Cette magnifique encyclopédie de 432 pages sur l’Empire romain est le fruit de la collaboration entre le journal Le Monde* et le magazine Histoire et Civilisations. Il a été édité en accord avec RBA coleccionables SA (groupe espagnol basé à Barcelone et spécialisé dans l’édition d’encyclopédies).
Retour sur l’histoire impériale
L’atlas se décompose en trois grandes divisions de l’histoire impériale. La première partie est intitulée « La Rome impériale ». Elle suit la formation de l’Empire romain, depuis l’ascension d’Octave en 44 avant J.-C. jusqu’à « l’année des 4 empereurs » (69 après J.-C.) et la guerre civile qui suivit la succession de l’empereur Néron. La deuxième partie, « Rome domine le monde », parcourt l’histoire de Rome de l’arrivée au pouvoir de Vespasien (69 après J.-C.) et l’installation de la dynastie des Flaviens jusqu’à l’assassinat de l’empereur Commode (193 après J.-C.). La troisième et dernière partie, quant à elle, s’intéresse à l’Empire romain tardif (IIIe-Ve siècles) avec l’instauration de la dynastie des Sévères jusqu’à la fin de l’Empire romain d’Occident (476 après J.-C.).
Tout au long de ces trois parties, la trame événementielle alterne avec des dossiers thématiques, qui sont au nombre de dix sur la totalité de l’ouvrage. Les dossiers « Rome, capitale de l’Empire », « Villas romaines et palais impériaux », « Pompéi, inestimable victime du Vésuve », « Les cultes orientaux à Rome », « Panem et circenses » ou encore « Les Nabatéens contre Rome », sont tous très bien construits. Chacun d’entre eux proposent de nombreuses illustrations, des photographies et encore des cartes, qui aident grandement le lecteur à se projeter et à y voir plus clair par rapport au texte des dossiers.
Le dossier sur les légions romaines est plus difficile d’accès. Les explications ne sont pas limpides et il manque cruellement des schémas pour nous accompagner dans la compréhension de l’organisation de l’armée avant le début du IIe siècle avant J.-C. et de la rupture que constituent les changements apportés par Caïus Marius (157-86 avant J.-C.). De plus, le choix d’une aquarelle de Peter CONNOLLY n’est pas heureux pour illustrer un camp d’une légion tant on peine à voir précisément la structure et le plan de ce même camp.
L’atlas se termine par une douzaine de pages d’annexes : trois cartes (Rome sous la dynastie Julio-Claudienne ; Rome sous les Flaviens et les Antonins ; L’Europe en 476) et six pages de « chronologie comparée » comprenant une frise propre à Rome, une deuxième relative à l’Est de l’Empire et une troisième relative à l’Ouest de l’Empire.
Quelques réserves
Il est ennuyeux de noter l’absence d’une bibliographie à la fin de l’ouvrage. Cette bibliographie aurait eu le mérite de rappeler d’où proviennent toutes les connaissances présentes dans cet atlas et aurait pu également orienter le curieux ou la curieuse qui souhaiterait pousser plus avant ses recherches sur une thématique en particulier. A défaut, le lecteur ou la lectrice devra donc se satisfaire uniquement de ce qu’il a appris dans cet atlas.
De même qu’on ne sait pas l’origine des connaissances de cet ouvrage, de même on sait très peu de choses sur les personnes qui l’ont écrit. Parmi les six historiens hispaniques ayant écrit le « texte » de cet ouvrage, Internet m’a permis d’en retrouver certains ; d’autres non**. Fernando LOZANO GOMEZ semble être professeur à l’université de Séville, spécialiste de la religion romaine et du culte impérial. Jaume AURELL paraît être professeur d’histoire médiévale à l’université de Navarre. Il a collaboré au n°15 de la revue Histoire et Civilisations consacré à « La Chute de l’Empire romain » (2014).
Elena CASTILLO (RAMIREZ) a, quant à elle, écrit dans le n°13 de la revue Histoire et Civilisations dont le thème était « La Rome impériale » (2014). Juan Pablo SANCHEZ a publié un article sur La vision littéraire des Gaulois dans l’Empire romain (2003-2004), mais il a surtout écrit des articles pour le magazine National Geographic. C’est d’ailleurs ce qui semble être le lien entre les six auteurs de cet ouvrage. Que cet atlas ait été écrit de manière collective ne doit pas être une excuse pour ne pas être transparent par rapport à ceux qui écrivent le texte de cet ouvrage.
Malgré ces deux observations, ce « Grand Atlas de l’Empire romain » n’en demeure pas moins un ouvrage de qualité qui aura toute sa place dans le CDI du collège et du lycée et qui enchantera les élèves (prioritairement ceux de 6eme, 5eme et de Seconde) ainsi que leurs professeurs qui s’intéresse à l’histoire romaine.
* Nous ne comprenons pas de quelle manière le journal Le Monde a contribué à l’édition de cette encyclopédie. Peut-être faut-il comprendre « bénédiction » et « approbation » plutôt que « collaboration » ?
** Je n’ai rien trouvé sur les deux derniers auteurs de l’atlas : Daniel ALCOBA et Angeles IBANEZ.