ARTE ÉDITIONS

LE DESSOUS DES CARTES — ENTRE GUERRE ET PAIX La guerre : avant, pendant, après

Proposé par Jean-Christophe Victor

Les lecteurs de la Cliothèque connaissent bien désormais cette série de DVD proposé par Arte vidéo et qui reprend les émissions de Jean-Christophe Victor, organisées autour d’une thématique. Pour ce numéro le thème est celui des différents conflits dans le monde, conflits qui peuvent être de haute ou de basse intensité.
Il est possible d’utiliser ce DVD en lecture linéaire, l’organisation chronologique le permet. Mais le plus intéressant est sans doute de rentrer dans les différents chapitres à partir des thèmes qui sont proposés.

L’ARC DE CRISE AU MOYEN-ORIENT

De la Palestine au Pakistan, en passant par l’Irak, l’Iran et l’Afghanistan, on a l’impression que les principaux conflits se concentrent aujourd’hui au Moyen-Orient. Le Dessous des Cartes essaie de décrypter les enjeux et les liens de ce “puzzle géopolitique» complexe. Bien entendu, sur cette présentation de l’arc de crise au Moyen-Orient, on retrouve les éléments largement connus, comme la convoitise énergétique sur cet espace qui concentre l’essentiel des réserves pétrolières, le positionnement géopolitique à proximité immédiate de la Chine et de la Russie, la place particulière de l’arabo-islamisme dans ce contexte. L’abcès de fixation que constitue depuis plus d’un demi-siècle, le conflit israélo-arabe et désormais, le conflit Israélo-palestinien, est, bien entendu largement évoqué.

L’ÉTAT DE L’IRAN

Depuis les élections présidentielles en 2009 et l‘arrivée d’un Président démocrate à la Maison Blanche. Où en est l’Iran ? La carte d’identité de ce pays atypique et incontournable au Moyen-Orient est ainsi brossée, tant du point de vue des rapports de force religieux que des mouvements sociaux et ethniques qui affectent ce pays. Il faut reconnaître à l’administration démocrate présente à Washington une certaine constance dans les tentatives d’apaisement. Mais celles-ci se heurtent à l’intransigeance du président de la république islamique, soucieux de ne pas se faire déborder par les durs du régime dont il s’est fait, en apparence tout au moins, le porte-parole.

BOMBARDER L’IRAN ?

Dès lors qu’il ne semble pas possible d’inciter l’Iran par les moyens de pression traditionnels de renoncer à son programme nucléaire, dès lors que celui-ci pourrait constituer une menace directe contre l’État d’Israël, est un redoutable moyen de pression sur les pays arabes voisins, la question du bombardement se pose.
La menace nucléaire iranienne va-t-elle se concrétiser dans un futur proche ? Là où la diplomatie et les embargos semblent échouer, certains stratèges avancent déjà l’hypothèse d’une frappe préventive venant d’Israël, première cible de la rhétorique nucléaire de Téhéran. Toutefois, l’organisation de ces bombardements préventifs, qui ont déjà été pratiqués par l’État hébreu, pose des problèmes considérables.
Il n’est pas évident que l’ensemble des installations nucléaires, protégées de longue date, puissent être anéanties par une frappe aérienne même massive. Et par ailleurs, rien ne laisse penser que les pertes israéliennes ou américaines restent à des niveaux acceptables. L’armée iranienne est dotée de moyens antiaériens sols-air, largement fournis par la Russie, qui pourraient infliger des pertes non négligeables aux aéronefs de la coalition.

AFGHANISTAN : UNE AUTRE STRATÉGIE

L’Afghanistan est en guerre depuis 30 ans. La carte des ethnies est en même temps la carte de l’empreinte des mouvements de guérillas, le commerce de la drogue est central. Que va t-il se passer avec la nouvelle stratégie du Président démocrate américain Obama et la force internationale de l’OTAN, avec des élections présidentielles en Afghanistan en Août 2009 ?
Force est de constater que cette nouvelle stratégie, associant renforcement de la présence sur le terrain, et développement de projets économiques, se heurte toujours aux mêmes échecs.
La lutte contre le commerce de la drogue semble d’ailleurs marquer le pas actuellement, en raison d’une maladie qui touche les plantations de pavot, et qui a littéralement fait exploser les prix de l’opium brut. Les paysans afghans sont donc incités à développer ces cultures au détriment de l’agriculture vivrière.

WAZIRISTAN : CIBLE LOCALE, ENJEU GLOBAL

Le Waziristan est une des zones tribales du Pakistan. Ce petit territoire au statut particulier est au cœur d’enjeux et de tensions à l’échelle régionale et internationale. Il est clair que pour ce territoire qui théoriquement fait partie du Pakistan, la situation est particulièrement difficile. Les forces américaines présentes en Afghanistan ont multiplié les attaques de drônes, et même exercé sur ce territoire un droit de poursuite avec des hélicoptères de combat. Mais les États-Unis se heurtent de fait, au jeu particulièrement trouble des services de renseignements pakistanais, dont les liens sont avérés avec différents mouvements islamistes.

