Boris Bove a récemment publié un des volumes de l’histoire de France chez Belin sur la période 1328-1453. Claude Gauvard, professeur émérite d’histoire du Moyen Age, a notamment écrit « La France au Moyen Age du Vème au XVème siècle ».

Cet ouvrage rassemble les conférences d’un cycle organisé en 2012 par le Comité d’Histoire de la Ville de Paris sur le thème de Paris au Moyen Age. Neuf historiens contribuent donc à éclairer l’histoire de la ville. En douze chapitres, voici un tour d’horizon très complet et très illustré sur la capitale qui comptait au XIVème siècle environ 250 000 habitants sur une petite superficie.

Tour d’horizon chronologique

Le premier chapitre propose un tour d’horizon sur le Moyen Age. La ville, et c’est notamment ce qui fait sa force, a accumulé des fonctions qu’elles soient par exemple religieuses ou économiques. A partir du XII ème siècle, on peut être frappé par le rayonnement intellectuel de la ville qui se prolonge au siècle d’après par celui de l’Université. Les auteurs précisent que « le roi investit donc Paris au XIII ème siècle sans toutefois imposer un contrôle total sur la ville, qui est loin d’être unifiée ». Ils proposent aussi un portrait de la société parisienne marquée par la diversité. On peut ainsi dénombrer pas moins de 900 occupations professionnelles différentes avec une forte concentration de clercs. Ils sont peu dans le royaume, mais surreprésentés à Paris. Les inégalités apparaissent car 1 % des gens de l’époque paient 80 % de l’impôt. Ce premier chapitre se clôt sur une chronologie récapitulative de dix siècles d’histoire de Paris.

Paris et les aspects religieux

Cet aspect est notamment abordé  dans les chapitres 2 et 3. Charles Mériaux passe en revue les saints liés à la ville qui n’ont pas tous eu la même postérité. L’article revient aussi sur le rapport entre saints et royauté. Véronique Julerot s’intéresse à la place de l’évêque dans la ville. Elle insiste sur la cathédrale qui «par le biais de ses programmes iconographiques, affiche le symbole de la mission de l’évêque : sauver les âmes de ses brebis ».

Les rapports entre la royauté et Paris

Le chapitre 4 est consacré aux « rois en leur palais de la Cité » et le suivant aux enceintes médiévales. Yann Potin traite ce qu’il appelle le phénomène de capitalité, c’est-à-dire de la genèse de sa fonction de capitale. Le lieu n’était pourtant pas des plus idéaux, car notamment marqué par l’humidité. En 1242, c’est la fondation de la Sainte chapelle qui devient alors le sanctuaire des rois.
Entre le X ème et le XIV ème siècle, trois grands systèmes défensifs urbains furent successivement édifiés. L’enceinte de Philippe Auguste est la plus connue car elle a laissé de profondes empreintes dans la ville. De nombreux croquis et documents permettent de visualiser les enceintes.

Les populations de Paris

On peut regrouper ici les chapitres 6 consacré aux « bourgeois de Paris », le 7 à la question de « la pauvreté et de l’assistance » et enfin le 8 sur « les Parisiennes ». Boris Bove invite à utiliser le terme de bourgeois avec prudence, car son sens s’affine au Moyen Age. La bourgeoisie a de plus en plus conscience de sa spécificité et elle a tendance à prendre le parti du roi contre les modestes citadins. L’article sur la pauvreté montre bien combien la pauvreté n’était, pas à l’époque déjà, qu’une question économique. C’est une notion complexe et relative. Il a existé plusieurs formes d’assistance. A la fin du XIV ème siècle, on peut noter que l’équipement hospitalier est assez complet avec soixante institutions, ce qui est considérable. L’Hôel-Dieu est à la fois un hôpital de son temps et une institution hors du commun. Le chapitre sur les Parisiennes évoque quelques figures comme celle de Christine de Pizan, mais également des moins connues comme les Parisiennes au travail.

Du côté du savoir

Les chapitres 9 et 10 s’intéressent à l’Université. Un extrait du « Livre du Trésor » de Brunetto Latini, montre 21 disciplines. Jacques Verger, au-delà de l’histoire de cette institution, retrace surtout le poids concret de l’université dans la ville. Les maîtres et les étudiants se concentraient sur la rive gauche de la Seine et ils pouvaient représenter environ 3 000 personnes. Même dans ce groupe, il faut garder en tête l’idée de diversité, qu’elle soit géographique ou sociale.

Quels crimes, quelles sanctions ?

Le chapitre 11 est consacré aux « crimes et châtiments » et le 12 aux « insurrections à Paris au temps de la guerre civile entre Armagnacs et Bourguignons ». Claude Gauvard montre que le crime ne se produisait pas uniquement aux marges de la société. De façon très pédagogique elle s’’intéresse d’abord à ceux qui jugent puis aux formes de la criminalité. Les prostituées constituaient une catégorie à part. Elles étaient nombreuses dans la ville et leur séjour était strictement encadré. Il faut sans cesse battre en brêche les idées reçues et c’est pour cela que l’auteure rappelle que les châtiments corporels étaient peu fréquents. Si l’on veut vraiment un exemple qui cadre avec les stéréotypes, on pourra alors signaler celui de Pierre Paris , sorte de multirécidiviste de l’époque. Il reste toujours la possibilité de la grâce royale car le roi peut empiéter sur les justices seigneuriales parisiennes. Le dernier chapitre évoque les insurrections à Paris au temps de la guerre civile.

Fort de nombreuses illustrations et de textes très clairs, cet ouvrage donne à voir et à comprendre Paris au Moyen Age à travers plusieurs grandes thématiques.

© Jean-Pierre Costille pour les Clionautes