Cet ouvrage, en format à l’italienne, est une monographie en bande dessinée d’une célébrissime photographie de presse. Il est composé d’une partie roman graphique et d’une partie documentaire.
Le débarquement du 6 juin
Le roman graphique commence peu avant le Débarquement. Capa est à Londres et entend les rumeurs sur l’évènement à venir. Au passage, son rôle dans la guerre d’Espagne est rappelé ainsi que la mort de Gerda Taro, sa compagne. Une douzaine de correspondants de guerre sont choisis pour accompagner les troupes du Débarquement. Parmi eux Capa et Landry, mais les photographies de ce dernier ont totalement disparu. Le format permet de donner à voir le Débarquement. L’opération est périlleuse : le Débarquement se fait à marée basse, ce qui forçait les soldats à parcourir 200 mètres à découvert. Le roman graphique montre alors la photographie qui incarne le Débarquement, celle de ce soldat qui cherche à s’extraire de l’eau.
Qui est sur la photographie ?
On se retrouve ensuite en Virginie en 1945 avec Edward K Regan. Il serait l’homme sur la photographie et, lui-même, en est intimement convaincu. Le roman graphique raconte aussi la blessure de Capa. C’est aussi l’occasion de développer les circonstances qui font que, du travail du photographe lors de cet évènement, ne restent plus que onze photographies. Le magazine « Life » dans son édition du 19 juin 1944 attribua le flou des photographies au fait que Capa aurait tremblé. Longtemps après, le doute s’installe néanmoins et le soldat sur la photographie serait en fait Huston S Riley.
Les onze magnifiques
L’album se poursuit avec les fameuses onze images qui témoignent de la première vague du Débarquement. Ce sont les survivantes d’un accident de séchage dans le laboratoire Time Life à Londres. Pour être précis, soixante-dix ans après, huit seulement possèdent encore aujourd’hui leur négatif original. Chaque image est donc reproduite ici avec une phrase de commentaire.
L’homme qui s’inventa lui-même
Les auteurs évoquent ensuite la vie de Robert Capa. Il est l’un des pères du photojournalisme moderne. Photographe engagé dans son temps, il aura couvert cinq guerres. En 1933, il fuit l’Allemagne nazie et s’installe dans la « ville Lumière ». En 1936, la signature Taro-Capa nourrit les grands magazines d’informations. Il est fauché par une mine à quarante ans après vingt-deux ans d’une carrière éclair. Il a laissé derrière lui près de 70 000 clichés …et pas mal de dettes. Lorsqu’il meurt en 1954, on retrouve dans sa main le Nikon S chargé d’une pellicule couleur et avec lequel il a pris son ultime image. Retenons aussi sa phrase : « Aimez les gens que vous photographiez. Ils vous le rendront toujours ».
L’œil du 6 juin
Dans les rangs de la 1ère armée américaine en charge d’Omaha, il y a treize correspondants de guerre. Les images de Capa sont mises gratuitement à la disposition de toute la presse mondiale par l’armée. C’était le marché offert à « Life magazine » pour obtenir l’accréditation dans la première vague. A partir du 6 juin, il faudra cent jours aux armées alliées pour libérer Paris, soit trois fois plus longtemps que prévu dans les plans d’Overlord et deux-cents jours de plus pour atteindre Berlin. Spielberg dit s’être inspiré des photographies de Capa.
Dans le viseur
On distinguait deux types de photographes ou cameramen. D’une part, les authentiques journalistes demeurent civils avant tout. D’autre part, des militaires engagés du Signal Corps et qui étaient pleinement employés au service cinématographique des armées. Les deux fournissaient des images à la presse d’information. Le matériel de Capa est composé de trois appareils. Sur la plage, il utilise uniquement ses deux Contax.
Un visage perdu dans les vagues
Un universitaire a enquêté pour établir l’identité du soldat sur la célèbre photographie. Sa conclusion est claire : il s’agit de Huston Riley, âgé alors de vingt-deux ans. En 1984, « Life » publia l’interview d’un autre soldat qui affirmait lui aussi être l’homme de la photographie. Tout le monde le crut pendant vingt-trois ans. Le soldat effectivement photographié, Huston Riley, est mort à 90 ans en 2011. On peut noter que jamais Capa n’obtint le prix Pulitzer.
Entretiens avec les auteurs
Il y a un entretien avec le scénariste Jean-David Morvan. Il explique ce que la bande dessinée peut apporter à la photographie. Elle est, en quelque sorte, l’inverse d’une photographie car elle peut prendre le temps de détailler ce que la photographie a fixé. Dominique Bertail considère que ce travail est finalement une sorte de « pré Madeleine ». Il a choisi le noir et blanc pour s’accorder aux photographies.
Cet ouvrage offre donc plusieurs éclairages à partir d’une photographie iconique. Elle rappelle l’importance de Robert Capa et le mélange entre roman graphique et photographies d’époque fonctionne bien.