Le Grand Prix de Monaco de Formule 1 et le Rallye de Monte-Carlo sont considérés comme les épreuves de course automobile les plus prestigieuses du monde avec les 24h du Mans, Indianapolis 500 et Daytona 500. Le Grand Prix de Monaco rassemble chaque année plus d’un milliard de téléspectateurs, ce qui en fait de loin la course la plus regardée au monde. Le tout premier est organisé en 1929 par l’Automobile Club de Monaco mais c’est dans les années 1950 qu’il prendra véritablement son essor, attirant les meilleurs pilotes et écuries du monde. Les années 1950 à 1965 constituent sans conteste, l’âge d’or du Grand Prix de Monaco.

Cet ouvrage réunit plus de 275 cliqués originaux de cette époque, saisis par le photographe Edward QUINN. Il assiste pour la première fois au Grand Prix de Monaco en 1950. Il avait alors choisi de s’installer au bureau de Tabac, face au virage le plus spectaculaire et un des plus difficiles pour les pilotes. Bien placé, il a pu pointer son objectif sur un accident entre trois voitures dès le premier tour. Malheureusement ces premières photos étaient floues, « car ses mains avaient terriblement tremblé ».

Pour Edward QUINN, proche de célébrités de l’époque dont Pablo Picasso, Monaco est apparu comme un cadre idyllique pour prendre des photographies spectaculaires dans les rues de la principauté pendant le Grand Prix. D’une longueur initiale de 3,18 km, les voitures y serpentent entre les immeubles et les trottoirs, montant jusqu’au casino pour ensuite descendre au port dans une ambiance « people » comme on dirait aujourd’hui. Pour son neveu Wolfgang FREI, Edward QUINN ne cherchait « pas uniquement à faire des photos de machines de course […]. Il s’intéressait par-dessus tout aux pilotes, à leur entourage, à leurs relations les uns avec les autres. »

En effet, de nombreuses photographies sont prises au plus près des « gentlemen driver » et de leurs machines, tels ces portraits de Juan Manuel Fangio ou Giuseppe Farina. Tout le glamour de la principauté est représenté par les photographies du prince Renier, passionné de sport automobile, bientôt accompagné de la princesse Grace. On est frappé par la ferveur déjà suscité par la course, mais aussi par la sécurité rudimentaire représentée par les ballots de paille (remplacés par des rembardes à partir de 1956) qui délimitent le tracé et le manque d’équipement des commissaires de course. Certains accidents sont aussi spectaculaires comme celui d’Alberto Ascari qui dérape avec sa Lancia sur une flaque d’huile et chute dans le port en 1955. On est surtout sidéré par le courage, pour ne pas dire plus des pilotes. Preuve en est la photographie de Stirling Moss à son arrivé en 1956 après 100 tours couverts en 3h32s à la moyenne de 104,514 km/h devançant Juan-Manuel Fangio. Une nouvelle génération de pilotes commence à s’imposer à partir de 1960 : Bruce McLaren, Graham Hill (M.Monaco), toujours aussi téméraires. En 1964, les voitures ne sont toujours pas équipés de harnais de sécurité. Sur le plan mécanique, elles évoluent par ailleurs avec le début de l’ère des moteurs centraux. Leurs lignes sont de plus en plus élancées.

Les photographies d’Edward Quinn du Grand Prix de Monaco mais aussi du Rallye Monte-Carlo sont des preuves d’une époque révolue. Alors, jeu plus ou moins sérieux entre « gentlemen driver » et marques automobiles, la Formule 1 s’est professionnalisée, aseptisée diront certains. La proximité évidente du photographe avec ses sujets sur ces Grand Prix, est certainement plus difficile aujourd’hui. Reste l’ambiance unique du Grand Prix de Monaco initiée dans les années 1950 et 1960 et jamais égalée jusqu’alors, malgré les efforts récents de certains Grand Prix aux Etats-Unis ou à Singapour. C’est elle qui sauvegarde ce Grand Prix parfois devenu ennuyeux d’un point de vue sportif à cause de la quasi-impossibilité de doubler pour les voitures modernes. C’est cette rencontre entre sport et glamour qui est relatée dans cet album.

Quelques extraits sur le site de l’éditeur