Après un volume sur les pôles et un autre sur l’Afrique, la Cliothèque a reçu cet ouvrage sur le Monde arabe de la collection Encyclopes de chez Milan. Réédition du titre de 2001, ce livre de l’écrivain algérien Mohamed Kacimi a bénéficié d’une collaboration avec l’Institut du Monde Arabe.

La page d’introduction différencie l’emprise territoriale du Maghreb et celle du Machrek et énonce, pour être parfaitement clair sur la question, que tous les habitants du monde arabe ne sont pas arabophones et que tous les Arabes ne sont pas musulmans.

Le cœur de l’ouvrage, composé de 10 chapitres, parcourt nécessairement toute la géographie de ce territoire mais à l’aide d’un plan chronologique allant des cités les plus anciennes aux plus récemment bâties. Cette structuration autour d’une grande ville est surtout un prétexte pratique puisqu’il est difficile de s’y limiter d’autant que des pages thématiques, là encore pas forcément en rapport direct avec les chapitres, viennent s’insérer.

Sanaa, la citadelle originelle focalise sur les souks, les routes commerciales, un intéressant schéma sur la fabrication des briques ainsi que les énigmes de la reine de Saba.

La Mecque évoque nécessairement de la religion, la naissance du Coran et l’apparition du prophète. La photo aérienne de la Kaaba en montre toute l’ampleur. Quant au chameau qu’on savait déjà très sobre, on apprend que ses paupières sont tellement fines qu’il peut avancer les yeux fermés lors des tempêtes de sable.

Vient ensuite Damas, aujourd’hui urbaine et autrefois capitale des Arabes après le départ de Médine. Les pages sur l’art se font plus nombreuses : architecture, tissage et le bien nommé damasquinage

Bagdad prend logiquement le relais. On trouve ici des zooms sur le voile, les progrès des sciences, la naissance de l’écriture, les palmiers-dattiers mais surtout des développements sur les guerres que la photo de nuit page 85 met bien en avant avec les trainées lumineuses des bombardements.

Toujours avec ce thème de la guerre, Beyrouth est ensuite présentée. Jonction Orient/Occident, elle montre aujourd’hui un visage moderne ouvert notamment aux stations de ski. Un inquiétant graphique (p 117) montre les écarts de PIB par habitant dans les pays arabes (rapport de 1 à 100 entre la Somalie et le Qatar). On trouve aussi la recette du houmous.

Ville sainte brassant les croyances, Jérusalem est dépeinte au travers du problème palestinien et ses fractionnements mais aussi ceux liés à l’eau dans la vallée du Jourdain.

Mère du monde selon les Égyptiens, le Caire rappelle les pharaons mais surtout une énorme cité en constant agrandissement. Une belle représentation aérienne permet de se repérer sur la vallée du Nil. On trouve des encarts intéressants sur le cinéma et la littérature jeunesse et on apprend qu’il y aurait, paraît-il, un « humour égyptien ».

Tunis, l’héritière de Carthage montre des travaux de restauration de sa médina, l’ouverture au tourisme, l’évolution de la place de la femme.

Le chapitre sur Alger la blanche revient sur l’époque de la colonisation, focalise sur l’intégrisme (attentats du World Trade Center), les bijoux et leur signification, les oasis, mais aussi l’école (le tableau sur les taux de scolarisation dans le monde arabe est intéressant mais date…de 1997 !).

Rabat termine l’ouvrage notamment sur ses liens avec l’Andalousie. Il est également question de cuisine, d’artisanat, du mariage et de l’immigration. On peut peut-être regretter que, suivant la logique d’étude de capitales administratives, d’autres villes clés comme Casablanca (à peine évoquée) et Marrakech (absente) n’aient pas pu être traitées en tant que telles.

En conclusion se trouve un encart sur le « Printemps arabe » mais seulement d’une demi-page, ce qui fait un peu léger pour une révolution d’une telle ampleur.

On peut peut-être aussi regretter que le nouveau visage des pays du Golfe Arabo-Persique ne soit pas dépeint davantage au delà de la page sur le pétrole qui lui est consacrée.

Ces quelques remarques mises à part, on ne pourra que recommander la lecture de cet ouvrage à l’image des deux autres que nous avons eu l’occasion de parcourir.