Devant la masse de discours, de théories, de productions des politiques et des scientifiques, face à une médiatisation, parfois alarmante, dont est l’objet le développement durable, la mise au point offerte par Yvette Veyret et Gérard Granier permet aux enseignants d’histoire-géographie de mieux appréhender les dimensions géographiques de cette notion et de balayer certaines idées reçues.
Elle rappelle un certain nombre de définitions (développement durable, principe de précaution…) puis revient sur le moment fort que fut le Sommet de la Terre de Rio en 1992. Il vit l’adoption, sous l’impulsion de certaines ONG (WWF), d’une déclaration par laquelle les pays participants s’engageaient à mettre en place une politique de développement durable avant 1995 ainsi que la rédaction de l’Agenda 21. Toutefois l’auteur émet des réserves sur le succès de cette conférence ; en effet, la dramatisation et la généralisation de certains phénomènes (la dégradation des ressources en eau), opérée par ces ONG, ont eu certes l’intérêt d’attirer l’attention du grand public sur cet enjeu mais en laissant de côté ses aspects sociaux et économiques.
Yvette Veyret poursuit en évoquant la difficile mise en application du développement véritablement durable, conséquence des débats autour des rapports entre celui-ci et la croissance, de la place de l’homme dans les écosystèmes et du problème du partage équitable des ressources ; sur ce point, l’auteur affirme que la développement durable est totalement incompatible avec la pauvreté. Autre difficulté : la mesure du développement durable : les outils sont nombreux (IDH, IPH..) mais aucun ne satisfait l’ensemble des acteurs car les données et statistiques utilisées sont sujettes à caution et utilisées à des fins discutables.
Une des pistes pour une meilleure réalisation d’un développement durable serait d’articuler les échelles. Parti d’un constat de crise planétaire, les réponses proposées le furent à l’échelle globale or les modèles uniques ont, selon l’auteur, montré leurs limites ; ainsi Kyoto est appliqué par l’UE mais les premiers pollueurs mondiaux, les Etats-Unis ont refusé de signer ces accords de même que les pays en développement accéléré : Chine, Inde.
Reprenant l’axiome de René Dubos, « penser globalement, agir localement », il est nécessaire d’impliquer les citoyens tant le développement durable semble plus facile à mettre en pratique au niveau local. Mais si la sensibilisation commence à porter ses fruits dans les pays développés, la satisfaction des besoins reste encore la plus forte dans le reste du monde, en développement, même si là encore on ne peut apposer un modèle unique.
Quoiqu’il en soit, même si faire du développement durable une réalité n’a rien de simple, ce concept, encore flou, évolutif, n’est pas à rejeter car il permet aux acteurs de se poser des questions sur les inégalités remarquables à toutes les échelles. Et justement penser ces inégalités et le développement durable, de plus en plus vu comme la réduction de celles-ci, à plusieurs échelles est l’un des grands chantiers auxquels tous les acteurs doivent se consacrer.La partie thèmes et documents s’étale des pages 17 à 63 et propose 23 double-pages équitablement réparties en 4 thèmes :
– Quels besoins pour les hommes ?
– Quel cadre de vie ?
– Quelle exploitation des ressources ?
– Produire et consommer autrement ?
La documentation proposée est comme d’habitude variée et les documents statistiques et cartographiques utilisent des données postérieures à 2003. Elle est facilement accessible aux élèves de lycée ; une adaptation ou un décryptage plus long sera nécessaire en collège notamment en sixième et cinquième.
Le professeur en classe de seconde y trouvera sans difficultés matière à alimenter ses cours.
Deux exemples parmi tant d’autres :
La première double-page, Réduire la pauvreté, trouvera sa place dans « Plus de six milliards d’homme sur Terre » ; l’utilisation des cartes de l’IPH dans les PVD et de l’alphabétisation dans le monde permettront aux élèves de vérifier la variété des situations dans le monde mais plus particulièrement dans les ces pays en développement.
Dans Nourrir les hommes, premier thème obligatoire, la question est finalement de savoir si, face à la croissance démographique, la Terre reste capable de nourrir ses habitants. Les pages 22-23 apporteront une contribution à cette réflexion par l’intermédiaire de deux textes présentant deux opinions contraires : une interview de Lester Brown pour lequel une grave crise alimentaire menace le monde alors que Bjorn Lomborg, dans son best-seller « L’écologiste sceptique » affirme que le problème de la sécurité alimentaire ne se pose pas.
Ainsi vous l’aurez compris, chaque thème du programme de seconde trouve un écho dans ce numéro de la documentation photo graphique (accéder à l’eau potable ; Dongtan, une éco-ville ; l’aquaculture, l’avenir de la pêche ?…).
Au collège, le commerce équitable, exploiter ou protéger la ressource forestière africaine ? (5ème), disposer d’une eau de qualité, que faire des déchets ? (6ème), réduire la pauvreté, vers une agriculture durable (3ème) seront utiles tant en géographie qu’en éducation civique.
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