L’autre Jérusalem est le troisième et, a priori dernier tome de la trilogie autobiographique de Michel Kichka , après Deuxième génération (2012) et Falafel sauce piquante (2018). Il nous plonge cette fois dans le contexte de la pandémie de Covid 19, et s’étend sur la période allant de mars 2020 à décembre 2021
Les deux premières pages sont intemporelles, et chaque lecteur se retrouvera dans la mise en situation d’origine de cet album : l’assignation à résidence, des médias en boucle sur le même sujet, la courbe des contaminations… et la possibilité de sortir s’aérer dans un périmètre restreint. Ce n’est qu’à la troisième page que nous plongeons véritablement dans l’univers de l’auteur : Israël, Jérusalem, et son histoire. Car, au-delà d’une introspection personnelle au cours de laquelle auteur nous raconte l’origine de sa vocation de dessinateur, sa première leçon d’antiracisme à l’âge de neuf ans, l’importance de son époux Olivia, et le décès de son père à cause du Covid. Mais c’est aussi l’histoire d’Israël, de Jérusalem mais aussi plus largement les bouleversements qui ont secoué le monde occidental qui nous sont racontés et remis en perspective.
De la proclamation de l’État, aux exactions commises par les colons envers les Palestiniens, l’affaire des caricatures et les attentats de 2015 jusqu’à la politique extrémiste de Nétanyahou, cet album est aussi l’occasion pour Kichka de dresser un bilan de la société israélienne, qui, depuis le 7 octobre prend une nouvelle résonnance. Sans aucune concession, mais aussi sans agressivité, tout en évitant un idéalisme hors sol et avec une poésie spontanée, le tout servi par les très beaux dessins narratifs de Kichka, cet album est aussi et avant tout un magnifique plaidoyer en faveur du vivre ensemble, et du rejet des extrêmes des deux côtés qui, sont au service des temps obscurs cherchant à s’imposer actuellement. A lire assurément …