Il y a un côté Tintin au pays de l’or noir qui vient chatouiller le lecteur, dès le livre en mains. L’ouvrage commence par un rappel sur les gisements de pétrole (leur formation, etc.), mais très vite, l’Histoire reprend ses droits : le feu grégeois, le pétrole comme produit de soins… Et on bascule dans À l’Ombre des derricks. Qu’on ne se méprenne pas, ces références à Hergé et Morris ne sont que des réminiscences de lecteur : à aucun moment « L’Or noir » ne prête à confusion. Au contraire, le scénario garde la cohérence qu’on a remarquée dans les précédents volumes, et son cap didactique. On avance progressivement, avec Ariane et Nino, dans l’exploitation de plus en plus intensive du pétrole, dans la constitution des empires industriels, ses conséquences dans les transports, ainsi que dans la géopolitique, etc. On comprendra ainsi sur quoi est fondée la relation privilégiée entre l’Arabie saoudite et les États-Unis. Le livre se conclut sur des considérations liées à l’épuisement de la ressource.
On a ainsi un album qui fait le tour de la question sans hésiter à entrer dans complexité.
Avec « La Grande Muraille », les auteurs abordent la Chine, sous l’angle de l’imposante construction, dont les caractéristiques sont rappelées (dimensions, matériaux utilisées, durée des constructions). Relativement mal connue du public scolaire français, on apprendra énormément de choses sur cet édifice, notamment que cette muraille est en réalité multiple, et qu’elle a aidé à l’unification des peuples chinois (situés en-deça de la dite muraille, bien évidemment). On voit également son rôle comme interface avec les autres civilisations, ce qui a des conséquences sur les échanges de l’empire. On mesure aussi son rôle symbolique, après que les remparts aient perdu leur caractère défensif et que l’empire ait poussé ses limites bien au-delà, y compris aujourd’hui, où l’image de la muraille est étroitement associée à la Chine.
Comme d’habitude (et cela est évidemment valable pour « L’Or noir »), l’album comporte un dossier relatif aux principaux personnages, un point sur la constitution interne de la muraille (celle des Ming, tout au moins), et les légendes au cœur desquelles elle se trouve.
Frédéric Stévenot, pour Les Clionautes