Chaque année, le 25 avril, le Portugal se rassemble pour célébrer la Fête de la Liberté. En 1974, le pays sort de plusieurs décennies de dictature. Avec ce livre, l’auteur revisite cet évènement décisif qu’est la révolution des oeillets. L’ouvrage comprend un certain nombre de cartes et de photographies ainsi qu’une chronologie, une liste de sigles notamment.

L’auteur

Yves Léonard est l’auteur de nombreux ouvrages sur le Portugal comme  » Histoire du Portugal contemporain ». Docteur en histoire, il est membre du Centre d’Histoire de Sciences Po. Cette révolution est un moment à part comme le prouve le rôle inhabituel joué par des militaires. Guère imitée, cette révolution a néanmoins ouvert la voie à une vague de démocratisation.

Un matin qui vient de loin

L’auteur revient d’abord sur le régime qui se caractérise par l’absence de libertés publiques et d’élections libres avec le soutien de l’Eglise catholique, de l’armée et du patronat. Durant la Seconde Guerre mondiale, le régime a su faire preuve de ductilité. Membre fondateur de l’Otan en 1949, le Portugal est courtisé par les puissances occidentales. La décennie qui commence en 1958 par la candidature du général Delgado à l’élection présidentielle et se termine en 1968 par l’AVC de Salazar correspond à la remise en cause de l’omnipotence du dictateur.

L’après Salazar

Caetano, un hiérarque du régime, lui succède. Il entend incarner une transformation du régime mais l’illusion tombe bien vite. En 1972, trois écrivaines sont traduites en justice pour outrage aux bonnes moeurs pour leur livre « Nouvelles lettres portugaises » où elles dénoncent une société aliénante et patriarcale, rongée par la guerre coloniale. L’Etat salazariste est bloqué sur le plan politique alors qu’en même temps le pays connait une forte croissance économique. Cependant, la pauvreté demeure endémique et le pays perd régulièrement des habitants. Il faut se rendre compte qu’en 1973 les guerres outre-mer absorbaient un tiers des dépenses de l’Etat. En avril 1974, la révolution commence par une chanson.

Quelle révolution ?

Le soulèvement implique peu de monde, moins de 2 000 soldats et officiers. C’est en remontant la rue Augusta que, dans la colonne de blindés, un soldat perché sur un M47 interpelle une femme pour avoir une cigarette. Celle-ci lui répond qu’elle n’en a pas, mais seulement des oeillets. A une heure trente, les membres de la Junte, présidée par le général Spinola, se rendent au siège de la télévision pour lire une proclamation qui officialise la chute du régime salazariste et annonce le rétablissement des libertés publiques. Spinola échoua à devenir le De Gaulle portugais que certains voulaient voir en lui. La deuxième phase du processus révolutionnaire s’étend de la nomination de Costa Gomes comme président de la République à la tentative du coup d’Etat par les partisans de Spinola le 11 mars 1975. Après cette date, c’est la troisième phase qui s’achève par l’échec d’un ultime coup tenté par l’extrême-gauche le 25 novembre 1975.

25 avril, toujours !

Les observateurs étrangers sont venus à Lisbonne pour tenter de trouver dans ce « Cuba d’Europe du sud » des réponses aux convulsions politiques de l’époque. Il n’y a pas eu de commission nationale de la vérité et de la réconciliation comme au Brésil entre 2011 et 2014 pour enquêter sur les violations des droits de l’homme commises sous la dictature. Il est difficile de démystifier sans mythifier en sens inverse.            » Aucune lecture du passé n’est innocente et les historiens ne font pas exception » mettait en garde Pierre Laborie.

Ce livre d’Yves Léonard permet donc d’envisager la révolution des oeillets en la replaçant dans un temps long et en montrant quels souvenirs elle a laissés. Cet ouvrage peut aussi servir dans le cadre de l’HGGSP en première dans le cadre de la question sur la démocratie.