Miki Kasongo, philosophe d’origine congolaise, propose, dans cet essai, un survol de la question du non-développement de l’Afrique.

Après quelques définitions du vocabulaire utilisé : développement, progrès, ressources, créativité intellectuelle… l’auteur dresse un tableau des ressources du continent ; des grands fleuves au sous-sol en passant par une population diversifiée, des éléments culturels décrits à grands traits.

Les limites aux quelles le continent est confronté sont ensuite déclinées : un défi démographique et éducatif (nécessaire éducation à l’autonomie et à l’esprit critique de toute une génération), Un tableau pessimiste de l’école africaine perçue comme frein au développement malgré les efforts consentis par certains pays L’auteur a développé son analyse dans son livre : Repenser l’école en Afrique entre tradition et Modernité, L’Harmattan, 2013 . L »analyse rapide du chômage structurel et des systèmes de santé bien insuffisants complète le chapitre.

Après la situation présente Miki Kasongo revient sur les causes historiques externes : la traite négrière, la colonisation et ses 3 C : christianisation, commerce, civilisation et la conférence de Berlin sont rapidement abordées ainsi qu’une présentation ciblée de l’action du roi des Belges Léopold II. Cependant le raisonnement est peu étayé On retrouvera son analyse dans L’Africanité: de Hegel à l’océan de l’indifférence, Edilivre.

D’autres causes exogènes sont décrites au chapitre 5 notamment dans le contexte de la décolonisation : la politique interventionniste des grandes puissances, le néocolonialisme économique à l’aide de quelques exemples.

Les relations Chine-Afrique occupent tout un chapitre. Si elles ont permis de rompre le monopole des firmes occidentales, les gains pour le continent sont parfois illusoires. Si cela a permis à l’Afrique d’accéder au marché mondial l’auteur met en garde contre une vision trop optimiste des contrats « gagnants-gagnants ».

Mais les maux de l’Afrique actuelle ont aussi des causes endogènes : l’auteur dénonce le fléau de la corruption dont il montre les mécanismes et la relation avec la sociabilité africaine. Il aborde aussi l’instabilité des textes constitutionnels qui permet à certains leaders de rester au pouvoir et génère des troubles et conflits internes.

Enfin l’auteur pense que l’Afrique propose un cadre institutionnel peu favorable à l’esprit de découverte et aux innovations dans des sociétés où la propriété intellectuelle est peu protégée.

Il conclut sur la responsabilité partagée et propose un changement de paradigme : une collaboration d’égal à égal à l’échelle mondiale.