Cet album réunit un scénariste français Christophe Cassiau-HaurieBarly Baruti, Christophe Cassiau-Haurie, Madame Livingstone, éditions Glénat, 2014, 128 p. ; Barly Baruti (ill.), Christophe Cassiau-Haurie (sc.), Le Singe jaune, Glénat, 2018, 112 p. et un illustrateur malien Massiré Tounkara déjà réunis pour Sommets d’Afrique publié chez L’Harmattan en 2013.

Ils abordent ici un épisode de l’histoire des tirailleurs sénégalais, auxiliaires de la colonisation. Le titre a été choisi en hommage à Léopold Sedar Senghor comme l’indique la citation en titre : « Oui Seigneur, pardonne à la France […] qui ouvre des voies triomphales aux héros et traite ses Sénégalais en mercenaires, faisant d’eux les dogues noirs de l’empire »In Hosties noires, « Prière de paix », poèmes, Le Seuil, 1948. Texte du poème : https://www.poesies123.com/poeme-priere-de-paix-leopold-sedar-senghor/.

La BD s’ouvre sur un discours du général Mangin venu défendre son projet de Force noire devant l’Assemblée nationale en 1910, Vous pourrez trouver plusieurs recensions sur ce thème sur la CliothèquePascal Blanchard (dir), La France noire, Trois siècles de présences des Afriques, des Caraïbes, de l’Océan indien et d’Océanie, préface d’Alain Mabanckou, La Découverte, 2011, 359 p. Solidarité internationale, Jean-Paul Gourévitch (coord.), Les Forces noires africaines. Avant, pendant et après la Grande Guerre, SPM, 2018, 266 p. Philippe Buton, Marc Michel (dir.), Combattants de l’empire. Les troupes coloniales dans la Grande Guerre, Vendémiaire, 2018, 360 p. Éric Deroo, Antoine Champeaux, La Force noire, ECPAD – Cinéma Armées. 2009..

Si les tirailleurs ont participé au premier conflit mondial sur le front français, des combats ont aussi eu lieu en Afrique aux frontières des colonies anglaises, françaises, belges et des colonies allemandes, une guerre oubliée. C’est un de ces épisodes qui sert de trame à la BD. Elle est divisée en deux chapitres : Togoland puis Kameroun.

Togoland

Juillet 1914 des villages brulent de part et d’autre de la frontière entre le Dahomey et le Togo, les autorités françaises comme allemandes, devant le climat de tension en Europe, recrutent des soldats au sein du peuple Kabyé, les même familles présentes de chaque côté de la frontière se réunissent pour l’initiation des jeunes hommes et pour éviter l’incendie de leurs villages. Deux cousins : Babacar le Togolais et Bakary du Dahomey s’engagent dans deux camps très vite ennemis.

Deux destins parallèles sont décrits : enrôlement, entraînement militaire, combats sur la frontière. On retrouve ici un thème déjà abordé par Christophe Cassiau-Haurie dans Madame Livingstone de part et d’autre du lac Tanganika entre Belges et Allemands.

Kameroun

Le sort du Togoland étant scellé, les opérations se déplacent au Kameroun. Le soldat Bakary dont la mère est camerounaise et dont il parle la langue, est envoyé en mission auprès du prince Douala, révolté contre la puissance coloniale. Dans les durs combats qui suivent Bakary retrouve son cousin blessé, mort ?

La BD est bien documentée, l’utilisation sans excès de Français tirailleurs rappelle les positions hiérarchiques. Le récit, tant pour le texte que les illustrations, est sobre et sans pathos mais ouvre à la réflexion sur le sort de ces deux jeunes hommes et leurs compagnons.

Une page informative resitue la BD dans le contexte historique, notamment de la colonisation allemande, elle est complétée d’une courte bibliographie.

Présentation de l’éditeur. « Dahomey, août 1914. Bakary, jeune guerrier de l’ethnie kabyé doit s’engager chez les tirailleurs sénégalais pour éviter que son village soit rasé par l’administration coloniale. Son régiment d’affectation a pour mission d’envahir le Togo voisin, territoire sous protectorat allemand, qu’un simple ruisseau sépare du Dahomey. Les frontières coloniales ne tenant pas toujours compte des réalités locales, Bakary se trouve confronté à son peuple, dont son propre cousin… Cette bande dessinée à la ligne claire évoque cette page méconnue de l’histoire de l’Afrique. (bande dessinée couleurs) ».