Introduction
L’auteure présente l’illustration choisie en couverture afin d’illustrer l’ambiguïté entre l’atmosphère que dégage l’aquarelle (ci-contre) et la réalité des rapports entre les Noirs et les Blancs aux États-Unis.
La problématique de son ouvrage est la suivante : Pourquoi et comment une république fondée sur des principes de droits universels a-t-elle toléré et même encouragé l’esclavage jusqu’à la guerre de Sécession ?
Une explication des bornes chronologiques est également donnée, tout comme le choix du terme « antiesclavagisme » qui « offre une plasticité que l’on ne retrouve pas d’ailleurs dans le terme « abolitionnisme ».
L’introduction s’achève par une historiographie claire et synthétique et par le plan de l’ouvrage.
Les origines coloniales du mouvement antiesclavagiste en Amérique du Nord : élan spirituel, influence des Lumières et agentivité noire
Ce chapitre propose un état des lieux des mouvements antiesclavagistes en Amérique du Nord, mais également en France.
Un point sur le quaker Anthony Benezet permet de comprendre les idées des antiesclavagistes de la période.
Cette première partie est richement documentée par de nombreux extraits et des notes en bas de page très éclairantes pour le lecteur.
De la Révolution à la guerre de 1812 : des droits de l’Homme aux discriminations
Le prologue du deuxième chapitre nous plonge dans le récit de Venture Smith, la vie d’un esclave qui « parvient à acheter sa liberté, puis celle de sa famille, avant de devenir un fermier prospère et un entrepreneur couronné de succès ». Son exploitation sert d’exemple d’intégration des Noirs dans la nation américaine.
La suite du chapitre est centrée sur la législation concernant l’esclavage et son abolition, de 1775 à 1812.
Ce chapitre est essentiel, pour ma part, car il éclaire le lecteur sur les différents écrits législatifs. De plus, les points historiographies sont fondamentaux pour la compréhension de l’étude effectuée par l’auteure.
De l’antiesclavagisme à l’abolitionnisme d’Est en Ouest : 1800-1830
Dans ce chapitre, il est question de l’expansion de l’esclavage vers l’ouest de 1803 à 1830, avec notamment la description des associations antiesclavagistes, mais aussi de l’American colonization Society. L’étude est également descriptive sur le Missouri.
Grâce aux cartes éditées, le lecteur peut plus facilement se repérer.
De la déférence à la résistance : la difficile fin de l’esclavage dans le Nord des États-Unis. ( 1785-1831)
Le dernier prologue s’ouvre sur la figure de « Sojourner Truth, une esclave de l’Etat de New-York ». Cela permet de » faire apparaitre la spécificité de l’émancipation dans le Nord ».
Ce chapitre expose l’abolition de l’esclavage dans l’Etat de New York, le poids des élites noires à Philadelphie et la réalité abolitionniste à Boston.
Conclusion
La conclusion concise et efficace résume remarquablement l’ouvrage, mais aussi une réalité dont nous devons avoir conscience : » Le mouvement des droits civiques n’a donc pas débuté avec Rosa Parks en 1955, ou avec les républicains noirs de l’après-guerre de Sécession. On peut dater son origine très précisément en 1792, quand Absalon Jones et Richard Allen refusent la ségrégation au sein de leur église à Philadelphie. »
Cet ouvrage richement illustré et documenté est à mettre dans les mains de tous ceux qui sont intéressés par le processus antiesclavagistes aux Etats-Unis.