Cette BD est issue de la rencontre de Baptiste Morizot avec Maxime de Lisle, un des capitaines de l’association Sea Shepherd qui patrouille dans le golfe de Guinée, pour prendre en chasse les chalutiers illégaux. Au-delà de la protection des espèces marines, il s’agit de lutter contre la pêche industrielle qui détruit les pêcheries artisanales africaines. Un récit fait de rencontres avec les baleines pour les marins du Bob BakerLe navire de Sea Shepherd dans le cadre de l’opération Albacore, mais aussi de violence, de corruption et la dure réalité de la vie à bord d’un chalutier.

On entre dès les premières cases dans le vif du sujet. Les autorités béninoises pour nourrir une population toujours plus nombreuse vendent à des puissances étrangères des licences de pêche qui devraient permettre de développer une flotte de chalutiers béninois efficaces. Mais la réalité ne respecte pas le contrat initial : pêche non-sélective, hors des zones prévues, cette pêche vide la mer de sa richesse au détriment des petits pêcheurs locaux.

La BD permet de découvrir les réalités de la vie des pêcheurs africains, l’action de Sea Shepherd dans la traque des chalutiers qui pêchent dans une aire protégée, la surpêche et ses prises accessoires de requins, de dauphins, des actions conjointes avec les autorités du pays, mais aussi la misère qui pousse à la migration et le développement de la piraterie.

Les souvenirs d’un membre du Bob Barker montrent un autre aspect de la pêche illégale : la pêche des requins en eaux profondesMise à jour d’une vaste opération espagnole de pêche aux ailerons de requin à São Tomé et Príncipe, Oct 26, 2017.

 

De loin en loin, une page documentaire restitue l’histoire dans le contexte mondial tant biologique qu’économique et social. Sont ainsi abordés la pêche pour la farine de poisson destinée à l’aquaculture, les conditions quasi-esclavagistes de travail sur les chalutiers, l’association Sea Shepherd, la piraterie dans le Golfe de Guinée.

 

En postface une intéressante réflexion, de Camille Étienne, sur la place de chacun, l’engagement : « se battre pour rester, digne, pas seulement parce qu’on a à y gagner, mais parce qu’on ne pourrait faire autrement. Pour refuser cette honteuse direction de notre espèce ; être de ceux qui gardent la juste dignité de regarder en face ; peu importe ce qu’ils y voient[…]Vous pouvez faire, et si nous sommes nombreux à le décider, il y a tant à régénérer, tant à préserver, tant à voir renaître dans ces eaux qu’on laisse déjà pour condamnées. »

Cette BD est passionnante, bien documentée, la complexité de toutes les situations évoquées n’est pas éludée.