Au cœur de la diplomatie mondiale dans un roman graphique

Après avoir passé cinq années au Proche-Orient, le journaliste Karim Lebhour devient le correspondant de Radio France Internationale (RFI) aux Nations Unies. Son expérience est retranscrite sous la forme d’un roman graphique, conçu avec avec l’illustratrice Aude Massot, à qui l’on doit les dessins de l’excellent « Robinson à Pékin » paru en 2021 chez Urban Comics.

Le choc culturel est important à son arrivée à New York. La métropole est dynamique, très peuplée et la publicité est omniprésente. L’auteur s’installe dans l’Upper West Side avec sa femme, Niki, qui travaille pour le PNUD (Programme des Nations Unies pour le Développement). Ce quartier situé entre l’Hudson et Central Park est marquée par une rapide gentrification.

Son travail de correspondant pour RFI consiste à écrire des rapports sur les discussions et les décisions prises par l’ONU. Lorsqu’il débarque en 2010 pour sa prise de poste, le siège de l’ONU abrite environ 6000 employés. Un petit bureau, à l’origine occupé par un pigiste, lui sera attribué pour écrire ses articles.

L’un des atouts de ce récit est de mettre en lumière l’expérience de l’auteur par de courts passages plus théoriques. La création de l’ONU et l’adoption de la Charte de San Francisco en 1945 sont par exemple rappelée dès les premières pages.  De savoureuses anecdotes sont également distillées par l’auteur au fur et à mesure des pages. Par exemple, Karim Lebhour rappelle que le siège de l’ONU est considérée comme une entité diplomatique. A ce titre, il n’existe aucun contrôle de la police new yorkaise, laissant ainsi le champ libre pour télécharger des films ! Il rappelle également qu’en 2011, un ministre indien a lu le discours de son homologue portugais à la place du sien pendant une dizaine de minutes.

Jusqu’en 2014, Karim Lebhour assiste à des réunions du Conseil de Sécurité, suit l’évolution du dossier libyen, rend hommage à la disparition de Kim Jong-il dans le livres d’or de l’ambassade nord-coréenne, interviewe le secrétaire général Ban Kim-Moon et assiste à l’avant-première de l’exposition James Turrell dans le musée Guggenheim. On se plaît à suivre l’auteur dans son parcours aussi bien dans son rendez-vous avec le président burkinabé (Blaise Campaoré) que dans l’échec du maintien de la paix par les Casques Bleus en Centrafrique.

De nombreuses planches pourront être mobilisées par les enseignants en classe de troisième ou de terminale : sur le fonctionnement de l’ONU (page 23 à 29), l’utilisation du droit de veto (page 88 à 92), le processus mené par l’ONU pour résoudre un conflit (page 110), le déploiement des casques bleus (page 160 à 163), le « situation center » qui centralise les informations reçus du terrain (page 168 à 172) et l’aide apportée aux pays en développement (pages 188-189).

Finalement, ce roman graphique se révèle être d’une grande simplicité, constamment didactique et porté par de belles planches dans les tons bleus. Un véritable tour du monde de la géopolitique mondiale, marquée par des joies et des échecs, à travers les yeux d’un journaliste. Une lecture notamment conseillée pour les élèves de terminale HGGSP (Histoire, Géographie, Géopolitique, Sciences Politiques) pour traiter le jalon sur l’action de Kofi Annan et les actions de l’ONU.

Pour aller plus loin :

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Antoine BARONNET @ Clionautes