Ce manuel a été publié en 2014 par Christophe Picard, professeur d’Histoire médiévale à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne et spécialiste de l’Occident musulman. La question de CAPES/AGREG proposée en 2015, 2016 et 2017 s’intitulait « Gouverner en Islam entre le Xe et le XVe siècle ». Pour la première fois, une question portait sur la civilisation islamique en tant que telle, et non dans le cadre d’une approche comparatiste, et ce manuel faisait partie des ouvrages généraux recommandés aux inscrits. L’éditeur a choisi de réimprimer – et non rééditer – l’ouvrage, ce qui signifie qu’il n’y a pas de différence entre l’impression de 2014 et celle-ci. Pour autant, cette réimpression est justifiée par le développement de l’histoire des mondes musulmans médiévaux, enseignée dans plusieurs universités en France1. Elle témoigne également du vif intérêt soulevé par ce sujet auprès des étudiants.
Cet ouvrage aborde l’histoire du monde musulman du XIe au XVe siècle sur l’ensemble du Dâr al-Islâm (espace conquis par les armées musulmanes) allant des rives de l’Atlantique à celles de l’Amou-Daria en Asie centrale. L’ouvrage ne traite donc pas de la naissance de l’islam ni de la période classique de l’Islam. Christophe Picard choisit de faire débuter ce manuel au XIe siècle qui fut « un tournant de l’histoire2 » marqué par le morcellement du Califat abbasside.
L’ouvrage se divise en dix chapitres qui peuvent être regroupés en deux grandes parties. La première partie (chapitre 2 à 6) développe le sujet par aires chrono-culturelles, alors que la deuxième partie (chapitres 7 à 10) aborde la période par thèmes.
Le premier chapitre présente ce « tournant du XIe siècle » marqué par l’affaiblissement du pouvoir arabe et les nouveaux peuples au pouvoir : Turcs et Mongols à l’est, Berbères à l’ouest.
Le deuxième chapitre aborde l’évolution du pouvoir fâtimide, apparu au Xe siècle en Ifrîqiyâ mais qui rayonne surtout à partir du XIe siècle depuis sa capitale, Le Caire. Il s’agit du premier califat concurrent du califat abbasside. Cette concurrence est politique mais aussi religieuse, puisque le califat fâtimide se réclame de l’ismaélisme, un courant religieux issu du shiisme, face au pouvoir abbasside sunnite. À l’est, la période est marquée par l’émergence des sultans seldjûkides (chapitre 3), d’origine turque, et vassaux des abbassides. Cette dynastie marque durablement le mode de gouvernance et la société musulmane. Les institutions seldjûkides seront ainsi adaptées en Syrie et en Egypte par les Zankides et les Ayyubides, dynasties arrivées au pouvoir dans le contexte des croisades (chapitre 4). Le chapitre 5 s’intéresse aux dynasties orientales entre le XIIIe et le XVe siècle, période qui voit se succéder les invasions mongoles, l’arrivée au pouvoir des Mamelouks puis des Ottomans. Le chapitre 6 traite de l’Occident musulman du XIe au XVe siècle, en développant plus particulièrement les dynasties almohades et almoravides.
Les chapitres suivant abordent différents thèmes en lien avec le monde musulman du XIe au XVe siècle : la société musulmane, l’économie, la vie religieuse et la pensée musulmane (culture et sciences).
Enfin, onze documents permettent d’approfondir les connaissances par des exemples variés comme une lettre d’un marchand juif dans l’océan Indien au début du XIIIe siècle ou le plan de la madrasa du sultan Hasan au Caire (1363), abordant ainsi l’histoire de l’art.
Le glossaire permet aux non-arabisants de se familiariser avec le vocabulaire spécialisé de l’aire culturelle étudiée.
Chaque chapitre comporte une courte bibliographie, et une bibliographie générale est proposée à la fin. Si les ouvrages mentionnés font autorité, on regrettera néanmoins la rareté des travaux récents reflétant l’état actuel de la recherche.
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1 Signalons cette année l’ouverture de deux postes d’Histoire de l’Islam médiéval au concours de Maître de conférence : à Paris X Nanterre et à Montpellier.
2 p. 5.