Aisha Saeed dans ce petit roman jeunesse entraîne les lecteurs dans le monde dur d’un petit village pakistanais. La jeune héroïne Amal est l’aînée d’une famille paysanne, rien que des filles, une malédiction car il faudra payer des dots. Elle rêve de devenir institutrice.
La naissance de sa dernière sœur va fracasser son rêve. Il faut aider une mère, a la fois fatiguée et désespérée par le fardeau des dots. Amal doit quitter l’école, un crève-cœur malgré le soutien de sa jeune sœur Seema, sa copine Hefsa et son ami Omar qu’elle voit en cachette car c’est un garçon.
Les premiers chapitres font pénétrer le lecteur dans cette société rurale, corsetée par la tradition et un quotidien difficile même si le père d’Amal possède son champ, il n’est pas parmi les plis pauvres.
Un jour Amal se trouve sur le chemin de l’homme le plus riche de la contrée, celui qui par ses prêts, domine tout le monde, exerce une véritable dictature sur les villageois. Jawad, cet homme sans pitié en fait la domestique de sa mère. Le rêve de faire des études s’éloigne irrémédiablement. Pourtant à force de volonté, elle se fait des alliés dans la domesticité et auprès d’un jeune enseignant venu tenir le centre d’alphabétisation construit pour la campagne électorale de l’homme fort de la région, le père de Jawal. On découvre là le système de domination sociale, l’endettement chronique de la paysannerie, la violence quotidienne d’hommes qui se considèrent comme au-dessus des lois. Pourtant la tyrannie pourra prendre fin quand elle parvient à dénoncer un nouveau crime.
Un petit roman1 dont le ton et l’écriture sont parfaitement adaptés au public visé. Une utilisation en classe permettra, au-delà du romanesque, de faire découvrir aux élèves la réalité de la vie de leur semblables ailleurs dans le monde. L’autrice qui est avocate et enseignante pakistano-américaine fait référence dans une note finale à l’aventure de Malala Yousafzai qui, elle aussi, voulait aller à l’école ce qui l’a conduit au prix Nobel de la paix en 2014.
1Paru en anglais en 2018