Présentation de l’éditeur. « Comment imaginer que voici 150 ans, il a fallu toute la détermination de Pierre de Nohlac pour sortir de l’oubli le Château de Versailles ?

Comme toute sa famille, Henri mène une vie de château… Et pas dans n’importe lequel ! Au château de Versailles où son père travaille. Mais grandir dans un palais ne rend pas la vie forcément plus belle, surtout lorsque votre père a décidé de dédier la sienne à cet édifice.

En 1887, Pierre de Nolhac est nommé attaché au Château de Versailles afin de veiller sur ses collections, derniers trésors d’une royauté désormais abolie. Le jeune homme a de l’ambition : rapidement promu conservateur, il veut que le palais du Roi-Soleil retrouve une place de choix dans le cœur des politiciens, des artistes, des Français tout simplement. Il mettra toute son énergie pour redonner au lieu ses lettres de noblesse… Mais à quel prix pour sa vie personnelle et celle de ses proches ?

Son fils Henri nous conte sa vie de famille et de château, un récit mêlant joies et drames, petite et grande histoire… ».

Servi par le quatuor Labat-Vébert-Lemardelé-Vitrebert, Le Château de mon père. Versailles ressuscité est une bande dessinée qui comptera. Pour les amoureux de Versailles ? Pas uniquement. En effet, l’ouvrage est tout d’abord remarquable d’un point de vue esthétique ; les lavis noir et blanc de Vitrebert sont magnifiques (pages 4 et 11), alternant des formats variés. De plus, sa maîtrise dévoile un riche éventail de nuances architecturales, humaines et d’ambiances : Un tour de force pour cet artiste dont c’est la première bande dessinée.

Saga polymorphe…

Ensuite, le destin de Pierre de Nolhac (1859-1936), ce héros qui donne tout à Versailles où il est nommé attaché de conservation en 1887, montre l’évolution passionnante du monument dans son contexte muséal (du simple musée périphérique au site internationalement reconnu), national, via les arcanes de l’administration de la IIIe République ou le Tout-Paris et international, grâce aux visites de personnalités étrangères tel le tsar, aux expositions universelles (celle de 1900) ou encore à la Première guerre mondiale. Ainsi, les échelles spatiales, temporelles s’imbriquent et autorisent une relecture de Versailles à plusieurs niveaux.

…de l’homme et du monument

Enfin et surtout, cette histoire révèle une vie à la charnière des XIXe et XXe siècles, absorbée par une mission — une carrière ? — qui affecte grandement la vie privée du héros, dont la famille est écrasée par le monument. Ce dernier aspect confère au récit une pâte humaine appréciable, récit narré par Henri, un des fils du héros. Saga familiale donc, centrée sur un homme issu de la petite noblesse auvergnate, avide de reconnaissance personnelle et hanté par le château qu’il sert continuellement. Le travail de recherche historique consenti en amont est considérable, tant au niveau de la mobilisation de la mémoire des de Nolhac que dans les investigations proprement versaillaises.

Ce roman graphique est tout particulièrement indiqué pour le nouveau programme de première d’histoire. Il a toute sa place au sein du thème 3 et de l’entrée Permanences et mutations de la société française jusqu’en 1914, autour de l’évolution de la place des femmes par exemple. Enfin, saluons ici l’excellent travail des éditions La Boîte à bulles, sises en Touraine, qui ont collaboré avec le château de Versailles pour cette publication.