Dans leur opuscule Le confinement et la « plateformisation » de la culture, consultable gratuitement en ligne sur le site des Presses Universitaires de Grenoble, Olivier Thuillas et Louis Wiart s’intéressent au développement des plateformes culturelles en lien avec la crise sanitaire de 2019-2021.
La pandémie de Covid 19 a en effet entraîné une accélération de « la consommation » en ligne de biens culturels, les auteurs indiquant que « la crise sanitaire paraît en effet avoir donné un sérieux coup d’accélérateur à la dynamique de « plateformisation » de la culture engagée depuis les années 2000 (p.5) ».
Si l’ensemble des plateformes a manifestement profité du confinement, on observe toutefois des différences entre les différents acteurs ayant investi ces supports. Le jeu vidéo est celui qui s’est le « mieux porté » durant la période. Les plateformes de SVOD (vidéo à la demande par abonnement) ont également vu le nombre de leurs utilisateurs fortement augmenter (les auteurs relèvent qu’en 2020, en France, le marché de la vidéo à la demande a augmenté de 35%). La consommation de livres numériques a été favorisée par le confinement en raison de la fermeture des librairies mais la vente de livres papiers a connu également une explosion entre 2020 et 2021 sans forcément ne profiter qu’aux très grandes plateformes. Enfin le secteur du streaming musical a « traversé favorablement » la crise sanitaire.
La pandémie a aussi eu pour conséquence d’accélérer le « devenir plateforme » des grandes institutions culturelles. Pour pallier à l’absence d’ouverture des sites, des contenus numériques de toutes sortes ont ainsi été réalisés.
Avec la fin de la crise sanitaire, les grandes plateformes culturelles ont connu un ralentissement de leur croissance. Certains comportements, comme la consommation en ligne de films, se sont durablement installés mais d’autres, à l’instar de la consommation de livres numériques, se sont rétractés.
Les auteurs concluent ainsi que « la fin de la crise sanitaire a été marquée par des prises de distances avec les expériences numériques vécues sur les plateformes et par l’envie de ressortir, de voir du monde, de retrouver tout ce qui créé du lien réel (p.9) ».
Un petit ouvrage particulièrement éclairant sur l’histoire des comportements culturels durant une pandémie majeure de ce premier quart de vingt-et-unième siècle.