A travers le combat de légende entre Mohammed Ali et Joe Frazier, ce sont plusieurs pans de l’histoire des Etats-Unis que les auteurs dressent devant nous. Tout d’abord, celle de la ségrégation et de l’affirmation des droits des Noirs, cette Amérique cotonnière où naît et grandit Joe Frazier. Dès son plus jeune âge, il devine que son destin se fera loin de sa famille, dans le refus du destin tracé par les propriétaires blancs.
Ensuite, celle des luttes de clans, des oppositions politiques entre leaders auto-proclamés du mouvement d’égalité raciale. Luttes dans lesquelles Martin Luther King et Malcom X perdront la vie. Où Mohammed Ali se dressera contre le leader de la Nation of Islam, Elijah Muhammad, après que celui-ci l’a converti à l’islam.
Celle des débats autour de la guerre du Vietnam, du refus du plus grand champion de boxe de l’époque de servir dans l’armée dans ce bourbier si loin de ses valeurs.
Les deux hommes qui s’affrontent au Madison Square Garden de New York, en mars 1971, portent un lourd passé avec eux. Et leur rivalité transpire de l’ensemble des combats et des débats qui traversent les Etats-Unis et particulièrement une communauté noire que l’un et l’autre semblent incarner, Mohammed Ali se présentant plus facilement comme un leader noir, Joe Frazier évitant l’amalgame et la simplicité de mots trop porteurs de sens et de poids.
Mais c’est aussi un combat de deux hommes surs d’eux, sur de leur boxe, certains de gagner. Un combat préparé médiatiquement par son lot d’invectives et de provocations, de choix de clans protecteurs. Joe Frazier n’oubliera jamais les mots de Mohammed Ali: « c’est un Noir d’une autre espèce ». Comme il n’oubliera jamais qu’il combat d’abord pour sa famille proche et lui.
Le reste de l’aventure appartient à  l’Histoire…
Cette BD est un véritable coup de coeur, un récit qui se traverse en apnée tant il semble impossible d’en décrocher. Le rythme est parfait, alternant entre phases de temporisation et de plongée dans l’humain et phases de combats sociétaux et sportifs. Tout cela est servi par un dessin impeccable, aux couleurs chaudes et envahissantes.
Présentation sur le site de l’éditeur
« New York, 8 mars 1971. Joe Frazier, à l’apogée de sa carrière, affronte Mohamed Ali au Madison square Garden, pour le titre du champion du monde WBA & WBC des poids lourds. Adepte de Martin Luther King, tout l’oppose à Cassius Clay, rebaptisé Mohamed Ali par Elijah Muhammad, le gourou de l’organisation nationaliste noire Nation Of Islam. La rencontre entre les deux hommes cristallise toutes les tensions et les luttes pour les droits civiques qui secouent le pays. Leur match devient le combat du siècle. Cette biographie réhabilite le parcours de Frazier, immense champion aux valeurs humanistes.
Né en 1944 en Caroline du Sud, benjamin d’une fratrie de douze enfants, Joe Frazier quitte l’école tôt pour aller travailler dans les champs de coton. Mais son rêve est de devenir boxeur. Travailleur acharné, il sait qu’il lui faut réussir pour s’intégrer et s’affranchir de la ségrégation. Et sa réussite passe par les gants. Il croise sur sa route Cassius Clay, dont il admire le panache.
Disciple d’Élijah Mohamed qui prône la séparation des Noirs avec cette société blanche qui les asservit, Clay se convertit et devient Mohamed Ali et le symbole charismatique du mouvement.
L’enfant des champs de coton de Caroline du Sud contre l’élève de l’école de Louisville Kentucky, le petit puncheur râblé contre le grand et élégant technicien, le monde entier a le regard braqué sur un ring de boxe. »
Présentation de l’auteur sur le site de l’éditeur
« Enfant de la banlieue lyonnaise, Loulou Dedola commence sa carrière d’auteur par la chanson, avec son groupe RCP. Sa connaissance de la banlieue et ses voyages lui inspirent ses premiers romans et bande dessinées. Il s’essaie au documentaire pour la télévision (90 minutes, Envoyé Spécial). Il publie son premier roman 419 African Mafia qu’il adapte en bande dessinée et pour le cinéma (avec Richard Bohringer dans le rôle principal).  Déjà complice sur Fela Back To Lagos, il retrouve son dessinateur fétiche avec lequel il compose un duo fusionnel. »
Présentation du dessinateur sur le site de l’éditeur
« Luca Ferrara est né en 1982. En parallèle à la bande dessinée, Luca travaille dans l’animation, le graphisme et la publicité. Il publie en Italie en 2010 une enquête graphique sur un jounaliste assassiné par la mafia, Pippo Fava. L’esprit d’un journal avec Luigi Politano pour lequel il obtient le prix Giancarlo Siani attribué pour la première fois à une bande dessinée. En 2019, avec Loulou Dedola, il fait paraître chez Glénat Fela back to Lagos. »