Une nouvelle édition d’un classique médiéval
« Le devisement du monde », souvent connu sous le nom du « Livre des merveilles » est un classique de la littérature médiévale. Cette nouvelle édition est établie, traduite et commentée par Michel Quereuil, professeur émérite de littérature à l’Université de Clermont-Ferrand. Il était l’auteur, en 2019, d’une édition bilingue de la version franco-italienne.
Dès l’introduction, Michel Quereuil rappelle que ce texte est une collaboration entre le marchand vénitien Marco Polo et l’écrivain gênois Rustichello. C’est lors de leur captivité sur une île croate à la fin du XIIIe siècle que les deux auteurs conçoivent et rédigent ce qui deviendra « le devisement du monde ».
Originellement écrit en français, le manuscrit original a été perdu mais plusieurs versions subsistent : franco-italienne, française, toscane, vénitienne, latine. Dans cette édition, Michel Quereuil édite la rédaction latine Z, à partir d’un unique manuscrit découvert dans les archives de la cathédrale de Tolède en 1932. Le dernier possesseur connu étant le cardinal Zelada, ce manuscrit est connu sous le nom du manuscrit Z. Par rapport aux autres versions, ce manuscrit présente des passages inédits, ce qui est en fait son intérêt.
L’édition présentée s’appuie sur une page de gauche traduite en français et une page de droite en latin. Cette version n’est pas strictement identique aux autres. Par exemple, le Tonkin et le Ouïghouristan (région semblable au Xinjiang) ne sont décrits que dans ce manuscrit. C’est également le cas de la chasse à la baleine au large de l’île yéménite de Socotra. Ce texte Z, malgré ses lacunes, a un intérêt pour les lecteurs, savants comme profanes.
Dans son récit de voyage, Marco Polo décrit les régions parcourues et celles dont il a entendu parler. Il insiste sur la topographie, les ressources locales, les marchandises échangées et les religions suivies par la population. La première partie de son livre raconte son parcours et ses rencontres tandis que la seconde, à la fin de l’ouvrage, prend la forme d’un récit des conquêtes mongoles du sud de la Russie au Moyen-Orient. Parmi les nombreuses anecdotes, l’utilisation du tamarinien comme vomitif pour débusquer les diamants cachés par des marchands et la description des saunas de la Russie médiévale valent le coup d’oeil.
En somme, cette nouvelle édition en français et en latin s’avère être d’une lecture plaisante en raison du caractère soigné de cette édition et des descriptions de Marco Polo à propos du Proche-Orient, de la Chine, de l’Asie du Sud-Est, de l’Asie du Sud et du monde russe.
Ce récit médiéval classique a sa place dans un Centre de Documentation et d’Information (CDI), aussi en bien en collège pour mener des travaux en français et en histoire, mais aussi en lycée pour comprendre les réseaux commerciaux vénitien (Seconde) et pour mettre en perspective les Nouvelles Routes de la soie (Première spécialité).
Pour aller plus loin :
- Présentation de l’éditeur -> Lien