Cette BD est une réédition de la BD parue chez le même éditeur en 2013. Elle passe de 80 à 96 pages, le corps global de l’oeuvre étant complété par un dossier complémentaire qui permet de prendre du recul sur un sujet délicat en Angleterre; la reconnaissance extrêmement tardive du rôle d’Alan Turing dans l’histoire du pays et la victoire lors de la Seconde Guerre mondiale.

Alan Turing est un jeune prodige des mathématiques. Et ses talents doivent servir la Nation. Dans le contexte de l’avant-guerre et du début de la Seconde Guerre mondiale, l’Etat-major britannique s’inquiète des succès de l’armée nazie et essaie par tous les moyens de trouver le secret de leurs transmission. Il va devoir, avec d’autres talents réquisitionnés pour l’occasion, décrypter la machine Enigma.

Porté par l’émulation, la volonté de servir son pays mais aussi de s’affirmer personnellement, Alan Turing parvient à déchiffrer cette machine et lance, par la même occasion, les bases du codage informatique.

Un succès total? Evidemment que non, sinon l’histoire serait trop belle. Deux éléments viennent entacher ce tableau quasi idyllique. Tout d’abord, l’utilisation de sa découverte. Alan Turing doit accepter le fait que tous les messages décryptés ne pourront être utilisés pour sauver la vie des soldats britanniques. En effet contrecarrer tous les plans nazis, ce serait leur montrer que leur machine Enigma a été décodée.

Ensuite, c’est son homosexualité qui est rejetée. Parfois par lui-même, mais surtout par les politiques et l’armée britanniques, à une période où l’homosexualité est à la fois vue comme un pêché et une maladie. Condamné par la justice de son propre pays pour « indécence grave », il en ressort profondément meurtri, blessé et déstabilisé. Pour un cerveau comme le sien, ce rejet l’amène à se poser des milliers de questions et aboutit à un événement tragique, son suicide au début des années 50.

Le dossier documentaire de fin de BD retrace et approfondit tout ce parcours, notamment cette très très longue reconnaissance, qui se matérialise aujourd’hui par des monuments, l’ouverture d’un musée de l’informatique à Bletchley, mais surtout la grâce royale d’Elisabeth II en 2013. Cette dernière le reconnait officiellement comme « héros de guerre », un statut évident et logique mais qui s’est longtemps refusé pour de mauvaises raisons.

Les auteurs nous livrent donc un récit passionnant et virevoltant, entre intimité, querelles scientifiques et nécessité de guerre. A l’image d’un destin si particulier.

Présentation de la BD sur le site de l’éditeur

« Redécouvrez dans une nouvelle édition l’histoire d’Alan Turing, homme d’exception qui a su percer tous les codes secrets, sauf un seul : le sien. Londres, 1938. Les services secrets britanniques recrutent un jeune et brillant chercheur en mathématiques : Alan Turing. Sa mission : déchiffrer les codes de l’Enigma, la machine qui permet de transmettre les instructions du Führer à ses troupes. Toutes les tentatives de décryptage ont échoué jusque-là.

C’est le plus grand défi de la vie d’Alan Turing. Un bras de fer scientifique inouï. Dans le secret le plus total, il s’attelle à la tâche. Et réussit. En cassant le code Enigma, Turing donne un avantage décisif aux Alliés et jette les bases de la révolution informatique.

Son succès aurait dû le mener au faîte de la gloire, mais il doit se cacher et rester dans l’ombre. Dans l’Angleterre puritaine, son homosexualité est une marque d’infamie. La justice le condamne à la castration chimique. Le 7 juin 1954, c’est un homme seul et désespéré qui met fin à ses jours en croquant une pomme empoisonnée. »

Présentation des auteurs sur le site de l’éditeur

« Arnaud Delalande est écrivain et scénariste. Il est l’auteur d’une dizaine de romans historiques traduits dans de nombreux pays comme Le Piège de Dante et la série des Viravolta, scénariste d’une quarantaine d’albums de BD tels Aliénor, Surcouf. En 2017, il co-scénarise l’adaptation des livres d’Antoon Krings Les Drôles de petites bêtes pour le cinéma et écrit avec Olivier Balazuc le livret de l’opéra Little Nemo in Slumberland de David Chaillou. Il est co-auteur, avec Éric Liberge, du Cas Alan Turing, des deux tomes de La Jeunesse de Staline et de Fritz Lang le Maudit aux Arènes BD.
Il a créé avec Stéphane Carrié et d’autres aficionados Les Forces du Malt, un petit cercle de chevaliers qui se rencontrent régulièrement depuis 2011. »

« Le dessinateur Éric Liberge a été lauréat du prix René-Goscinny en 1999 pour Monsieur Mardi-Gras Descendres (Pointe Noire). Chez Soleil, il a publié Tonnerre rampant et Metal. En 2004, il entame une collaboration avec Denis-Pierre Filippi, Les Corsaires d’Alcibiade (Dupuis), dont l’action se situe dans l’Angleterre du XIXsiècle. En 2012 et 2013, il participe à deux albums sur le château de Versailles, un projet scénarisé par Éric Adam et Didier Convard, chez Glénat. Il est l’auteur de plusieurs biopics sur Camille Claudel, Staline et Alan Turing. »