Cédric Ludwikowski a été corédacteur du dossier d’inscription des beffrois au Patrimoine mondial de l’Unesco. Dans son petit ouvrage, il se propose d’offrir une synthèse claire et documentée sur des édifices devenus des « symboles » du nord de la France et d’une large partie de la Belgique : les beffrois.

Après avoir posé le cadre de l’émergence du pouvoir échevinal au Moyen Age, l’auteur évoque les différentes fonctions du beffroi : tour de guet (le dernier guetteur de beffroi, qui occupait cette fonction à Tirlemont, a disparu le 9 mai 1940!), arsenal et corps de garde, tribunal et prison, « coffre-fort » (le beffroi abrite souvent le « trésor » de la cité), siège du conseil échevinal et « métronome de la cité », le beffroi étant « le support permettant le passage du temps de l’église au temps du marchand (p.9) ».

Le plus ancien beffroi de Belgique est celui de Tournai (sa construction aurait débuté en 1182) ; en France, ce sont ceux d’Abbeville et de Boulogne-sur-Mer qui disposent des dates de construction les plus hautes. Certains de ces édifices sont des « beffrois d’église », comme à Cambrai , Anvers ou Dunkerque (ce dernier offre un cas de figure unique, ayant été une « tour de guet-clocher-beffroi-phare »).

Aux beffrois sont ensuite adjointes des halles marchandes (voir le superbe exemple fourni par la cité d’ Ypres) avant que n’apparaissent, à partir du XIVe siècle, des hôtels de ville.

Le beffroi est aussi caractérisé par ses cloches (les pages 20 à 23 leurs sont consacrées), son ornementation (recours à l’arcature et superbe décoration de certaines flèches à l’instar du beffroi de Douai) et ses girouettes (avec une variété des sujets retenus : Mercure, lions, dragons ou encore la sirène Mélusine à Bailleul).

A partir du XVe siècle, les beffrois connaissent de nouvelles évolutions stylistiques. Le bâtiment conserve une fonction de « vigie » mais son rôle défensif est « oublié ». Peu de beffrois vont être « entièrement Renaissance » et c’est le bâtiment du Cateau-Cambrésis qui, selon l’auteur, présente le plus bel exemple de beffroi de ce type.

Les XIXe et XXe siècles voient se développer différents styles : néogothique (comme à Rue ou à Hesdin) puis régionaliste comme à Lille (beffroi de la chambre de commerce) et Bailleul.

Nombre de beffrois vont être détruits lors des conflits mondiaux mais, dans leur immense majorité, ils vont être reconstruits. L’auteur (p.42) indique que le beffroi de Lille, finalisé en 1932, « est le premier édifice de plus de 100 m de haut construit sur le sol français ».

Certaines villes vont également se doter, à la fin du XXe siècle et au début du XXIe siècle, de beffrois contemporains.

Le livre de Cédric Ludwikowski est d’une lecture agréable et il constitue une première approche très didactique pour qui veut découvrir les beffrois septentrionaux. Il peut servir, en outre, de base documentaire appréciable dans le cadre d’une séquence consacrée à la ville médiévale.

Grégoire Masson

Le beffroi d’Amiens. Photo Grégoire Masson