L’auteur, Vincent Carpentier est archéologue à l’Inrap, spécialiste de l’histoire des campagnes de l’Antiquité et du Moyen Âge. Il a dirigé de nombreuses fouilles en Normandie et dans tout l’ouest de la France. En association avec l’INRAP, les éditions Actes Sud ambitionnent avec cet ouvrage de faire découvrir le Moyen Age aux enfants, mais un Moyen Age «loin des clichés qui en font un âge sombre et barbare, peuplé de brutes, de sorciers, et bâti essentiellement de châteaux et de cathédrales ».

Une collection connue et identifiée

La collection «à petits pas» est connue et rassemble aujourd’hui de nombreux titres. Le livre se présente sous la forme généralement d’une double page par thème, mais certains se développent sur deux. Une table des matières est disponible en fin d’ouvrage, mais il n’y a pas de chapitres en tant que tel. De petits encarts sur fond rouge représentent les apports de l’archéologie . D’autres de la même couleur sont intitulés «kezaco» et sont l’occasion de préciser du vocabulaire. Un quizz de 20 questions termine le livre. Le tour d’horizon est vaste puisque l’on parle des villages, du travail, des châteaux forts ou encore des terroirs et des paysages. La collection a choisi de faire appel à des illustrateurs contemporains dont les propositions sont là pour aérer un peu le texte. Du coup, il n’y a pas de document d’époque, ce qui se révèle un peu décevant.

Les apports de l’archéologie contre les idées reçues

Un des angles du livre est donc de souligner le travail et l’apport des archéologues. On les découvre à l’œuvre au cœur des villes, mais on apprend aussi à connaître le rôle des céramologues ou ce que nous enseigne la palynologie grâce à la tourbe des marais. L’auteur ne parle pas uniquement de son métier et de ses facettes, mais il cherche aussi à corriger des idées reçues. La première à démonter concerne sans doute la périodisation du Moyen Age: le livre débute d’ailleurs en posant cette question. Le petit encart sur la Scandinavie est intéressant et permet de comprendre le fait qu’il faut se méfier de la périodisation. En effet dans ce cas le Moyen age couvre la période 1066-1523.
Parmi les autres thèmes, on peut souligner que le livre aborde la question du climat et de ses variations de façon très claire. On apprend des choses comme au détour d’un késaco avec le sens du mot garenne : il s’agissait d’une réserve de chasse souvent située dans les forêts. L’auteur souligne aussi l’importance des moulins car ils servaient à tout : moudre le grain, écraser des fruits, actionner les soufflets de forge, broyer les écorces.

Un cas emblématique : les châteaux forts

Vincent Charpentier consacre plusieurs pages à ce thème classique. Il souligne comment on passe de la maison forte au grand château fort. Il traite également de la motte féodale puis de l’évolution vers les châteaux d’agrément. C’est l’occasion de nuancer l’idée de vie de château : pas de lavabo, le chauffage est problématique et le confort n’existait pas. Sur un tel sujet, le propos est clair, efficace et sans céder à des images faciles. Leur importance stratégique n’est pas oubliée non plus.

L’ouvrage se conclue sur une vision européenne de la période où on lit notamment que « ce sont les brassages de populations tout autant que l’unification politique et religieuse des états qui vont forger l’Europe d’aujourd’hui ». Changeant une dernière fois d’échelle, le livre resitue le Moyen age dans le monde, sorte d’introduction à la world history pour les enfants.
Par rapport à la tranche d’age ciblée, on peut dire que les enfants de 9 ans peuvent lire le livre sans problème et y glaner des informations surtout s’ils sont en train d’aborder ce thème à l’école. Une réussite donc en à peine 80 pages !

© Jean-Pierre Costille