ailleurs que si «  Le dictateur » a été tourné en 1940, il a fallu attendre 1945 pour qu’il soit visible en France.

De Pearl Harbor à Overlord

Loin d’amener à la table des négociations un adversaire dont le Japon surestimait le refus de guerre, Pearl Harbor précipite les États-Unis de tout leur poids dans le conflit. On assiste alors à une flambée de racisme anti-Japonais aux États-Unis. Pour une bonne partie du peuple américain, l’ennemi ce sont les Japonais bien plus que les nazis.

L’effort de guerre

La propagande de guerre vise tout le monde, y compris les enfants. Le passage à une économie de guerre a des conséquences territoriales avec la place croissante de la côte Ouest. Dix-sept millions de nouveaux emplois sont créés. De nombreux spécialistes des médias se mettent au service de l’effort de guerre. « Casablanca », qui sort en 1942, a la guerre comme toile de fond.

 

Au final, ce livre abondamment illustré offre un panorama très complet de cette Amérique de l’entre-deux guerres. De nombreux documents et informations pourront servir dans le thème 1 de Terminale lorsque l’on aborde la crise de 1929.