LES CARTES DE LA GUERRE ET DE LA PAIX

Peut-on représenter la guerre ? Peut-on représenter la paix ? Comment définir des situations complexes et les traduire en données objectives ? Le Dessous des Cartes présente les visions cartographiques de plusieurs centres de recherche internationaux, autant de visions de la guerre avant, pendant et après.
Dans cette partie, on pourra faire les comparaisons entre les différentes évaluations des intensités conflictuelles. Au passage, l’un des centres de recherche intègre les tensions sociales internes aux pays comme une forme de conflictualité.

L’ÉTAT DES CONFLITS DANS LE MONDE

Le nombre de conflits dans le monde a-t-il augmenté ou diminué depuis la fin de la Guerre Froide ? À quoi ressemblent les guerres aujourd’hui ? Le Dessous des Cartes dresse un panorama du paysage stratégique contemporain.
Contrairement à ce que l’on imagine, il y a aujourd’hui moins de conflits directs de par le monde, à l’époque de la guerre froide. Ce sont très clairement les conflits de basse intensité, où les guerres asymétriques, qui sont les plus nombreuses. Ce sont certainement aussi ceux qui sont les plus difficiles à arrêter, dès lors qu’ils ne sont pas conduits par des acteurs étatiques clairement identifiés.
Les nouvelles formes de conflits au 21e siècle incitent les États à repenser leur modèle de défense. Comment se conçoit aujourd’hui la stratégie militaire, et comment les armées sont-elles organisées ?

LA NUMÉRISATION DU CHAMP DE BATAILLE

Avec quelles technologies fait-on la guerre aujourd’hui ? Des avions sans pilotes : les drones ; des soldats en nouvelle tenue de combat, à base de GPS, batterie, photos et ostéophone ; et une mise en réseau d’informations en temps réel : le nerf de la guerre.
À ce propos, il apparaît tout à fait étonnant que la volonté européenne de se doter d’un système de localisation par satellite indépendant de celui des États-Unis, ne soit pas directement évoquée. Le programme Galiléo, s’inscrit pourtant dans cette démarche, et il devrait être opérationnel vers 2014. Lancé en 2003, après de laborieuses négociations entre pays européens, ce programme pourrait doter l’Europe de ses moyens de localisation et d’observation indépendants, ce qui pourrait sans doute aller dans le sens d’un renforcement de l’Europe puissance.

LE COMMERCE DES ARMES CONVENTIONNELLES

Depuis 5 ans, la vente des armes dites conventionnelles (fusils, mitraillettes, missiles, blindés, avions…) est en augmentation. Comment fonctionne ce marché des armes ? Selon quelles logiques?
Parmi les pays où les ventes d’armes individuelles ont le plus augmenté, on retrouve les États-Unis mais également l’Afrique du Sud. Toutefois, ce sont dans les pays qui se trouvent en situation de conflits internes, que les marchands d’armes trouvent leurs débouchés les plus rémunérateurs. L’argent de la drogue, celui des matières premières détournées, permet de financer des achats d’armes conventionnelles, y compris les plus sophistiquées. L’équipement des talibans en Afghanistan semble franchir à cet égard un seuil technologique.

LES BOMBES A SOUS-MUNITIONS

Les bombes à sous-munitions restent une menace cachée qui tue et mutile les civils bien longtemps après les conflits. Pourtant elles ont été employées régulièrement lors des derniers conflits. À l’occasion du premier anniversaire du Traité qui les interdit, le Dessous des Cartes revient sur ces armes qui prolongent la guerre après la guerre.

LES NÉO-MERCENAIRES OU LA GUERRE PRIVATISÉE

Nées des décombres de la guerre froide, les sociétés militaires privées sont devenues un acteur incontournable des conflits d’aujourd’hui, à tel point que leur nombre dépasse parfois celui des armées nationales. Le Dessous des Cartes s’intéresse à ces sociétés aux statuts juridiques flous et aux règles éthiques discutables. Ce sujet a déjà été largement traité par la présentation d’un numéro de la revue Sécurité Globale.La privatisation de la guerre Institut Choiseul Numéro 8. Été 2009.

http://www.clio-cr.clionautes.org/spip.php?article2568

Cette tendance se renforce dans toutes les zones de conflit de moyen et de basse intensité. L’épisode actuel des otages français au Niger conduit les sociétés françaises présentes dans des zones à risques à faire appel à des sociétés de sécurité privées qui sur le terrain se présentent comme de véritables petites armées. En Irak comme en Afghanistan, cette tendance est déjà très ancienne, d’autant plus qu’il existe un véritable marché en plein développement.

LE CYBERESPACE EST-IL MILITAIRE ?

