Directeur de Recherches, responsable de l’équipe d’épidémiologie environnementale à l’Inserm et président du Conseil Scientifique du Programme national de recherche sur les perturbateurs endocriniens, Rémy Slama enseigne à l’Université de Grenoble-Alpes. Ces principaux centres d’intérêt portent sur l’influence des polluants atmosphériques sur la santé humaine, celle des perturbateurs endocriniens sur la santé humaine mais aussi l’épidémiologie de la fécondité humaine. Sa thèse, soutenue en 2002, porte d’ailleurs sur l’environnement et la fertilité masculine.
La proposition des éditions Quae est elle aussi intéressante. Groupement de quatre institutions ; la Cirad (recherche agronomique pour le développement), l’Ifremer (Institut de recherche française pour l’exploitation de la mer), l’Inra (Institut National de la recherche agronomique) et l’Irstea (Institut national de recherche en sciences et technologies pour l’environnement et l’agriculture). Elles cherchent à promouvoir les échanges entre chercheurs mais s’inscrivent aussi dans une démarche de vulgarisation.
Passant de pathologies infectieuses aux pathologies chroniques la transition épidémiologique est expliqué dans la première partie, efficace, et que l’on pourrait utiliser en géographie des populations, ou géographie du peuplement. La deuxième partie du livre est grandement consacrée à l’histoire des sciences et plus particulièrement certains aspects : la toxicologie, l’épidémiologie, l’apport d’Hippocrate dans la gestion des risques (plus particulièrement pandémiques). Cette portion du livre ne manquera pas d’intéresser les candidats aux concours de l’enseignement qui travaillent sur le sujet Sciences, techniques, pouvoirs et sociétés du XVe siècle au XVIIIe siècle. Ainsi l’encadré 3 (p 61) résume l’affaire du choléra en 1854 à Londres et le célèbre médecin John Snow qui en utilisant un système malin cartographique put y mettre fin et l’expliquer. « Ses travaux permirent de démontrer par les sujets atteints, et de convaincre de la pertinence du développement des égouts et d’une refonte du système de distribution d’eau. »
La Partie III rentre dans le vif du sujet scientifique en présentant les principales catégories de contaminants environnementaux, leurs sources et leurs mécanismes d’actions. Par ailleurs, de nombreuses figures accompagnent le lecteur ce qui permet une compréhension fluide des connaissances (exemple figure 34, page 151 : Transfert de contaminants atmosphériques jusqu’à l’organisme humain, met en scène un schéma d’être humain ainsi qu’un système de flèches basé sur l’inhalation et l’ingestion). De plus, cette partie met aussi en évidence le rôle des milieux (« l’air, l’eau, les sols et par là la flore, la faune, puis la chaîne alimentaire. ») sur la santé humaine.
La quatrième partie intitulée « L’héritage du passé » rappelle le contexte des polluants tels que nous les affrontons aujourd’hui, particulièrement depuis l’Industrialisation. Tout au long du livre le lecteur est introduit aux différents questionnements par des citations littéraire. Cette partie débute donc ainsi : « On pourrait appeler Londres la Babylone noire. Lugubre le jour, splendide la nuit. Voir Londres est un saisissement. C’est une rumeur sous une fumée » (Victor Hugo, William Shakespeare, 1864). L’entrée sur ce chapitre est une étude de cas sur Londres, qui en décembre 1952 souffre d’un smog particulièrement intense. Des chiffres précis sont donnés : « Pour la période du 5 décembre au 8 décembre 1952, cet excès est, dans un premier temps, estimé à 4000 décès. (…) Les analyses détaillées réalisées une cinquantaine d’années plus tard montrent que pour l’excès de décès de décembre 1952 à février 1953 est de 12 000 pour l’agglomération londonienne. » Le tout complété par une figure montrant l’« Evolution de la mortalité et de la pollution lors du smog de 1952 ».
La cinquième partie est consacrée aux inquiétudes actuelles notamment en rapport avec de potentiels ou d’avérés polluants récents. En maintenant une vision scientifique, Rémy Slama propose dans cet ouvrage de revenir plus particulièrement sur six d’entre eux :
– Les ondes électromagnétiques
– Les polluants organiques persistants encore autorisés
– Les pesticides non persistants
– Les perturbateurs endocriniens non persistants
– Les polluants de l’alimentation
– Les polluants de l’eau de boisson
Enfin la dernière partie s’intéresse à la gestion des risques sanitaires. Deux pistes sont lancées, la première concerne « les limites » au sein du risques ; à partir de quand les risque est « acceptable » ou ne l’est plus. La seconde piste concerne le principe de précaution : «la question qui empêche l’action publique n’est pas tant de savoir comment agir que de savoir si les connaissances sont suffisamment avancées et solides pour justifier d’agir. » Lors d’une question de santé environnementale, l’auteur dénombre quatre étapes dans sa gestion globale : 1) L’alerte 2) La recherche 3) L’expertise 4) La décision politique.
La qualité d’écriture de cet ouvrage et son véritable intérêt didactique font de ce livre un ouvrage à connaître pour les professeurs nourrissants un intérêt pour cette notion qu’est le Risque (présent dans les programmes de secondaire -5è et 2nde principalement-) ainsi que pour ceux qui ont la volonté de renouveler et d’étendre leurs savoirs à ce propos.