Avec 1,4 milliard d’internautes, 22% de la population mondiale, le cyberespace est de moins en moins contrôlable. Une nouvelle cybercriminalité se développe : xénophobie, racisme, pédophilie, escroqueries, mais elle touche aussi les réseaux et devient pour les États eux-mêmes une réelle menace de déstabilisation avec les cyberattaques. Une division de l’OTAN spécialisée dans la guerre électronique s’est implantée ces derniers jours en Estonie. Depuis plusieurs années en effet, des cyber-attaques, venues de Chine à propos du Tibet, de Russie à propos des pays baltes, ont pu être enregistrées. Les observateurs s’interrogent sur la réalité de la menace.

LE NUCLÉAIRE MILITAIRE : ÉTAT DES LIEUX

En pleine guerre froide, la menace des 70 000 têtes nucléaires détenues par les cinq puissances atomiques « officielles » planait sur le monde. Quel est aujourd’hui l’état des stocks de cette arme redoutable ? Le Traité sur la non-prolifération, a-t-il tenu ses promesses ? Très clairement, ce traité de non-prolifération n’a pas permis d’éviter que des pays comme l’Inde ou le Pakistan ne se dotent d’un arsenal nucléaire offensif, de première et de seconde frappe. On sait par ailleurs pour Israël que cet arsenal nucléaire développé depuis les années 70 est parfaitement opérationnel, et que l’État hébreu entend par ce moyen sanctuariser son territoire. Mais cette volonté de sanctuarisation trouve son équivalent dans la démarche des dirigeants iraniens qui peuvent, tout aussi légitimement que d’autres pays, souffrir d’un complexe d’encerclement. La possession d’un arsenal nucléaire opérationnel s’inscrirait ainsi dans une démarche de dissuasion. Rappelons qu’à cet égard c’est quand même cette démarche qui a empêché que le point de non retour ne soit atteint pendant la guerre froide.

LE NUCLÉAIRE MILITAIRE : VERS LA PROLIFÉRATION

En opposition, et parfois en dehors du Traité sur la non-prolifération, plusieurs pays se sont dotés de l’arme nucléaire, ou ont essayé de le faire. Après l’Inde, le Pakistan et Israël, comment répondre aujourd’hui aux essais nord-coréens et aux ambitions iraniennes ? À ce propos, force est de constater là aussi, que la tâche n’est pas facile. Les dirigeants nord-coréens, préoccupés aujourd’hui par les délicates transitions à la tête du pays, transition qui a commencé en cette fin de septembre 2010, peuvent alternativement souffler le chaud et le froid à propos du développement de leur programme nucléaire militaire. Tout arrêt de leurs activités dans ce domaine peut leur permettre d’espérer un renforcement de l’aide économique, celle-ci pouvant les aider à maintenir le régime.

UNE MONDIALISATION DE LA JUSTICE

La création de la Cour Pénale Internationale en 2002 a-t-elle contribué à limiter l’impunité des crimes les plus graves ? Dans ce deuxième volet consacré à la justice internationale, Le Dessous des Cartes s’interroge sur le bilan de cette juridiction et sur ses limites au niveau diplomatique. À ce propos, il est clair que les grands procès menés par le tribunal pénal international sur le Rwanda ou sur l’ex-Yougoslavie ont pu inciter des apprentis dictateurs à plus de modération. Même si l’actuel dirigeant soudanais, toujours sous le coup d’une inculpation, défie toujours la justice internationale, il n’en reste pas moins que celle-ci constitue une épée de Damoclès permanente sur les états qui font peu de cas de la vie de leurs ressortissants.

TERRORISMES : LES ORIGINES ET L’HISTOIRE

New York, Bali, Madrid : l’amplitude et la portée des attentats tendent à désigner le terrorisme comme un phénomène caractéristique du millénaire qui commence. Or, aucune période de l’histoire, aucune société n’a le monopole de cette forme de lutte, qui apparaît comme une technique de combat du faible au fort. Alors comment définir le terrorisme ?
Le terrorisme contemporain semble en effet différent de ce qui pouvait se passer au début du XXe siècle, il s’agissait alors d’un terrorisme local à forte connotation idéologique. (Anarchisme, nihilisme). La décolonisation a également fourni quelques exemples de terrorisme. Ce dernier s’inscrivait dans une double démarche : porter des coups à une puissance occupante supérieure en termes militaires, et donner à la population dont on recherche le soutien, l’image d’une puissance capable de frapper en tout lieu et à tout moment.
Le terrorisme actuel, que l’on qualifie de terrorisme mondialisé, ou encore d’hyper terrorisme, s’appuie très largement sur les nouveaux moyens de communication, à la fois pour la médiatisation de ses actions mais aussi pour son recrutement. Mais ce terrorisme, sur le fond, ne semble pas vraiment différent quant à ses motivations, des pratiques antérieures. Une des différences existant toutefois et celle de l’absence d’acteurs étatiques clairement identifiés, instrumentalisant les actions terroristes. Des pays comme la Libye ou encore la Syrie, et même la Corée du Nord, semblent-y avoir renoncé, au moins pour le moment.